Recruter un travailleur saisonnier : tout ce qu’il faut savoir
Avec l’arrivée de la saison estivale, les besoins en main-d’œuvre ponctuelle explosent dans de nombreux secteurs du commerce. Si les saisonniers sont une réponse indispensable à ces pics d’activité, leur embauche implique néanmoins de respecter un certain nombre de règles. Contrat, durée, droits… Tour d’horizon complet pour recruter en toute sérénité.

Que ce soit à l’approche des périodes estivales comme maintenant, mais aussi des fêtes de fin d’année ou lors d’événements locaux, de nombreux commerces indépendants doivent faire face à une hausse ponctuelle de leur activité. Dans l’alimentaire, le prêt-à-porter, l’hôtellerie/restauration, ou encore les établissements de bien-être, l’emploi saisonnier représente en effet un levier précieux pour maintenir le niveau de service durant ces pics d’activité. Mais attention, ce type de recrutement est encadré par des règles spécifiques, souvent méconnues, que tout employeur se doit de maîtriser. Décryptage complet pour vous aider à recruter sans faux pas.
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Qu’entend-on exactement par « emploi saisonnier » ?
Contrairement à une idée reçue, un emploi saisonnier ne se limite pas à une activité de courte durée. Il doit répondre à une définition précise, inscrite dans le Code du travail. Il s’agit d’un poste lié à des tâches appelées à se répéter chaque année, à des dates à peu près fixes, en fonction du rythme des saisons. C’est le cas, par exemple, d’un vendeur recruté tous les étés dans une station balnéaire, ou d’un employé de chocolaterie embauché chaque année avant Pâques.
Ce critère de répétitivité est essentiel. Il permet de distinguer l’emploi saisonnier d’un simple accroissement temporaire d’activité, qui relève lui d’un contrat à durée déterminée (CDD) classique. Or, cette distinction a des conséquences directes sur le contrat à mettre en place, notamment en matière de formalisme, de durée ou de droits du salarié.
Un cadre juridique à respecter
L’embauche d’un travailleur saisonnier passe en effet par la signature d’un contrat à durée déterminée à caractère saisonnier. Ce contrat, bien qu’assoupli par rapport au CDD classique, n’en reste pas moins encadré par des règles précises.
D’abord, il doit être formalisé par écrit et transmis au salarié au plus tard dans les deux jours suivant l’embauche. Il peut, particularité importante, ne pas mentionner de date de fin exacte, à condition de préciser une durée minimale. Cela permet une certaine flexibilité, notamment dans les activités dont la fin de saison dépend de la météo, de l’affluence touristique ou d’un calendrier local. Sa durée ne peut toutefois excéder 9 mois maximum.
Au delà de ces spécificités, le salarié bénéficie des mêmes droits que les autres membres du personnel en matière de rémunération, de congés, d’accès aux équipements collectifs ou de protection sociale. La convention collective applicable au commerce de détail ou au secteur d’activité concerné s’impose de plein droit.
Embauche d’un saisonnier : êtes-vous redevable de l’indemnité de fin de contrat ? Non. En l’absence d’accord collectif ou de convention, le code du travail prévoit que l’indemnité de précarité, aussi appelée indemnité de fin de contrat, n’est pas due à la fin d’un contrat saisonnier.
Des obligations administratives identiques à tout recrutement
Recruter un travailleur saisonnier ne dispense pas l’employeur de ses obligations classiques. Déclaration préalable à l’embauche (DPAE), inscription sur le registre du personnel, remise du contrat de travail, bulletin de paie, attestation Pôle emploi en fin de contrat… Tous les jalons doivent être respectés, au même titre que pour un salarié permanent.
Il est également conseillé, surtout en cas de postes nécessitants une bonne condition ou certaines aptitudes physiques, d’organiser une visite médicale d’embauche, voire une courte formation aux règles de sécurité, même si le contrat est temporaire. La responsabilité de l’employeur peut être engagée en cas d’accident du travail, même durant la première journée.
Quelles conditions de travail pour les saisonniers ?
En matière de durée du travail, les règles générales s’appliquent : 35 heures hebdomadaires, majoration des heures supplémentaires, temps de repos et pauses réglementaires. Toutefois, certains secteurs bénéficient d’aménagements particuliers, par exemple dans le cadre des conventions de l’hôtellerie-restauration ou du commerce alimentaire. Ces accords permettent parfois une annualisation du temps de travail ou une plus grande flexibilité horaire, à condition d’être correctement encadrée.
