Législatives 2024 : Les programmes économiques décryptés

Pouvoir d’achat, énergie, retraite, fiscalité… Les principaux partis politiques ont dévoilé leurs premières propositions économiques pour la France.

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Dimanche 30 juin, les Français sont appelés à se rendre aux urnes pour élire les députés qui composeront la nouvelle Assemblée Nationale. L’occasion de faire un point sur les mesures économiques défendues par les principales formations politiques.

Front Populaire

La gauche a dévoilé le 14 juin son programme commun sous la bannière du « Nouveau Front populaire » (NFP). Voici les principaux points à retenir.

Pouvoir d’achat

Parmi les mesures phares de son programme économique, une augmentation de 200 euros du SMIC mensuel, qui passerait ainsi de 1 400 euros à 1 600 euros net. Toujours sur le plan des salaires, le programme prévoit une hausse de 10% du point d’indice des fonctionnaires. L’alliance s’engage également à « bloquer les prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants par décret ». Le programme de la gauche propose aussi d’annuler la hausse programmée du prix du gaz le 1er juillet. Ces mesures seraient instaurées immédiatement, avant une « grande loi pour le pouvoir d’achat », qui comporterait notamment l’indexation des salaires sur l’inflation. Les allocations logement seraient quant à elle revalorisées de 10%.

Logement

Sur l’aspect du logement justement, le Front populaire se positionne pour l’abrogation de la loi Kasbarian (“anti-squat”) et l’interdiction des expulsions locatives pour impayés sans proposition de relogement. Le programme propose également la mise en place de l’encadrement des loyers dans les zones tendues ainsi que des prix du foncier. Le programme prévoit également d’instaurer une garantie universelle des loyers pour sécuriser propriétaires et locataires. Enfin, les candidats du Front populaire souhaitent rendre accessible le prêt à taux zéro à tous les ménages primo-accédants, quelle que soit la zone géographique et sans distinction entre neuf et ancien

Retraite

Concernant la retraite, le contrat de législature réaffirme « l’objectif commun » du « droit à la retraite à 60 ans », souhaitant « abroger immédiatement par un décret d’application la réforme d’Emmanuel Macron passant l’âge de départ à la retraite à 64 ans ». Il propose également « l’indexation du montant des retraites sur les salaires ».

Chômage

Les différents partis du Front populaire se sont positionnés contre la réforme de l’assurance chômage, que le gouvernement envisage de faire passer dans les jours à venir. En cas de victoire au soir du 7 juillet, ils s’engagent à l’annulation de la réforme.

Fiscalité

Pour financer son programme, le Front populaire propose d’accroître la progressivité de l’impôt sur le revenu jusqu’à quatorze tranches, contre cinq aujourd’hui. Dans cette nouvelle configuration, les revenus supérieurs à 411.683 euros seraient taxés à 90% ! La coalition veut également rétablir un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) « renforcé avec un volet climatique » et supprimer des niches fiscales « inefficaces » et « injustes ». L’alliance des gauches veut également supprimer le prélèvement forfaitaire unique (PFU), appelé également « flat tax », qui se chiffre à à 30% sur les revenus du capital, et notamment sur les dividendes. Sur la question de l’héritage, ils proposent de réformer la fiscalité des successions par plus de progressivité et « instaurer un héritage maximum », qui serait aux alentours des 12 millions d’euros.

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Le programme propose également une « taxation renforcée des transactions financières » et de « soumettre à cotisation sociales les dividendes, la participation, l’épargne salariale, les rachats d’action, les heures supplémentaires », en plus de « créer une surcotisation sur les hauts salaires ». D’après plusieurs analystes, les hausses d’impôts que compte adopter immédiatement le Front populaire se chiffreraient au moins à 50 milliards d’euros… par an !

Renaissance

Invité dernièrement au journal de 20 heures de France 2, Gabriel Attal a détaillé les mesures que le camp présidentiel compte mettre en place en cas de victoire au soir du 7 juillet.

Pouvoir d’achat

Parmi les annonces phares, l’augmentation du plafond de la prime de partage de valeur ajoutée que les employeurs peuvent verser à leurs salariés, nette d’impôts et de charges sociales. « Pour continuer à rémunérer le travail, nous permettrons aux entreprises d’augmenter jusqu’à 10.000 euros par an, sans charge ni impôt, le montant de la prime de pouvoir d’achat qu’elles ont versé l’an passé à 6 millions de salariés », a expliqué le Premier ministre. Autre mesure notable, le chef du gouvernement a annoncé une baisse des factures d’électricité de 15% « dès l’hiver prochain », ce qui représentera, pour chaque Français, « 200 euros de moins » sur leur facture, « grâce à la réforme du marché européen de l’électricité que nous avons obtenue ». Sur le plan de la santé enfin, Gabriel Attal a expliqué travailler à la mise en place d’une complémentaire santé “publique” à 1 euro par jour, pour ceux qui ne sont pas couverts par une mutuelle.

