Revenus : Combien gagnent en moyenne les commerçants ?
Quels sont les métiers du commerce qui offrent les meilleures rémunérations ? Comment ont-elles évolué ces dernières années ? Quelle est la durée moyenne de travail d’un commerçant ? Découvrez tous les résultats et les chiffres par région et par secteur.

Les commerçants indépendants français perçoivent-ils des revenus plus ou moins élevés par rapport au reste de la population active ? Les résultats issus de notre grande enquête sur les revenus des commerçants indépendants, menée au cours du 1er semestre 2024, montrent que dans l’ensemble, les commerçants français perçoivent des revenus issus de leur travail, inférieurs à la moyenne des salariés français.
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En effet, d’après les dernières données publiées par l’Insee, un salarié à temps plein touche en moyenne un salaire brut mensuel de 3 466 euros (soit 41 592 euros brut annuel). Les données consolidées de notre enquête révèlent de leur côté une rémunération moyenne moins élevée chez les commerçants : 2 834 euros brut mensuel (soit 34 008 euros brut annuel). Ce qui représente un écart mensuel de 632 euros en défaveur des commerçants indépendants. Une différence notable, d’autant que les commerçants travaillent en moyenne bien plus que 35H/semaine (voir plus bas dans l’article). En terme horaire, l’écart de rémunération avec les salariés français est ainsi bien plus conséquent !
L’analyse par région et par secteur d’activité fait également ressortir des différences notables entre les commerçants. Et notamment des écarts de revenus conséquents entre les commerçants eux-mêmes. Quels sont les métiers du commerce qui offrent les meilleures rémunérations, et à l’inverse ceux où le niveau de revenus est moindre ? Comment ces rémunérations ont-elles évolué en 2023, par rapport en 2022 ? Quelle est la durée moyenne de travail d’un commerçant ? Découvrez ci-dessous tous les résultats et témoignages de commerçants issus de cette grande enquête.
30% des commerçants indépendants se versent un revenu inférieur au SMIC
Premier enseignement de cette enquête, les données récoltées mettent en lumière un écart de rémunération assez important entre les commerçants eux-mêmes, avec notamment près de 30% d’entre eux qui déclarent un revenu mensuel brut inférieur au SMIC, fixé à 1 766,92 euros brut. Environ 50% des répondants à l’enquête déclarent de leur côté se verser un revenu entre le SMIC et 3 466 euros brut par mois, qui correspond pour rappel à la rémunération moyenne mensuelle brute des salariés. Enfin, seulement 20% des commerçants déclarent se verser un revenu brut mensuel supérieur à 3 466 euros.
Quel revenu mensuel brut vous êtes-vous versé en 2023 ?

Des différences de rémunération entre les régions
Sur le plan régional, les données de notre enquête montrent également des différences de rémunération parfois notables entre les commerçants indépendants d’une région à l’autre. Les professionnels d’Île-de-France, d’Auvergne-Rhône-Alpes de Provence-Alpes-Côte d’Azur, de la région Grand Est et de la Nouvelle-Aquitaine déclarant en moyenne un revenu supérieur à la moyenne des commerçants au niveau national (voir détail ci-dessous).
Régions | Rémunération moyenne des commerçants indépendants |
Auvergne-Rhône-Alpes | 2 973€ mensuel brut |
Bourgogne-Franche-Comté | 2 687€ mensuel brut |
Bretagne | 2 754€ mensuel brut |
Centre-Val de Loire | 2 722€ mensuel brut |
Grand Est | 3 082€ mensuel brut |
Hauts-de-France | 2 828€ mensuel brut |
Île-de-France | 3 284€ mensuel brut |
Normandie | 2 801€ mensuel brut |
Nouvelle-Aquitaine | 3 121€ mensuel brut |
Occitanie | 2 708€ mensuel brut |
Pays de la Loire | 2 669€ mensuel brut |
Provence-Alpes-Côte d’Azur | 3 178€ mensuel brut |
Corse | 2 693€ mensuel brut |
Quelles sont les secteurs d’activité du commerce qui rémunèrent le mieux ?
Les données consolidées de l’enquête montrent aussi qu’il existe un écart de rémunération qui peut parfois être conséquent entre les différents secteurs d’activité du commerce. Il en ressort notamment que les buralistes, les restaurateurs et gérants de cafés / bars, ainsi que certains commerçants du secteur alimentaire (boulangerie-pâtisserie, boucherie-charcuterie) sont les seules professions qui se versent une rémunération supérieure à la moyenne des commerçants indépendants* (voir détail ci-dessous).
Secteur d’activité | Rémunération moyenne des commerçants |
Buraliste / Débit de tabac | 3 602€ mensuel brut |
Boucherie / Charcuterie | 3 521€ mensuel brut |
Restauration | 3 312€ mensuel brut |
Boulangerie / Pâtisserie | 3 187€ mensuel brut |
Cafés / Bars | 3 055€ mensuel brut |
Bijouterie / Horlogerie | 2 934€ mensuel brut |
Décoration / Arts de la table | 2 877€ mensuel brut |
Caviste | 2 851€ mensuel brut |
Coiffure | 2 712€ mensuel brut |
Détaillants mode | 2 620€ mensuel brut |
Esthétique | 2 611€ mensuel brut |
Epicerie | 2 489€ mensuel brut |
Art floral | 2 327€ mensuel brut |
Librairie | 1 908€ mensuel brut |
* Seuls les secteurs d’activité pour lesquels nous disposions d’au moins 300 réponses ont été retenus.
Les revenus des commerçants indépendants en baisse ces dernières années
Autre tendance mise en avant dans cette étude, une grande partie des commerçants constatent une baisse de leur revenu d’une année sur l’autre. « Je pense qu’on est beaucoup à faire le même constat, les clients sont moins nombreux en centre-ville, et avec l’inflation les dépenses ont été restreintes. Ajoutez à cela une hausse des loyers et surtout des factures d’électricité, forcément notre rémunération en pâtit », résume Antony* (les prénoms ont été modifiés pour respecter l’anonymat), gérant d’une boutique de décoration à Chartres. Une analyse partagée par de nombreux de commerçants. 29% d’entre eux (tous secteurs confondus) jugent ainsi que leurs revenus ont baissé en 2023 par rapport à 2022, et 16% même qu’ils ont fortement baissé (voir graphique ci-dessous).
Comment ont évolué vos revenus en 2023, par rapport à 2022 ?

