Colère et détresse de commerçants face à des hausses de loyers jusqu’à +200 %
Les commerçants du centre-ville de Toulouse tirent la sonnette d’alarme face à des augmentations de loyers spectaculaires. Une problématique qui touche de nombreux commerçants un peu partout en France, avec pour conséquence la fragilisation du tissu économique des centres-villes.

Dans certaines rues de la ville rose, des artisans et commerçants de longue date voient leur bail commercial renouvelé à des conditions qu’ils jugent intenables. C’est le cas de Rémi , gérant d’une boutique de confiseries installée rue Lafayette depuis 18 ans. Le commerçant Toulousain dénonce ainsi sur France Info Occitanie une situation ubuesque : « Je payais 16 000 euros par an, ils veulent passer à 48 000 euros. C’est inimaginable. Le ciel m’est tombé sur la tête ».
Ou encore de Shams, gérante d’une boutique de prêt-à-porter. Son propriétaire a décidé d’augmenter son loyer, de 1 500€ actuellement, à plus de 5 000€ ! « Le ciel m’est tombé sur la tête, vraiment, on ne s’attendait pas du tout à une augmentation pareille. Donc j’ai dû appeler mon avocate pour voir avec elle comment on allait réagir à ce courrier. On va être obligé de fermer le commerce si ça continue comme ça ! », partage-t-elle.
Lire aussi : Bail commercial : Quelles sont les conditions pour solliciter une baisse de loyer ?
Des augmentations de loyers qui se multiplient à travers le territoire
Les commerçants toulousain ne sont pas les seuls à subir ce phénomène. Un peu partout en France, des commerçants de tous secteurs d’activité doivent faire face à des augmentations soudaines et massives de loyers. A l’image de Sonia, gérante d’un salon de coiffure et d’esthétique à Bordeaux. « L’année dernière, mon bailleur m’a réclamé une hausse de loyer de près de 100% ! Je suis parvenue à négocier, mais ça a quand même été difficile à encaisser », témoigne-t-elle.
Comment expliquer de telles augmentations soudaines ? Dans la grande majorité des cas, ces hausses interviennent au moment du renouvellement du bail, qui est un moment clé pour les commerçants, mais trop souvent négligé. Lorsque le bail arrive à son terme sans avoir fait l’objet d’un congé ou d’une demande de renouvellement, il est alors automatiquement reconduit par tacite prolongation.
« Certains pourraient penser qu’il s’agit là d’une bonne chose, mais c’est oublier que cette tacite reconduction comporte deux inconvénients majeurs. Le premier c’est que le bail commercial n’ayant plus de durée définie, puisqu’il se prolonge pour une période indéfinie, le bailleur peut décider d’y mettre fin à tout moment. Le locataire perd ainsi en prévisibilité, ce qui complique les opérations de cession de bail et de fonds de commerce. Mais surtout, si le bail est prolongé au-delà de douze ans, alors les dispositions protectrices liées au plafonnement du loyer n’ont plus vocation à s’appliquer. Concrètement, cela signifie que le bailleur peut imposer un loyer déplafonné », explique Baptiste Robelin, avocat spécialiste des baux commerciaux. D’où la nécessité pour tous les commerçants de prendre cette question au sérieux, et d’anticiper ce moment clé pour la poursuite de l’activité.
Comment éviter un déplafonnement de loyers ? Toutes les explications et conseils de Baptiste Robelin à retrouver dans notre article dédié, en cliquant ici.
Des augmentations déconnectés de la réalité économique
Ces hausses de loyers sont d’autant plus mal vécues par les commerçants que l’activité économique tourne au ralenti ces dernières années, dans un contexte de baisse continue de la fréquentation des commerces physiques. Une double peine qui conduit certains commerçants à jeter l’éponge. C’est le cas d’Armand, gérant d’une épicerie à Marseille. « Je réfléchissais depuis longtemps à fermer mon activité. En 2023, j’ai reçu une lettre de mon propriétaire m’expliquant que le loyer allait augmenter de 1 200€, ce qui revenait à arrêter de me verser un salaire si j’acceptais. J’ai donc logiquement décidé de revendre mon fonds de commerce, même si j’en ai tiré un prix dérisoire…», relate-t-il.
Lire aussi : Quel revenu se verser pour payer moins de charges sociales ?
Cette tension autour des loyers commerciaux relance aussi la question du maintien d’un tissu commercial diversifié dans les centres-villes. Comment continuer à faire vivre les cœurs de ville si les loyers deviennent insoutenables pour les indépendants et les artisans ? Pour l’heure, de plus en plus de commerçants, soutenus par certaines associations locales et fédérations professionnelles, tentent de se mobiliser pour alerter les pouvoirs publics et sensibiliser les bailleurs. Ils espèrent ainsi obtenir des discussions sur des conditions de baux plus équilibrées, pour éviter que leurs vitrines ne rejoignent la longue liste des rideaux fermés du centre-ville. Des négociations indispensables, d’autant que de récentes décisions de justice ont donné raison à des commerçants qui ont sollicité une baisse du loyer de leur local commercial.
Et vous, êtes-vous confrontés à ce type de situation ? Avez-vous un désaccord latent avec votre propriétaire sur le montant de votre loyer ? Partagez votre expérience en commentaire.
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