Les commerçants de plus en plus seuls face à la crise

Malgré une fréquentation en baisse continue, dans les centres-villes, les centres commerciaux et zones commerciales, Bercy refuse toujours de renouveler les dispositifs d’aide pour les commerçants. Le début des soldes d’hiver, ce mercredi 12 janvier, va-t-il changer la donne ?

rue commerçante

Si la déferlante du variant Omicron pèse de plus en plus sur les services de réanimation des hôpitaux, dans les rues commerçantes des centres-villes et centres commerciaux, les clients se font eux aussi, en toute logique, de plus plus rares. « On est reparti sur les mêmes bases qu’au mois de décembre dernier, l’activité tourne au ralenti, malheureusement on commence à s’y habituer », constate Fabrice, gérant d’une boutique de prêt-à-porter, à Toulouse. Même son de cloche du côté d’Angers, où Corinne, à la tête d’un salon de coiffure, ne cache plus son désarroi. « On nous répète en boucle que la croissance est repartie, que le variant ne va pas affecter l’économie, mais pour nous la crise est toujours là. Et on ne va pas pouvoir tenir éternellement comme ça ! », s’inquiète-t-elle.

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« Entre les malades, les cas contacts, les cas contacts de cas contacts, le télétravail, le protocole sanitaire dans les écoles qui rend la vie impossible aux parents, le passe vaccinal … tous les éléments sont réunis pour restreindre la consommation », poursuit-elle. Les témoignages se suivent et se ressemblent, dans les métropoles comme dans les villes de plus petites tailles, une grande majorité de commerçants font état d’un ralentissement continue de l’activité, et qui ne cesse de s’aggraver au fur et à mesure que progresse l’épidémie. Les chiffres sont aussi là pour le montrer : « tous les centres commerciaux, les grandes rues marchandes situées à proximité de lieux à forte concentration de bureaux, ainsi que les gares des grandes villes sont très fortement touchés, avec une fréquentation en baisse de -30 à -40% », alarme Procos, la fédération du commerce spécialisé.

Bruno Le Maire refuse de prolonger le “quoi qu’il en coûte”

Malgré ce contexte pour le moins incertain et sur lequel les commerçants ne peuvent agir, le gouvernement rechigne toujours à renouveler le “quoi qu’il en coûte”, qui a pourtant montré son efficacité. Seules les entreprises des secteurs S1 et S1 Bis peuvent aujourd’hui de nouveau solliciter la prise en charge de leurs coûts fixes et de l’activité partielle, mais dans des conditions là encore assez restrictives. « Si on ne perd pas plus de 50% de chiffre d’affaires par rapport à 2019, on a le droit à rien, témoigne ainsi Mélanie, gérante d’un bar/restaurant à Biarritz. Le problème c’est que beaucoup d’entre nous sommes à -30%, -40%, je ne sais pas si nos dirigeants s’en rendent compte mais à ce stade là c’est déjà énorme, et ça met en péril la poursuite de notre activité ».

Face à cette situation intenable, les organisations patronales ont adressé la semaine dernière un courrier au ministère de l’économie afin de solliciter un abaissement des seuils pour percevoir les aides. Une demande balayée par le gouvernement à ce stade. Les autres secteurs du commerce, eux aussi très impactés par la baisse d’activité, n’ont quant à eux droit à plus aucun dispositifs de soutien, ou presque (pour en savoir plus, voir notre article : Quelles sont les aides aux entreprises prolongées en 2022 ?). « Je suis responsable de l’argent des Français, ce n’est pas le mien ! Donc je ne peux pas le distribuer comme ça, sans vérifier que les gens en ont réellement besoin. Ceux qui en ont besoin l’auront, mais je ne veux pas le distribuer à la cantonade comme si c’était mon propre argent », s’est récemment défendu Bruno Le Maire sur le plateau de LCI, faisant ainsi fi des difficultés que rencontrent les commerçants.

Les soldes peuvent-ils changer la donne ?

Livrés à eux-mêmes, les acteurs du commerce entament donc cette période de soldes, qui débute ce mercredi 12 janvier, avec beaucoup d’incertitudes. « On espère que ça donnera une raison aux clients de venir faire leur shopping en ville, de dépenser de nouveau, mais soyons réalistes, on sait déjà que ça va être difficile », commente Sandra, gérante d’une boutique de prêt-à-porter femme, à Marseille. « Ca fait déjà des années que les soldes ont perdu de leur attrait, ce n’est pas aujourd’hui avec le contexte actuel que ça va changer, anticipe de son côté Medhi, dirigeant d’un concept store à Tours. Les clients préfèrent de plus en plus acheter sur le net, je le constate moi-même pour mon commerce, mes ventes en ligne décollent, alors que celles en magasin patinent. Alors oui cela nécessite d’investir, de se former, mais de toute façon on n’a pas le choix, c’est l’avenir de notre métier ».

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Un constat tranché, mais qui a le mérite de s’appuyer sur des chiffres concrets. En 2021, le e-commerce a de nouveau connu une progression à deux chiffres, et tous les feux sont au vert pour qu’il en soit de même en 2022. De quoi redonner un peu d’espoir et des perspectives de diversification pour les commerçants dans ce contexte si difficile, qui lui aussi est amené à durer pour un temps toujours indéfini…

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