Commerces de centre-ville : Quelles sont les attentes des Français ?

Quelles sont les raisons qui poussent les Français à faire leurs achats dans les commerces de centre-ville ? Quels freins peuvent les inciter à privilégier les zones périphériques ou la vente en ligne ? Quels sont les commerces les plus fréquentés ?

Une vaste étude, menée par Appinio pour le magazine LSA, s’est penchée sur les attentes des Français concernant la vie commerçante en centre-ville. Découvrez les résultats.

attentes des français commerce centre-ville
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Les Français sont attachés à la vie commerçante en centre-ville. Ils sont en effet quasi unanimes pour dire que les commerces de centre-ville sont essentiels à la vie de quartier, qu’ils sont vecteurs de lien social et simplifient la vie quotidienne. Pourtant, malgré ce fort attachement, de plus en plus de Français craignent aussi pour l’avenir des commerces de centre-ville, et expriment ainsi différentes attentes pour relancer la vie commerçante de leur quartier.

Quelles sont ces attentes, que ce soit en terme de mobilité urbaine, ou d’offre commerciale en centre-ville ? Et plus généralement quel regard portent les Français sur les commerces de centre-ville ? Appinio, spécialiste des études de marché et enquêtes d’opinion, vient de dévoiler les résultats d’une étude, réalisée pour le magazine LSA, sur les Français et la vie commerçante en centre-ville.

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Les commerces de centres-villes toujours plébiscités par les Français

Premier enseignement de cette étude, les Français sont toujours très attachés aux commerces de centre-ville, et continuent de les fréquenter régulièrement. Près des trois quarts des Français (73%) indiquent ainsi faire des achats dans les commerces de leur centre-ville au moins une fois par semaine, et même plusieurs fois par semaine pour près de la moitié d’entre eux (43%). « Si on observe la fréquentation des commerces de centre-ville selon la taille d’agglomération, on constate une fréquence plus soutenue dans les villes de taille moyenne (entre 20 000 et 100 000 habitants ou agglomération parisienne) et les grandes villes (plus de 100 000 habitants), avec respectivement 47% et 45% de fréquentation plusieurs fois par semaine, contre 37% pour les petites villes et zones rurales », précise Appinio dans son étude.

Autre enseignement notable, les Français fréquentent davantage les commerces de centre-ville en semaine (42%) que le week-end (24%), et indifféremment pour un tiers d’entre eux (34%). Une tendance particulièrement marquée chez les seniors, qui privilégient nettement les jours de la semaine (à 66%), au week-end (4%), pour faire leurs achats en centre-ville.

Ce sont les 18-24 ans qui fréquentent les commerces de centre-ville le plus souvent, avec plus d’un jeune sur deux (55%) qui déclare s’y rendre plusieurs fois par semaine pour faire des achats.

L’inflation pénalise les commerces de centre-ville

Si les Français fréquentent les commerces en centre-ville, c’est avant tout par praticité (54%), mais c’est aussi l’occasion pour eux de se balader (44%), ainsi qu’une source de contact humain (43%). Plus d’un tiers (39%) évoquent également le soutien à l’économie locale, quand pour plus d’un quart (27%) c’est la relation avec les commerçants qui les poussent à fréquenter ces commerces. Preuve en est du fort lien social que représentent les commerçants de quartier pour nombre de Français !

Néanmoins, dans un contexte d’inflation soutenue depuis 2022, de plus en plus de clients ont été contrait de réduire leurs dépenses au sein des commerces de centre-ville, privilégiant pour certains les boutiques des zones commerciales périphériques, mais aussi les pures players sur le web. Et pour cause, toujours selon les résultats de l’étude d’Appinio, près des deux tiers des Français (62%) estiment que les prix pratiqués dans les commerces en centre-ville sont excessifs.

Parmi les facteurs qui limitent la fréquentation des centres-villes, le prix arrive en première position (à 59%), devant les difficultés d’accès (41%) et le manque d’offres commerciales (35%).

Le stationnement, une vraie problématique en centre-ville

Outre les prix considérés par certains comme trop élevés dans les commerces de centre-ville, la deuxième raison pénalisant la fréquentation des centres-villes marchands concerne la problématique du stationnement. Ainsi, 43% des Français indiquent qu’une meilleure accessibilité ou facilité de stationnement les inciterait à se rendre davantage en centre-ville pour faire leurs achats. Une demande qui va dans le sens des attentes des commerçants, qui revendiquent eux aussi depuis de nombreuses années de cesser les politiques publiques anti voiture (voir à ce propos : Les 10 solutions des commerçants pour relancer l’attractivité des centres-villes).