Logement

Coté logement, le Premier ministre a promis d’exonérer de frais de notaire, jusqu’à 250 000 euros, les primo-accédants à la propriété.

Retraite

Pour le parti présidentiel, plus question de relancer un débat sur les retraites d’ici à 2027.

Chômage

En revanche, Gabriel Attal a affirmé qu’un décret serait « pris d’ici au 1er juillet », soit entre les deux tours de ces élections législatives, pour mettre en place la réforme de l’assurance-chômage. Cette réforme prévoit notamment de réduire la durée d’indemnisation des chomeurs, mais également de durcir significativement les conditions d’accès à l’indemnisation.

Fiscalité

Enfin sur le plan de la fiscalité, Renaissance refuse pour le moment toute hausse d’impôts, préférant une baisse des dépenses publiques. Néanmoins, le Premier ministre a tout de même annoncé son souhait de créer à terme une taxe sur les rachats d’actions, afin de financer un « fonds de rénovation énergétique » pour les classes « moyennes et populaires ». Ce fonds doit permettre de rénover 300 000 logements supplémentaires d’ici à 2027. L’exécutif actuel s’est enfin engagé à procéder à des coupes budgétaires à hauteur de 10 milliards d’euros dans le prochain budget de l’Etat, en plus des 10 milliards d’euros de crédits déjà annulés en février.

Les Républicains

Chez les républicains, le parti est scindé en deux, après l’annonce de son Président, Eric Ciotti, d’une alliance avec le Rassemblement National. Dans ce climat tendu, quelques propositions sont tout de même parvenues.

Pouvoir d’achat

Pour le pouvoir d’achat des Français tout d’abord, le parti propose une augmentation des salaires en réduisant les cotisations sociales pour les salariés qui perçoivent une rémunération inférieure à trois fois le SMIC (soit 4 200 euros net). Concernant les prix de l’énergie en revanche, aucune proposition n’est encore parvenue. Une partie des Républicains s’est prononcée dernièrement en faveur d’une baisse des taxes sur l’électricité, mais cette position n’est pas partagée par tous, même à l’heure actuelle.

Logement

Concernant le logement, le programme est plus étoffé, avec en premier lieu la volonté de supprimer l’interdiction de mise en location des logements classés comme passoires thermiques d’ici à 2028. Le parti souhaite également instaurer la déductibilité des intérêts d’emprunt pour l’achat de la résidence principale. LR milite également pour l’autorisation d’une donation supplémentaire de 100 000€ exonérée d’impôt par enfant ou petit-enfant, dans le cas de l’achat d’une résidence principale ou pour financer la rénovation thermique d’un logement. Enfin, le parti milite de longue date pour une simplifications des baux de location, ainsi que pour une procédure d’expulsion accélérée en cas d’impayés de loyer.

Retraite

A l’instar de Renaissance, Les Républicains n’envisagent pas de rouvrir le débat sur les retraites, s’en tenant ainsi à la réforme actuelle.

Chômage

Le chef de groupe LR à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, a dernièrement qualifié « d’enfumage » pour combler le déficit public, la réforme de l’assurance-chômage proposé par Renaissance. Même si dans les faits, les positions des deux partis sur cette réforme sont similaires.

Fiscalité

Le dernier programme des Républicains pour les élections européennes de 2024 met en avant la nécessité de « baisser les impôts de production et les cotisations sociales » qui pèsent sur les entreprises. En contrepartie, ils proposent une baisse de « 25 milliards d’euros des dépenses publiques », ainsi qu’une réduction du nombre de fonctionnaires.

Rassemblement National

Arrivé en tête des dernières élections européennes, le Rassemblement National conduit par Jordan Bardella fait aujourd’hui figure de favori pour ces élections législatives 2024. Voici les principaux points à retenir de son programme.

Pouvoir d’achat

La question du pouvoir d’achat figure en tête des mesures du RN, qui propose de « baisser les factures d’électricité » et de « réduire la TVA sur le gaz, le fioul et les carburants », qui passerait de 20% à 5,5%. Jordan Bardella promet également d’annuler la hausse du prix du gaz prévue au 1er juillet. Il renvoie en revanche la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité à « un second temps ». Sur le plan des salaires, le RN maintient sa proposition de 2022 d’exonérer de cotisations patronales toute hausse de salaire de 10% accordée à l’ensemble des salariés gagnant jusqu’à trois fois le SMIC.

Logement

Sur l’aspect logement, le RN s’engage en premier lieu à construire 100 000 nouveaux logements par an, dont 20 000 en faveur des étudiants et des jeunes travailleurs. Il souhaite également lancer un plan de réhabilitation des logements anciens, et sécuriser les bailleurs grâce à la mise en place d’un fonds de garantie des loyers.

Retraite

La réforme des retraites, portant l’âge légal de départ à 64 ans, sera abrogée à l’automne en cas de victoire du Rassemblement National aux législatives. Pour justifier ce délai de quelques mois, le député RN sortant de la Somme, Philippe Tanguy a affirmé qu’« aucun gouvernement ne peut arriver en place en plein pendant les JO et abroger une réforme en mettant la pagaille dans l’administration ».

