Décryptage : Il y a-t-il vraiment de plus en plus de commerces vacants en France ?

La vacance commerciale a progressé depuis la période d’avant crise sanitaire. Mais cette augmentation ne touche pas toutes les villes, et certains lieux de commerce sont davantage impactés que d’autres. Explications.

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Malgré la crise sanitaire qui a contraint les commerçants à fermer les portes de leurs établissements à plusieurs reprises lors de la période 2020/2021, l’explosion tant redoutée de la vacance commerciale n’a pas eu lieu. Une hécatombe évitée principalement grâce aux nombreux dispositifs de soutien de l’Etat, qui ont permis d’éviter une vague de faillites dans le commerce, même si les défaillances d’entreprises ont connu un fort rebond en 2022. A cela s’ajoute un regain d’attractivité des commerces de proximité, notamment dans certains secteurs comme l’alimentaire et l’équipement de la maison, qui a poussé de nombreux Français à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale du commerce ces deux dernières années.

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Dans ce contexte, la vacance commerciale en centre-ville n’a augmenté que de seulement 1,1% entre 2019 et 2022, un moindre mal au vu du contexte économique et sanitaire au cours de cette période. La situation est en revanche plus problématique au sein des centres commerciaux, avec une vacance qui est passée de 11,8% en 2019 à 14% en 2022.

Evolution de la vacance commerciale entre 2019 et 2022

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Des situations territoriales contrastées

Si l’on regarde plus dans le détail, l’évolution de la vacance commerciale entre 2019 et 2022 met surtout en évidence une question spécifique sur le territoire parisien, avec une augmentation significative du nombre de locaux commerciaux vacants, alors qu’elle ne s’est pas dégradée en moyenne sur l’ensemble du territoire français. « Explosion du taux de télétravail, déménagement d’une partie des habitants vers la banlieue ou les régions, absence des touristes pendant de nombreux mois, Paris a été au cœur de tous les effets négatifs d’une mobilité contrainte, d’un nouveau rapport entre travail et lieu de vie, et d’une mobilité internationale bloquée », analyse la fédération du commerce spécialisé Procos.

Evolution de la vacance commerciale par zones géographiques

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Entre 2019 et 2022, la vacance commerciale parisienne est ainsi passée de 5,3% à 8,7% ! Une situation préoccupante, même si une partie des pôles de commerce ont retrouvé une activité dynamique en 2022, laissant espérer un retour à la normale dans les prochains mois. D’autant qu’à ce regain de l’activité s’ajoute une politique volontariste de la ville de Paris, qui a lancé plusieurs actions pour favoriser l’installation de commerçants et d’artisans dans les quartiers touchés par la vacance commerciale ou la mono-activité. Ces solutions, développées principalement par la Semaest (Société d’économie mixte de la Ville de Paris), passent notamment l’acquisition et la rénovation de locaux commerciaux, notamment via l’opération Vital’Quartier, mais également par un accompagnement personnalité des futurs commerçants.

Le programme Action Cœur de ville a porté ses fruits

Au-delà de la seule situation parisienne, les chiffres de l’évolution de la vacance commerciale montrent également une résistance toute particulière des villes moyennes, alors même que ces dernières étaient historiquement les plus touchées par les problèmes de vacances commerciales. Signe que les politiques publiques mises en place ces dernières années au niveau local, et soutenue par le plan national Action cœur de ville, ont porté leur fruit. Fort de ce succès, l’Etat a d’ailleurs lancé au 1er janvier 2023 la seconde phase du programme Action Cœur de ville, qui concerne 234 villes moyennes française, pour une enveloppe minimum de 5 Md€ dédiés à la revitalisation des centres-villes.

Un soutien financier et une action des acteurs publics locaux indispensables, alors même que la fréquentation des centres-villes et centres commerciaux ne cessent de dégringoler, et qu’en parallèle les acteurs du e-commerce ont de nouveaux enregistré des chiffres records en 2022.

De nombreuses municipalités sont d’ailleurs parvenues par leurs actions à redynamiser le commerce de proximité ces dernières années, et pas seulement dans les villes moyennes. C’est le cas par exemple de Mulhouse (108 312 habitants), où la vacance commerciale est passée 14% en 2011 à 8,92 % aujourd’hui. « Ces chiffres sont un vrai soulagement. Nous en sommes aujourd’hui à 51 locaux vacants au centre-ville, avec entre 10 à 15 locaux dont on sait qu’ils n’accueilleront plus jamais d’activités commerciales, car isolés ou mal adaptés, et 28 locaux pour lesquels des projets d’activités ont déjà été signés », se félicite Frédéric Marquet, manager du commerce à Mulhouse. Avec 596 enseignes ouvertes pour 339 fermetures depuis 2011, le commerce mulhousien avance ainsi au rythme de quasi deux ouvertures pour une fermeture !

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Preuve en est que l’action des pouvoirs publics est aujourd’hui plus que jamais vitale pour lutter contre la vacance commerciale, mais aussi booster l’activité des commerces de proximité !

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