Recrudescence des vols : les commerçants à bout de nerfs tirent la sonnette d’alarme
Les chiffres sont sans appel : les vols à l’étalage connaissent une flambée historique en France, plongeant de nombreux commerçants dans la détresse et la colère. Tandis que les plaintes s’accumulent, le gouvernement promet des annonces pour le second semestre 2025. En attendant, les commerçants s’organisent tant bien que mal pour protéger leurs établissements et réclament des réponses concrètes.

Les vols au sein des commerces de proximité se multiplient ces dernières années. C’est en tout cas le constat que font aujourd’hui les commerçants et leurs représentants. Selon les résultats de la grande enquête menée par le collectif « Ras le vol ! » en mars 2024, auprès de plus de 3 200 commerçants, pas moins de 89% des répondants affirment ainsi avoir été victimes d’au moins un vol dans les six derniers mois. Pire encore, pour près d’un quart d’entre eux, les pertes cumulées dues aux vols dépassent les 5 000 euros sur la même période ! Une tendance à la hausse confirmée par une autre enquête réalisée cette fois-ci par le magazine Valeurs Actuelles, qui estime que plus de 8 commerçants sur 10 ont été victimes de vols l’an passé, marquant un record historique.
Cette explosion des vols s’explique par plusieurs facteurs cumulés : l’inflation galopante qui pousse certains consommateurs à franchir la ligne rouge, un manque de moyens de la part des forces de l’ordre pour intervenir efficacement, ou encore le sentiment d’impunité des voleurs ressenti par les commerçants.
Des commerçants en première ligne face à l’insécurité
Sur le terrain, la situation est de plus en plus difficile à vivre pour les commerçants. Les professionnels du Groupe d’entraide des commerçants, lié au média lechommerces.fr, témoignent. « En deux mois, j’ai dû subir au moins six vols. Je me sens totalement démunie. Les images de vidéosurveillance ne servent à rien si les voleurs ne sont pas poursuivis », déplore Catherine, gérante d’une boutique de vêtements dans le centre-ville de Lille.
« Au-delà du préjudice financier, c’est à chaque fois un coup au moral. On finit par travailler avec la peur au ventre »
De son côté, Franck, responsable d’un magasin de bricolage en périphérie de Bordeaux, exprime une même lassitude : « Nous avons investi dans des portiques de sécurité, mais les voleurs s’organisent, viennent en bande. On a parfois l’impression de faire face à des professionnels du vol ». Enfin, Sophie, qui tient une supérette à Marseille, souligne l’impact psychologique : « Au-delà du préjudice financier, c’est à chaque fois un coup au moral. On finit par travailler avec la peur au ventre », partage-t-elle.
Des initiatives pour se protéger et sensibiliser l’opinion
Face à cette recrudescence des vols, les commerçants ne restent pas les bras croisés. Toujours selon l’enquête du collectif « Ras le vol ! », 68% des professionnels interrogés ont déjà renforcé leurs dispositifs de sécurité : caméras supplémentaires, portiques anti-vol, agents de sécurité ou encore alarmes connectées. Mais ces investissements pèsent lourdement sur les trésoreries de commerces déjà fragilisés.
« Pour se prémunir des vols, de plus en plus de commerçants renforcent dispositifs de sécurité »
Certains commerçants vont plus loin en affichant les photos des malfaiteurs pris sur le fait, dans l’espoir de dissuader d’autres voleurs potentiels. Une pratique qui reste toutefois controversée, car elle expose à des risques juridiques. Et sur ce point, la loi est claire : les images de vidéosurveillance sont destinées à un usage privé et leur affichage public est strictement interdit, sous peine de poursuites pour atteinte à la vie privée et diffamation. Seules les autorités judiciaires sont habilitées à diffuser l’image d’un suspect dans le cadre d’une enquête.
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Des attentes fortes vis-à-vis des pouvoirs publics
Pétitions, courriers aux préfets, rassemblements locaux… Les collectifs de commerçants multiplient les initiatives pour alerter les pouvoirs publics et sensibiliser l’opinion. Poids des charges, montant des loyers, concurrence accrue… Les commerçants indépendants sont déjà soumis à de fortes contraintes et n’ont pas les moyens de se doter de vigiles. Aujourd’hui, ils attendent des mesures concrètes pour renforcer la présence policière et durcir les sanctions à l’encontre des voleurs récidivistes.
« 34% des commerces de moins de cinq salariés envisagent de réduire leurs horaires d’ouverture, voire de fermer certaines plages horaires jugées trop à risque »
Sans compter qu’au-delà des pertes financières, c’est aussi le tissu commerçant local qui se fragilise. Les petites structures, qui n’ont ni les moyens humains ni les ressources financières pour s’adapter, sont les premières touchées. L’enquête de « Ras le vol ! » révèle ainsi que 34% des commerces de moins de cinq salariés envisagent de réduire leurs horaires d’ouverture, voire de fermer certaines plages horaires jugées trop à risque. Dans ce contexte, la lutte contre les vols à l’étalage est devenue un enjeu majeur pour la survie de nombreux commerces de proximité. Les annonces gouvernementales promises pour le second semestre 2025, et qui doivent inclure un plan de soutien spécifique aux commerçants victimes de vols, sont attendues de pied ferme.
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