« Néanmoins, la majorité des Français (67%) se dit plutôt pour l’interdiction de circuler en voiture dans le centre-ville le week-end (même ceux qui utilisent généralement ce moyen de transport, à 59%). Ils sont également en faveur des restrictions de circulation pour les véhicules les plus polluants (identifiés par les vignettes Crit’Air), initiative soutenue par plus des deux tiers des Français (68%) », précise plus loin l’étude d’Appinio. Et de montrer ainsi l’incohérence de nombre de Français sur cette problématique d’accessibilité des centres-villes en voiture…

Certaines communes interdisent la circulation des voitures en centre-ville le week-end afin de faciliter la déambulation des piétons. Êtes-vous pour ou contre cette initiative ?

voiture centre-ville
Si 43% des Français affirment qu’une meilleure facilité de stationnement les inciterait à se rendre davantage en centre-ville, ils sont en revanche une majorité à vouloir limiter la circulation des voitures en centre-ville les week-end…

Plus de flexibilité et d’offres commerciales en centre-ville

En troisième position des facteurs limitant leur venue dans les commerces de centre-ville, les Français pointent une offre commerciale qui pourrait être plus variée. De même, plus des deux tiers d’entre eux (71%) aimeraient avoir accès en centre-ville à de grandes enseignes, telles qu’Ikea, Leroy Merlin ou encore Decathlon (et plus particulièrement dans les villes de plus de 100 000 habitants, à 74%). « On constate cependant que l’intérêt décroit à mesure que l’âge augmente (84% des 18-24 ans, versus 55% des plus de 65 ans) », précise Appinio dans son étude.

Plus d’un Français sur deux (52%) estiment avoir une relation privilégiée avec un ou des commerçants de son quartier.

Enfin, près d’un quart (23%) des Français pointent du doigt des horaires contraignantes ou non adaptés dans les commerces de centre-ville. « Ainsi, ils sont plus d’un tiers (38%) à indiquer une ouverture le dimanche parmi les principaux facteurs susceptibles d’augmenter leur fréquentation, et plus d’un quart une nocturne (27%) », peut-on lire dans l’étude d’Appinio.

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Quels sont les commerces les plus visités par les Français ?

Dans la deuxième partie de son étude, Appinio s’attarde cette fois-ci sur les commerces les plus visités par les Français en centre-ville, et à l’inverse ceux dans lesquels ils se rendent le moins souvent, en distinguant les commerces alimentaires des commerces non alimentaires. Des données intéressantes, même s’il convient de noter que la fréquence de visite d’un commerce ne détermine pas forcément son utilité au sein d’un centre-ville marchand.

Du côté des commerces alimentaires, le haut du classement est ainsi dominé sans surprise par la boulangerie-pâtisserie, devant le supermarché et la boucherie charcuterie. L’épicerie et le primeur complète ce Top 5. Du côté des commerces non alimentaires, la première place est occupée, là aussi sans surprise, par la pharmacie, devant les maisons de la presse, et les magasins de vêtements, chaussures ou accessoires. Les boutiques de parfumerie/esthétique arrivent en quatrième position, juste devant les magasins d’optique.

En centre-ville, qu’est-ce qui peut vous donner envie de découvrir un nouveau commerce ? (réponse à choix multiples)

  • La curiosité (57%)
  • Le bouche-à-oreille / Les recommandations de proches (51%)
  • L’attractivité de la vitrine (46%)
  • Nouveau type de commerce qui n’était pas présent auparavant (46%)
  • La mise en avant de promotions (42%)
  • Les avis clients en ligne (17%)

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Que pensent les Français des magasins autonomes ?

Dernier point de l’étude d’Appinio, le ressenti des Français sur l’implantation de magasins autonomes en centre-ville, une tendance qui s’installe de plus en plus, notamment outre atlantique. Et qui visiblement divise les Français, puisque plus d’un tiers d’entre eux (37%) sont plutôt favorables à l’implantation de magasins autonomes en centre-ville, quand 41% considèrent qu’ils n’y ont pas leur place, et 22% n’ont pas encore d’avis tranché sur la question. A noter que l’on constate sur ce sujet une divergence flagrante d’opinion entre les générations, plus les répondants avancent en âge et plus ils y sont opposés :

Etes-vous favorable à l’implantation de magasins autonomes dans les centres-villes français ?

  • 18-24 ans : 58% pour vs 22% contre.
  • 25-34 ans : 50% pour vs 30% contre.
  • 35-44 ans : 41% pour vs 37 % contre.
  • 45-54 ans : 35% pour vs 38 % contre.
  • 55-65 ans : 27% pour vs 49 % contre.
  • Plus de 65 ans : 24% pour vs 53 % contre.

« Lorsqu’on demande aux répondants pourquoi ils pensent que les magasins autonomes n’ont pas leur place en centre-ville, ils invoquent en priorité l’importance du lien social, la relation client, la préservation des emplois et la déshumanisation », décrypte Appinio dans son étude.

magasin autonome avis français
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Si la question des magasins autonomes divise, les résultats de l’étude montrent en revanche qu’ils sont plus intéressés par des services « phygitaux » et notamment de click&collect, comme les drive piéton (75%) ou les casiers de retrait de commande web (73%). Une carte à jouer pour les commerçants, et particulièrement les indépendants qui ne souhaitent pas franchir le pas du e-commerce.

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