Dans le détail, le RN défend « la réforme qui avait été proposée par Marine Le Pen, à savoir que les personnes qui ont commencé à travailler tôt, avant 20 ans, sous réserve d’un certain nombre de trimestres évidemment, pourront partir avant 60 ans », a précisé Philippe Tanguy. Ceux qui ont commencé leur carrière après 20 ans pourront, eux, partir en retraite « entre 60 et 62 ans selon les annuités réalisées ». Mais « si vous n’avez pas cotisé suffisamment ce sera toujours 65 ans », a conclut le député sortant.

Chômage

A l’instar des autres formations politiques, les députés du RN se sont aussi positionnés contre la réforme de l’assurance chômage, que le gouvernement envisage de faire passer dans les jours à venir.

Fiscalité

Enfin sur le plan fiscal, le RN s’est également engagé à ne pas augmenter les impôts qui pèsent sur les entreprises, mais aussi les particuliers. A l’inverse, le parti d’extrême droite veut exonérer les donations des parents et grands-parents à leurs enfants et petits-enfants jusqu’à 100 000€ par enfant tous les 10 ans, au lieux de 15 ans actuellement. De même, il souhaite supprimer l’impôt sur l’héritage direct pour les familles modestes et les classes moyennes. Côté recettes, Jordan Bardella propose tout de même de supprimer certaines « niches fiscales », notamment celles sur les armateurs, et abaisser de 2 milliards d’euros la contribution de la France au budget de l’Union européenne.

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Reconquête

Porté par Marion Maréchal Le Pen lors des dernières élections européennes, Reconquête n’est pas parvenu à réaliser une alliance avec le Rassemblement National. Leurs programmes économiques sont pourtant assez similaires, même si certaines divergences subsistent.

Pouvoir d’achat

Les mesures de Reconquête pour le pouvoir d’achat des Français se concentrent essentiellement sur les travailleurs du pays. Parmi les mesures phares, le parti dirigé par Eric Zemmour reprend ainsi l’idée du “travailler plus pour gagner plus”, avec une exonération totale d’impôts et de charges sociales des heures supplémentaires. 

Logement

Le parti fondé par le polémiste Éric Zemmour axe sa politique du logement en faveur de l’accès à la propriété, avec plusieurs mesures à la clé. A l’instar de la toute récente proposition de Gabriel Attal, Reconquête veut aussi instaurer une exonération des frais de notaire pour l’achat d’un premier logement dont le montant est inférieur à 250 000€. Le parti souhaite également mettre en place une réduction d’impôt sur le revenu des intérêts d’emprunt liés à l’achat de la résidence principale pour les primo-accédants, à hauteur de 50% pendant 5 ans. Lors de la revente, le parti d’extrême droite veut réduire de 30 à 15 ans la durée de détention permettant une exonération totale d’impôts et de prélèvement sociaux sur la plus-value. Reconquête veut enfin assouplir les normes en vigueur afin de relancer la construction de logements.

Retraite

A plusieurs reprises, les cadres de Reconquête ont souligné les similitudes de la dernière réforme des retraites du gouvernement avec celle du programme d’Éric Zemmour durant la campagne présidentielle de 2022. A l’instar de Renaissance et des Républicains, Reconquête ne devrait pas rouvrir le débat sur les retraites, s’en tenant ainsi à la réforme actuelle. Reste à voir maintenant s’ils ne changeront pas leur position en cas de victoire du Rassemblement National au soir du 7 juillet 2024.

Chômage

Concernant la réforme de l’assurance chômage portée par le gouvernement, Reconquête devrait également se ranger derrière l’avis du Rassemblement National, qui se positionne pour supprimer le texte en cas de victoire au soir du 7 juillet.

Fiscalité

Enfin sur le plan fiscal, Reconquête maintient sa ligne très libérale, avec en priorité une baisse massive des impôts et charges sociales qui pèsent sur les entreprises. Ainsi il compte réduire de 30 milliards d’euros les impôts de production (le gouvernement actuel les a diminués de 10 milliards) sur un total de 70 milliards d’euros par an de recettes fiscales. Le parti d’extrême droite veut aussi baisser la fiscalité des ménages, et notamment en diminuant la CSG sur les bas salaires inférieurs à 2000 euros par mois (taux à 2,5% au lieu de 9%), ce qui représenterait un gain de salaire de plus de 100 euros par mois. Autre mesure phare, Reconquête souhaite doubler le plafond du quotient familial, qui permet de payer moins d’impôt en fonction du nombre d’enfants 

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En conclusion, rappelons qu’en politique plus qu’ailleurs, les promesses n’engagent que ceux qui les croient…. D’autant que depuis le début de cette campagne législative, les positions de nombreux partis ont déjà changé à plusieurs reprises… et seront probablement amenées à évoluer de nouveau dans les semaines à venir. Reste aussi à savoir si les acteurs du commerce pourront être davantage entendus à la suite de ces nouvelles élections. Affaire à suivre donc.

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