Impôts et charges sociales : La France championne d’Europe !

Le taux de prélèvements obligatoires en France approche la barre fatidique des 50% du PIB ! Et si les ménages français sont en moyenne autant imposés que dans l’ensemble des pays européens, cette taxation excessive repose en fait principalement sur les entreprises, à travers une multitude d’impôts et de charges sociales qui plombent leur trésorerie.

Illustration Michel Szlazak.

La France est-elle un enfer fiscal pour les entreprises ? Malgré les diverses réformes menées ces dernières années, notamment les allègement de cotisations sociales sur les bas salaires, ou encore une baisse du taux d’impôt sur les sociétés (IS), il n’en reste pas moins que le constat reste toujours le même : la France est encore aujourd’hui le pays européen où les prélèvements obligatoires (PO) sont les plus importants, et de loin !

Ainsi, selon les dernières données fournies par Eurostat, le taux de prélèvements obligatoires s’est en effet établi à 48% du produit intérieur brut (PIB) l’an passé, soit 6,1 points de plus que la moyenne de la zone euro ! La Belgique se classe deuxième avec un taux de 45,6%, suivie de la Norvège (44,4%), l’Autriche (43,6%) et la Finlande (43,1%) qui complète le top 5. L’Italie est quant à elle à 42,9%, l’Allemagne à 42,1%, et l’Espagne encore plus bas à 38,3%, en dessous donc de la moyenne de la zone euro, située à 41,9%. « On prélève, en France, 125 milliards d’euros de plus que chez nos voisins de la zone euro », résume ainsi l’éditorialiste économique Emmanuel Lechypre. Une surcharge supportée exclusivement par les entreprises françaises.

Les entreprises françaises accablées d’impôts et de charges sociales

C’est en tout cas le constat fait par la fondation IFRAP, organisme d’utilité publique qui analyse depuis plus de 30 ans les performances des dépenses publiques. Ainsi, d’après leurs calculs, l’écart de prélèvements obligatoires entre la France et le reste de la zone euro s’explique exclusivement par le surcroît d’imposition pesant sur les entreprises. Les cotisations à la charge des employeurs expliquent les deux tiers de cet écart, les impôts sur la production l’autre tiers. « Le taux de cotisations sociales à la charge des employeurs a certes diminué de 1 point de PIB mais il demeure un écart de 71 milliards d”euros avec les cotisations employeurs acquittées dans les autres pays de la zone euro. Le poids des taxes indirectes (qui comprennent la TVA, les taxes sur les produits et les impôts sur la production) s’est accru de 0,7 point de PIB, et cela malgré la baisse de la CVAE et de la CFE », analyse ainsi la fondation.

Comment expliquer cette imposition massive en France ?

Cette différence conséquente d’imposition entre la France et les autres pays européens s’explique avant tout par une multitude de taxes et prélèvements en tout genre, qui n’existent parfois seulement qu’en France. Le cas des charges sociales est particulièrement explicite. Car au-delà des cotisations sur la retraite, le chômage ou la santé, dont s’acquittent elles aussi la quasi totalité des entreprises européennes, les employeurs français doivent par ailleurs payer des cotisations sur la solidarité à l’autonomie, l’aide au logement, pour les transport, une taxe sur les salaires… Autant de charges qui cette fois-ci n’existent pas dans la plupart des autres pays européens !

La cotisation foncière des entreprises (CFE) également est une particularité française, et ce d’autant plus que la plupart des entreprises hexagonales doivent s’acquitter en supplément d’une taxe foncière, et ce même lorsqu’elles ne sont pas propriétaire de leur local commercial (une pétition est en ligne depuis plusieurs mois, mais elle n’a a été prise en compte ni par le gouvernement, ni par l’un des partis d’opposition).

Lire aussi : Etes-vous éligible à une exonération de la CFE ?

Un choc fiscal impossible ?

Dans ce contexte, le gouvernement a beau jeu de tancer les chefs d’entreprise à embaucher davantage. Mais il revient aux pouvoirs publics de créer les conditions propices à l’investissement et de mettre en place un véritable choc social et fiscal qui sera à même de créer des emplois. Et ce particulièrement pour les entreprises de proximité, du commerce notamment, qui font face depuis plusieurs mois à une baisse chronique de l’activité, et ne peuvent plus supporter un niveau d’imposition et de charges sociales aussi élevé. « C’est un véritable problème pour les entrepreneurs français, quand on compare ce que l’on paie chaque mois à l’Etat versus ce que l’on rentre en chiffre d’affaires, le compte n’y est pas ! Et le pire c’est que même lorsque l’on arrive tout juste à se verser un revenu, il faut encore payer un montant élevé de cotisations sociales. Je comprends bien que c’est nécessaire de contribuer à l’effort collectif, mais dans de telles proportions c’est à vous décourager de lancer votre entreprise », relatait ainsi dernièrement dans nos colonnes Sonia, gérante d’un salon de coiffure, à Angers.

Un cri d’alarme lancé depuis de nombreuses années, sans qu’aucun politique, tous bords confondus, n’ait pu apporter une véritable réponse concrète. Pire encore, l’imposition des entreprises françaises n’a cessé de s’accentuer ces dernières années en comparaison de nos voisins européens. Et au vu de l’état dégradé de nos finances publiques, la perspective d’un choc fiscal et social de grande ampleur pour nos entreprises relève plus que jamais du mirage… Dont act !

Lire aussi : Chef d’entreprise : Quel revenu se verser pour payer moins de cotisations sociales ?

Restez informés de l’actu pour les commerçants et indépendants :

  Cet article vous a été offert !
Abonnez-vous et soutenez le média qui défend les commerçants indépendants.

Je m’abonne