Commerces en faillites : quels sont les secteurs les plus impactés ?
En forte hausse au quatrième trimestre 2023, les défaillances d’entreprises ont retrouvé l’an passé leur niveau d’avant crise sanitaire. Certains secteurs d’activité sont plus touchés que d’autres, et cela vaut notamment dans le commerce. Des disparités qui subsistent également sur le plan régional. Explications et analyse.
Après être tombées à des seuils historiquement bas en 2020, 2021, et même 2022, les défaillances d’entreprises ont désormais retrouvé leur niveau d’avant crise sanitaire. C’est en tout cas le constat fait par le cabinet Altares, qui vient de publier les chiffres des défaillances d’entreprises pour l’année 2023, tous secteurs d’activité confondus. 57 729 défaillances ont ainsi été enregistrées l’an passé, soit un niveau toujours globalement inférieur à celui des années 2010.
L’économie réelle tient mais les trésoreries sont mises à mal et le dernier trimestre a été lourd sur le front des défaillances
A noter tout de même que le dernier trimestre 2023 a connu un sursaut particulièrement important, avec quelques 16 800 entreprises qui sont entrées en défaut. « Précédemment, seule la période de récession de 1992/1993 avait amené la France à des seuils comparables pour un dernier trimestre. Le pays passait alors pour la première fois de son histoire le cap des 60 000 faillites », détaille Altares dans son rapport. Une hausse prononcée qui s’explique en partie par des recouvrements plus importants de la part de l’Urssaf, après une longue période accommandante. Mais pas seulement. « Activité en berne, niveau d’inflation encore élevé, taux d’intérêt toujours hauts, consommation qui flanche, forment un dangereux cocktail pour des entreprises aux trésoreries épuisées après une succession de crises », analyse Altares, expliquant par ailleurs que dans ce contexte, « toutes les procédures ne sont pas ouvertes à l’initiative des URSSAF ». Les procédures de sauvegarde notamment, sont en hausse de 35,9% par rapport à l’an passé.
Evolution du nombre de défaillances d’entreprises en France sur 20 ans
Quid des entreprises du commerce ?
Si l’on s’intéresse spécifiquement aux entreprises du commerce, les chiffres des défaillances d’entreprises sont globalement dans la moyenne de ce qui peut s’observer au sein des autres domaines d’activité. Avec une hausse mesurée pour nombre de secteurs, montrant ainsi la résilience des commerçants, dont l’activité a pourtant été particulièrement perturbée par l’inflation en 2023. « Le commerce dépasse 12 400 défauts (12 408) mais contient la hausse (31,76%) sous la moyenne générale (+35,8%) », décrypte ainsi Altares. Les magasins multi-rayons (épiceries, superettes, supermarchés) enregistrent ainsi une hausse limitée de 34,3%, tout comme le commerce de détail alimentaire (boulangeries-pâtisseries, boucheries, charcuteries…), à +34,5%, ou même dans une moindre mesure le bricolage & équipement du foyer (+39,8%), qui a assez bien résisté, en dépit des tensions relevées dans le meuble (+59,8%).
Les commerces alimentaires ont assez bien résisté, mais les secteurs mode et beauté ont été lourdement impactés
L’année a en revache été un peu plus difficile dans le commerce de détail d’habillement (+51,3%), mais aussi pour les coiffeurs (+43%) ou encore les salons de beauté (+42,5%). Dans le soin à la personne, à noter à l’inverse la belle résistance des activités d’entretien corporel (saunas, bien-être, instituts d’amaigrissement …), dont le nombre de défauts a diminué (-3%).
Des résultats mitigés dans l’hôtellerie/restauration
Du côté des CHR, les résultats de 2023 font apparaitre plusieurs tendances. Dans la restauration tout d’abord, 6449 établissements ont fermé leurs portes, soit 2000 établissements de plus qu’en 2022, ce qui correspond à une hausse de 45,4% ! A noter néanmoins que dans cet ensemble, la restauration traditionnelle tire davantage son épingle du jeu, avec 3 347 défauts (+35,3%), alors que la restauration rapide accuse une dégradation de +58,5% (2 832 défauts). Les débits de boissons (1 138 défauts, +41,7%) présentent une tendance voisine de celle de la restauration, alors que l’hébergement résiste mieux (380 défauts ; +36,2%).
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Des régions plus épargnées que d’autres
Sur le plan régional, des disparités importantes apparaissent également, notamment en Ile-de-France, où 12 653 procédures ont été ouvertes en 2023, concentrant ainsi 22% des défaillances d’entreprises du pays. La région se rapproche désormais de son niveau de défaillances de 2015 ! L’Occitanie (+39,5%), la Nouvelle-Aquitaine (+37,6%), l’Auvergne-Rhône-Alpes (+38%) ainsi que la Corse (58,3%) connaissent également une hausse des défauts de leurs entreprise supérieure à la moyenne nationale. Tandis que les Pays de la Loire (+36,8%), la Bourgogne-Franche-Comté (+35,7%) et la région Grand-Est (+34,5%) se situent dans la moyenne nationale.
Carte d’évolution des défaillances par région en 2022 / 2023
A l’opposé, les Hauts-de-France (+26,2%), la Provence- Alpes-Côte d’Azur (+32,4%), la Normandie (+32,4%), la Bretagne (+33,6%) et le Centre- Val de Loire (+33,9%) se situent sous la moyenne nationale.
Que doit-on attendre pour 2024 ?
Dans un contexte économique toujours compliqué pour les entreprises françaises, notamment dans le commerce, le cabinet Altares se montre assez prudent quant aux perspectives de défaillances pour 2024, mais pas pessismiste. « En dépit des crises successives qui s’enchainent depuis le début de la décennie, l’économie réelle tient mais les trésoreries des entreprises sont mises à mal. Le dernier trimestre a été lourd sur le front des défaillances et nous ramène à une période (2012 – 2013) où notre économie comptait 63 000 défaillances d’entreprises. Cela nous installe donc sur une trajectoire délicate pour 2024 », analyse ainsi Thierry Millon, directeur des études chez Altares.
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Le ralentissement annoncé de l’inflation, et qui doit désormais se concrétiser dans les faits, et surtout dans les impressions des Français, sera ainsi plus que jamais scruté dans les semaines à venir. De même que l’action des pouvoirs publics, qui ont déjà promis des baisses d’impôt en 2024. Reste à savoir dans quelle proportion, et quelle catégorie de la population sera concernée… Une chose est en tout cas certaine, la relance de l’activité du commerce ne pourra pas se faire sans action concrète pour améliorer le pouvoir d’achat des Français.
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