Il est essentiel d’anticiper les plannings pour éviter les désorganisations, notamment lorsque plusieurs saisonniers sont recrutés sur une même période. Une bonne organisation permet d’optimiser leur intégration et d’assurer un service homogène, même en période de forte affluence.
Jeunes travailleurs et étrangers : quelles spécificités ?
Les saisonniers sont souvent des jeunes actifs en quête d’un revenu ponctuel : étudiants, lycéens en vacances, ou jeunes diplômés en transition. Les mineurs peuvent être embauchés dès 16 ans, sous réserve de disposer d’une autorisation parentale et de ne pas effectuer de tâches dangereuses. Pour les mineurs de 16 à 18 ans, le temps de travail est limité à 8 heures par jour et 35 heures par semaine. Les heures supplémentaires sont interdites, sauf dérogation exceptionnelle accordée par l’inspection du travail. Par ailleurs, le travail de nuit est interdit entre 22 heures et 6 heures. Enfin, des repos renforcés doivent être respectés : au moins 12 heures consécutives de repos quotidien, et deux jours de repos hebdomadaire consécutifs, dont le dimanche obligatoirement.
Les travailleurs étrangers représentent également une part significative de la main-d’œuvre saisonnière, notamment dans les zones agricoles ou touristiques. Ils doivent disposer d’un titre de séjour en règle, autorisant l’exercice d’un emploi salarié. Il appartient à l’employeur de vérifier scrupuleusement la validité des documents fournis. Le non-respect de cette obligation peut entraîner des sanctions importantes. Certains ressortissants extra-européens disposent d’un titre de séjour spécifique « saisonnier », valable plusieurs mois et renouvelable.
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Quelles aides ou exonérations possibles ?
Plusieurs dispositifs peuvent alléger le coût de l’embauche : la réduction générale des cotisations sociales sur les bas salaires (ex-réduction Fillon) s’applique, tout comme certaines exonérations spécifiques en zones de revitalisation rurale (ZRR) ou en quartiers prioritaires (QPV). Certaines régions proposent également des dispositifs d’aide à l’emploi saisonnier, notamment pour les petites entreprises.
Ces aides peuvent prendre la forme de subventions directes, d’aides au transport ou de participation aux frais de formation. Leur attribution dépend souvent de critères géographiques ou sectoriels. Par ailleurs, les OPCO (opérateurs de compétences) peuvent accompagner les commerçants dans la prise en charge de formations ou d’actions d’intégration rapide. Un point souvent méconnu mais utile, en particulier pour les employeurs qui recrutent pour la première fois ou dans des zones à faible densité de main-d’œuvre.
Ou recruter des saisonniers ?
Pour recruter efficacement des travailleurs saisonniers, plusieurs plateformes spécialisées permettent de diffuser des offres d’emploi ciblées. Parmi les plus connues, Saisonniers.fr (portail officiel du ministère du Travail) centralise de nombreuses offres dans l’agriculture, le tourisme, la restauration ou encore le commerce de proximité. Jobseason.fr est également particulièrement apprécié des employeurs et des jeunes pour sa simplicité d’usage. Ou encore Saisonjob.fr, qui propose un large éventail de missions dans toute la France, en station balnéaire ou de montagne, mais aussi dans les grandes exploitations agricoles.
Les sites généralistes comme Indeed ou Le Bon Coin peuvent aussi être utiles, à condition de bien structurer l’annonce avec des mots-clés précis (type de mission, période, logement inclus ou non…) N’oubliez pas non plus les réseaux sociaux, les forums d’écoles ou d’universités, et les missions locales ou Pôle Emploi, qui restent des relais efficaces pour diffuser vos besoins.
Comment attirer et fidéliser les bons profils ?
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, attirer des profils fiables et motivés est devenu un enjeu central. Il est donc conseillé de bien préparer ses campagnes de recrutement : rédaction d’offres claires, valorisation des conditions de travail, visibilité sur les réseaux sociaux ou les plateformes spécialisées.
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Fidéliser un bon saisonnier est également une stratégie payante. Nombre de commerçants font le choix de rappeler les mêmes collaborateurs d’une année sur l’autre, ce qui réduit les temps de formation et renforce la cohésion de l’équipe. Un recrutement saisonnier bien mené peut ainsi s’inscrire dans une démarche durable et pérenne. Certains commerçants conservent même une base de données interne avec leurs anciens saisonniers, qu’ils recontactent chaque année. Une relation de confiance s’installe, au bénéfice de tous. Et lorsque l’activité le permet, ces profils peuvent évoluer vers des contrats plus stables, comme un CDI annualisé ou un CDD à temps partiel durable.
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