Outre la baisse de fréquentation et le poids toujours plus important des charges fixes, les commerçants sont aussi très nombreux à dénoncer le niveau d’imposition et les cotisations sociales dont ils doivent s’acquitter. « Personnellement je trouve que c’est disproportionné par rapport à ce que je me verse comme revenu. C’est à vous décourager d’entreprendre », partage ainsi Mélanie, gérante d’un salon de coiffure, à Mulhouse. Même impression pour Mickael, restaurateur à Marseille. « On a l’impression de travailler pour les autres. Je pars seulement 2 semaines par an en congé, je ne me suis jamais mis en arrêt maladie en 21 ans activité, les jours fériés c’est pour notre pomme… Aujourd’hui je me rémunère environ 3 000€ brut par mois, mais pour plus de 60 heures de travail effectif par semaine, ça ne fait pas cher payé. Et encore par rapport à d’autres je ne suis pas à plaindre », témoigne-t-il.
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Les commerçants ne comptent pas leurs heures
Au delà en effet du seul revenu, le ratio entre le temps de travail dédié à son activité professionnelle et le gain financier perçu apparaît largement défavorable aux commerçants, par rapport au reste des Français. 92% des répondants à l’enquête affirment ainsi travailler davantage que la durée légale de travail, fixée à 35H/semaine. Et 65% des commerçants déclarent dédier plus de 45H/semaine à leur activité, et pour 9% d’entre eux, ce chiffre dépasse même les 60H/semaine ! (voir graphique ci-dessous).
En moyenne, le temps de travail d’un commerçant indépendant français est ainsi de 46,8 heures par semaine. Rapporté à sa rémunération moyenne mensuelle brut de 2 834 euros, cela équivaut à un taux horaire brut de 14 euros de l’heure. A titre de comparaison, la rémunération horaire du SMIC est fixée à 11,65 euros brut. Pour la moyenne des salariés français, ce chiffre grimpe à 23 euros brut.
Combien de temps travaillez-vous par semaine pour votre activité ?

Un temps de travail bien plus élevé que les salariés français, qui résulte de l’implication que demande la gestion au quotidien d’une entreprise. « Ce que beaucoup ne comprennent pas, c’est que lorsque l’on est chef d’entreprise on n’est jamais réellement en repos. Pour ma part j’ai 6 salariés à payer tous les mois, le loyer de mon local qui représente une somme importante, des charges sociales et impôts en tout genre, c’est énormément de responsabilités. Je suis obligée d’être sur le pont tous les jours pour assurer la bonne marche de l’entreprise », partage Sarah, gérante d’une boulangerie/pâtisserie à Rennes.
« Il faut aussi compter le travail administratif que l’on ramène à la maison, qui devient de plus en plus lourd, et c’est sans compter les autres soucis du quotidien, les problèmes de livraison avec les fournisseurs, les éventuels conflits avec les salariés et les clientes… On ne s’ennuie jamais au moins », s’amuse Laetitia, gérante d’une boutique de bijoux fantaisie à Caen. « Travailler plus de 60 heures par semaine dans notre métier c’est le lot de beaucoup d’entre nous, et c’est d’ailleurs pour cela que rares sont ceux qui tiennent dans la durée, il faut être passionné », témoigne de son côté Michel, gérant d’un café/bureau de tabac, à Nice, qui assure ne pas se plaindre de la situation. « Pour rien au monde je ne changerais d’activité, surtout que malgré le contexte mon établissement tourne bien. En fait ça devient problématique quand on est contraint de moins se payer, on se dit que toutes ces heures ne sont pas vraiment récompensées », ajoute-t-il.
D’autant que de nouvelles tâches se sont rajoutées dans le quotidien des commerçants, notamment depuis l’avènement du numérique. « Aujourd’hui, en plus de ma boutique, il faut que je m’occupe de mon site e-commerce, la gestion des commandes, les expéditions, les retours… Vu le temps que cela me demande l’idéal serait d’embaucher une personne à temps partiel pour toutes ces nouvelles tâches. Mais au vu de l’évolution de la conjoncture j’ai du mal à franchir le pas, et je préfère travailler davantage, quitte à sacrifier mon temps libre déjà réduit », témoigne Valérie, à la tête d’un concept store mode/beauté, à Aix-en-Provence.
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Les commerçants plutôt inquiets sur l’évolution future de leurs revenus
Dans le contexte économique actuel, avec une nouvelle baisse de l’activité observée depuis le début de l’année, une majorité de commerçants sont plutôt prudents quant à l’évolution de leurs revenus d’ici les prochains mois. Et seulement une minorité se veut optimiste (voir graphique ci-dessous). « Dans ces conditions, et au vu de l’augmentation de nos charges fixes, et notamment le prix des matières premières et de l’énergie, c’est impossible pour nous de se projeter avec confiance », justifie Fabrice, gérant d’une boucherie/charcuterie à Agen.
Concernant les perspectives d’évolution de vos revenus pour l’année 2024, vous êtes plutôt… ?

