« Pénaliser les automobilistes, c’est s’attaquer aux centres-villes »

Olivier Fargetton, président du Groupement d’entente du commerce du Maine-et-Loire, réclame des mesures concrètes pour soutenir les commerçants du centre-ville d’Angers.

Vous présidez une association qui regroupe l’ensemble des commerçants du Maine-et-Loire, quel regard portez-vous sur la situation du commerce dans le département ?

Je ne vais pas faire dans l’originalité, mais à l’image de ce que l’on observe un peu partout en France, les temps sont durs pour les commerçants de notre département. Et particulièrement dans les petites villes qui ont du mal à drainer une clientèle suffisante. D’autant plus que certains élus locaux ne font rien pour arranger les choses, à l’image de ce qui se passe actuellement à Cholet (Ndlr, à 65 km au sud d’Angers). Alors même que la ville va bénéficier d’argent public dans le cadre du programme Action cœur de ville, le président de l’agglomération a autorisé une extension de 10 000 m2 au sein du centre commercial l’Autre Faubourg, en périphérie de la ville (Ndlr, la vacance commerciale dans le centre-ville de Cholet a été chiffrée à 16,7% en 2017). Aujourd’hui, nous demandons au préfet du Maine-et-Loire de s’opposer à ce projet d’agrandissement.

La situation du centre-ville d’Angers est-elle meilleure ?

Angers est la ville de ralliement pour la majorité des habitants du département, forcément notre situation est meilleure, même si nous connaissons aussi des difficultés. La fréquentation ne cesse de s’éroder, mis à part le samedi après-midi, le centre-ville est globalement déserté. Les travaux en cours en plein cœur de ville qui durent depuis plus de deux ans ne sont pas étrangers à cette situation. Une dizaine d’indépendants ont ainsi été contraints de baisser le rideau. Il y a également la concurrence du centre commercial L’Atoll, installé en périphérie, qui même s’il connaît lui même des difficultés, nous fait du mal.

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Pour autant le centre-ville est encore riche de commerces indépendants, et depuis quelques temps on remarque que des enseignes nationales et internationales viennent s’y installer. Dans le contexte actuel que l’on connaît, c’est plutôt bon signe !

Quelles seraient alors les mesures à prendre pour soutenir davantage le développement du commerce angevin ?

Au Groupement d’entente du commerce de Maine-et-Loire, nous défendons des mesures qui touchent à l’accessibilité et à la mobilité dans la ville. En premier lieu, nous aimerions que la gratuité des parkings, actuellement limitée à une heure de stationnement dans une grande partie de la ville, soit étendue à deux heures. D’autant plus que cela pourrait être rentable économiquement parlant. Pour preuve, lors de l’instauration de la première heure gratuite, la municipalité avait budgété 900 000 euros de perte pour la ville. Or il n’en fut rien, car cela a permis de remplir davantage les parkings ! En revanche, on constate que la moitié des automobilistes stationnent seulement une heure. La mise en place de zones bleues de deux heures de stationnement gratuites laisserait ainsi davantage de temps au chaland pour se promener dans le centre-ville. Beaucoup de nos clients n’habitent pas Angers, et la voiture reste encore un moyen de transport privilégié dans notre département. Et quand il faut débourser 4 ou 5 euros en parking pour venir faire ses achats en ville, certains ont vite fait le choix de préférer le centre commercial, où le stationnement est gratuit… Pénaliser les automobilistes, c’est donc s’attaquer directement à la pérennité du commerce du centre-ville d’Angers !

Pour autant, le tout voiture est-il encore viable de nos jours ?

Bien entendu il faut parvenir à trouver un équilibre, et c’est justement pour cela que nous souhaitons aussi que les transports publics deviennent entièrement gratuits à Angers. Les expérimentations menées dans plusieurs villes moyennes de France ont le plus souvent été concluantes, avec une augmentation significative du nombre d’utilisateurs des transports publics. La ville de Dunkerque notamment a été pionnière sur ce sujet, avec aujourd’hui d’excellents résultats.

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Nous sommes bien conscients que cela a un certain coût. Selon nous, cette gratuité pourrait se financer en renégociant le contrat de délégation des transports en commun, en supprimant le coût de la billetterie, mais aussi en taxant les parkings des centres commerciaux et super et hypermarchés de périphérie. La mise en place d’une telle taxe avait d’ailleurs été proposée dans le Pacte national de revitalisation des centres-villes et des centres-bourgs. Sur tous ces points, la municipalité nous a opposé une fin de non recevoir, estimant que nos propositions étaient démagogiques et simplistes. Mais nous n’allons pas pour autant abandonner, d’autant plus que les élections municipales approchent à grand pas…

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