Ne laissons pas se multiplier les fermetures de commerces !

Avec la crise énergétique qui a suivi de près la crise sanitaire, de plus en plus de commerçants, tous secteurs d’activité confondus, se retrouvent aujourd’hui dans l’obligation de fermer boutique. Le plus souvent dans l’indifférence absolue. Une situation qu’il convient de prendre au sérieux !

faillites France
.

Va-t-on assister à une vague de faillites dans le secteur du commerce en 2023 ? La question peut légitiment se poser, tant le contexte économique, politique ou encore social apparaît défavorable aux acteurs du commerce ces derniers mois. Les chiffres sont d’ailleurs là pour l’attester, les défaillances d’entreprises ont connu un fort rebond en 2022, notamment en fin d’année, et ce sont les commerçants qui ont payé le plus lourd tribu. « Restauration, maçonnerie, boulangerie, coiffure et cafés concentrent 20% des défaillances », constate ainsi le cabinet Altares. Les autres secteurs ne sont pas en reste, avec des défaillances en augmentation de 76,2% dans l’alimentaire, +84,3% pour le sport et loisirs, +87,9% pour les instituts de beauté, ou encore +70,2% dans le commerce d’habillement.

A cela s’ajoute les radiations directes d’entreprises, qui n’ont cessé d’augmenter depuis 2021. 322 000 radiations ont ainsi été enregistrées en 2021 et 360 000 en 2022, contre 187 000 en 2019, selon le Conseil national des greffiers. Parmi eux, nombre de commerçants indépendants qui, après des heures de travail et de sacrifices personnels et familiaux pour pouvoir poursuivre tant bien que mal leur activité, se résignent finalement à arrêter, à contrecœur le plus souvent. A l’image de ce récit que nous avons publié le mois dernier, provenant de Laura Haitayan, une jeune commerçante de 24 ans, qui a repris il y a 3 ans une épicerie à Marseille, et doit aujourd’hui « se séparer de son rêve », selon ses propres termes.

Lire aussi : Taxe foncière : la plus forte augmentation depuis 30 ans touche de plein fouet les commerçants

Chaque semaine, des témoignages du même acabit sont partagés dans le Groupe d’entraide et de réflexion des commerçants indépendants (26 000 membres). Des entreprises qui disparaissent dans l’immense majorité des cas dans l’indifférence la plus totale, si ce n’est les alertes lancées par les fédérations du commerce, qui tentent tant bien que mal de sensibiliser la sphère médiatique et les pouvoirs publics sur ce phénomène grandissant. Le plus souvent en vain. Même les difficultés successives éprouvées par des grandes enseignes historiques de la mode (Camaïeu, San Marina, André, Burton..) n’ont suscité que peu de réactions. « S’il s’agissait d’industries ou d’usines, les réactions et mobilisations seraient bien différentes notamment du côté des pouvoirs publics », ne se prive d’ailleurs pas de dénoncer Procos, la fédération du commerce spécialisé.

La nécessité d’agir !

Dans ce contexte, une prise de conscience à tous les étages est aujourd’hui indispensable si l’on veut préserver le tissu commercial dans notre pays. Tous ont un rôle à jouer à leur manière. Les pouvoirs publics en premier lieu, qui pourraient par exemple instaurer une fiscalité avantageuse et réduire les charges pour les entreprises du commerce de proximité, ou encore encadrer la politique de prix des grandes enseignes et géants d’internet, plutôt que de décorer en catimini Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, de la légion d’honneur. Sans compter les banques et assureurs de crédit, qui n’assument plus véritablement leur rôle de financement des investissements.

Lire aussi : La formation, un moyen efficace pour booster l’activité de votre commerce !

Les propriétaires de locaux commerciaux également ont une responsabilité aujourd’hui et devraient en toute logique limiter la hausse des loyers, qui pèsent de plus en plus sur la trésorerie des entreprises. D’autant que ces loyers sont la plupart du temps assortis du paiement de la taxe foncière ! Au nom de quel principe d’équité fiscale, le propriétaire d’un local commercial peut-il faire supporter le paiement de l’impôt foncier par son locataire commerçant ? D’autant que le commerçant paie déjà la cotisation foncière des entreprise (CFE), pourquoi le contraindre en plus à payer l’impôt foncier de son propriétaire ? Une injustice que nous avons dénoncée à plusieurs reprises chez l’echommerces, notamment en interpellant deux ministres et tous les groupes parlementaires. Là encore et malgré la pétition qui a rassemblée plusieurs milliers de commerçants et bien que plusieurs syndicats professionnels se soient mobilisés, rien ne bouge…

Enfin n’oublions pas non plus les consommateurs, chaque geste du quotidien compte, plus que jamais, les commerçants de proximité ont besoin du soutien de leur clientèle. Il est temps de passer un peu moins de temps sur les réseaux dit sociaux, pour retrouver une authentique vie sociale. Chez son coiffeur, en allant faire ses courses et son shopping chez des indépendants qui pratiquent des marges et des conseils honnêtes, à la terrasse d’un bistro, avant de se rendre au marché. En plus des économies réalisées, les marchés restent – même avec les soi-disant paniers anti-inflation – moins chers que les grandes surfaces. D’autant que « faire son marché » permet également d’offrir des débouchés aux producteurs locaux.

Lire aussi : Les 10 revendications des commerçants pour relancer l‘activité !

Un appel à la prise de conscience relayé également par Procos. « Ne l’oublions pas, la consommation reste l’un des moteurs vitaux de l’économie française. Il faut agir. Laisser la vacance commerciale se développer représenterait un danger « mortel » pour de nombreuses rues commerçantes et lieux de commerce, situations auxquelles il sera difficile de remédier par la suite. Ne commettons pas les erreurs faites lors de la désindustrialisation. Ne prenons pas de retard dans la transformation du commerce pour ne pas augmenter le nombre d’acteurs fragilisés demain ».

Les défaillances actuelles ne doivent pas être banalisées, les difficultés de trésorerie et l’écrasement des marges ne peuvent être sous-estimés. Si les commerçants ont bien entendu leur part de responsabilité, et la nécessité d’opérer une certaine transformation de leur manière de travailler pour continuer à attirer une clientèle, dans un univers commercial en pleine transformation, la prise de conscience doit être plus globale. Il n’est jamais trop tard pour agir.

La rédaction de lechommerces.fr

Restez informés de l’actu pour les commerçants et indépendants :

  Cet article vous a été offert !
Abonnez-vous et soutenez le média qui défend les commerçants indépendants.

Je m’abonne