Mais l’inflation n’est pas la seule source d’inquiétude pour les commerçants. La baisse de fréquentation dans les centres-villes, couplée à l’essor croissant de la vente à emporter, le e-commerce ou encore la seconde main, remettent en question les manières de travailler de nombre de commerçants. « Pour ma part, je constate qu’il y a encore quelques années c’était plus simple du faire du commerce. Aujourd’hui entre la concurrence accrue de la vente en ligne et les nouveaux modes de consommation, c’est plus difficile. Mais c’est comme ça on n’y peut rien, plutôt que de râler je préfère m’adapter, de toute façon c’est le lot de tout entrepreneur », conclut Hachim, libraire installé de longue date à Lille.
S’adapter, se réinventer, mais aussi faire preuve de résilience dans les moments économiques difficiles, comme celui que traverse le pays actuellement. En espérant des jours meilleurs dans les prochains mois, et un revenu en hausse pour les commerçants !
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je lisais ce matin qu’à Bordeaux des commerçants remettaient de l’argent dans leur affaire pour ne pas être en défaut de paiement et comme dans beaucoup de villes les zones piétonnes détruisent le centre-ville.
Est ce que le PDG de GIFI est considéré comme un commerçant!!!
J’ai pris le temps de parcourir scrupuleusement votre enquête, et j’ai envie de vous dire « Quand on aime on ne compte pas ». Je suis installée dans la même ville depuis 48 ans, j’ai sans cesse fait évoluer mes points de vente pour essayer de les adapter à l’évolution de la Société, j’ai exercé ce métier avec passion, j’ai réalisé mon rêve de petite fille d’avoir mes boutiques pour pouvoir jouer à la marchande, et je n’ai pas vu le temps passer, je ne regrette rien et financièrement je m’en sors plutôt bien. A aucun moment de ces 48 années je… Lire la suite »
Malheureusement le rêve a un prix et il est devenu inabordable.
Et avec aussi mes 49 ans de commerce dans différentes villes, c’est presque un suicide de se mettre commerçant aujourd’hui (et encore faut-il pouvoir le faire).
[…] Rappelons en effet que les marges des acteurs du commerce et de l’hôtellerie/restauration n’ont cessé de se dégrader ces dernières années et que les ventes dans les boutiques de mode sont en chute continuelle depuis plus d’une dizaine d’années, pour ne citer que ces exemples. Entre une clientèle qui se fait de plus en plus rare, et des charges fixes qui augmentent continuellement, 30% des commerçants indépendants perçoivent aujourd’hui un revenu d’activité inférieur au salaire minimum (voir notre enquête : Revenus : Combien gagnent en moyenne les commerçants ?). […]
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ha bah je suis dans la moyenne mais… avec 2000 e en moins alors (et encore les très bons mois) hahaha
[…] Dans ce contexte, un rehaussement du niveau de cotisations patronales pour les rémunérations entre 1 et 1,2 Smic pèserait fortement sur la trésorerie de ces entreprises, qui n’ont pas les moyens financiers d’augmenter les salaires. Et pour cause, les marges des acteurs du commerce et de l’hôtellerie/restauration n’ont cessé de se dégrader ces dernières années, entre une clientèle qui se fait de plus en plus rare, et des charges fixes qui augmentent continuellement ! 30% des commerçants indépendants perçoivent d’ailleurs aujourd’hui un revenu d’activité inférieur au salaire minimum (voir notre enquête : Revenus : Combien gagnent en moyenne les… Lire la suite »
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C’est quand même très malhonnête de parler uniquement de salaire et pas des dividendes…
en parlant de dividendes, j’aimerai bien connaitre le nombre de commerçant qui sont en EI et non en Société, et là pour le coup. Pas de dividende 😉
il faut des fois savoir se taire quand on ne sait pas
Bonjour il faut + de 10% à être entre 3000 et 4000€ pour des moyennes pareilles…