Pourquoi le Black Friday ne profite pas au petit commerce ?

Les pouvoirs publics se sont félicités ces derniers jours du report du Black Friday au 4 décembre, pour « le salut du petit commerce », selon leurs dires. Mais est-ce réellement le cas ?

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Après plusieurs jours de tractations avec les représentants des grandes enseignes et du e-commerce, un accord était trouvé au mois de novembre pour décaler d’une semaine cette édition 2020 du Black Friday, qui débute donc ce vendredi 4 décembre. Dans l’entourage du ministre, on se félicitait de ce report, « les petits commerces vont être contents de ces annonces », a-t-on pu entendre à plusieurs reprises…

Le Black Friday profite-t-il vraiment au petit commerce ?

Mais justement, ces « petits commerces » sont-ils réellement « contents » de pouvoir participer au Black Friday ? Ou plutôt y participent-ils par défaut, dans la mesure où il est difficile de boycotter ce type d’évènement commercial de grande ampleur. Il est important de le rappeler, le Black Friday profite avant tout aux grandes entreprises du commerce, qui peuvent se permettre de rogner continuellement sur leurs marges. Et encore ! Camaïeu, La Halle, André, Printemps, Conforama, Tati, Virgin, Gap, C&A… La liste des enseignes en difficulté financière, quand elles ne doivent pas se résoudre à tirer définitivement le rideau, s’allongent d’année en année. Et ce n’est pas – uniquement – la faute du Covid.

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Car qui dit promotions, dit forcément des marges réduites. Et c’est justement cela qui fait défaut aujourd’hui à bon nombre de commerçants : retrouver des niveaux de marges qui leur permettent de vivre décemment de leur activité ! La période des fêtes de fin d’année restaient encore l’un des rares moments de l’année pour vendre à des prix « normaux », autrement dit non barrés. Mais ça c’était avant le Black Friday…

Le Black Friday profite-t-il vraiment aux consommateurs ?

Si le Black Friday est synonyme de marges réduites pour les petits commerçants habitués à ne pas tricher sur les prix, il n’en est pas de même pour les grandes enseignes, à commencer par les offres affichées en ligne par les géants du Web. Nous avons pu le constater sur différents produits et services l’année dernière, la plupart du temps le rabais n’est que virtuel. Sur les Smartphones par exemple, produits de grande consommation par excellence, on va communiquer sur d’importants rabais pour le Black Friday. Ainsi à – 40%, soit 480 € au lieu de 800€ par exemple, le consommateur aura le sentiment de faire une bonne affaire. Mais ce que l’on ne dit pas, c’est que ledit Smartphone était déjà vendu depuis plusieurs semaines à 480 ou 490 euros…

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Des promotions bidons dénoncées par Boutique2Mode et UFC-Que Choisir « Le vrai problème, ce n’est pas de décaler dans le temps le Black Friday. Que ce soit dans 10 jours ou 15 jours, les consommateurs seront confrontés à des offres bidons. La capacité de faire une vraie affaire est infinitésimale. La capacité de se faire avoir en revanche, elle, est maximale », dénonce Alain Bazot, président de l’association de défense des consommateurs.  « J’ai ressorti les chiffres des enquêtes qu’on a menées sur la réalité des promotions qui ont été faites, précise-t-il. On a annoncé qu’un four était vendu 600 euros avant les promotions, alors qu’en réalité son prix de référence était de 372 euros. » CQFD.

Fallait-il annuler le Black Friday ?

Dans ce contexte exceptionnel, et alors que les politiques ne cessent de clamer ces derniers jours leur soutien au « petit commerce », n’aurait-il pas mieux valu tout simplement annuler cet évènement ? Certains répondront que les pouvoirs publics n’en avaient pas la capacité, un argument que l’on pourrait facilement balayer, tant les derniers mois ont prouvé que des mesures restrictives pouvaient être adoptées dans des temps records.. Mais sans aller forcement jusqu’à cette extrémité, il serait intéressant que notre classe politique, comme médiatique, se saisissent enfin de ce problème épineux des promotions à l’année, qui tue à petit feu les marges des commerçants, et surtout les plus petits. Sans compter que désormais, le consommateur n’a aujourd’hui presque plus aucun repère sur le juste prix des produits qu’il achète…

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