Les défaillances d’entreprises se maintiennent à un niveau élevé
Les défaillances d’entreprises ont de nouveau progressé au 2eme trimestre 2025. Néanmoins, tous les secteurs ne sont pas impactés de la même manière. Les activités liées au commerce résistent plutôt bien, tandis que la restauration apparait en grande difficulté. Explications et analyse détaillée par régions.

16 586. C’est le nombre de procédures collectives qui ont été ouvertes au deuxième trimestre 2025, en hausse de 1,3 % par rapport à la même période l’an passé. Un niveau particulièrement élevé, au vu de la référence déjà record du 2ème trimestre 2024, et qui montre que la conjoncture actuelle pèse particulièrement sur les entreprises françaises.
Pour autant, toutes les structures, en fonction de leur taille et de leur secteur d’activité, ne sont pas impactées de la même manière. Les entreprises du commerce notamment font preuve d’une certaines résilience dans l’ensemble, tandis que la restauration connait toujours des difficultés importantes. De même, des différences notables apparaissent entre les secteurs et les régions. D’où l’importance d’analyser les différents chiffres publiés par Altares dans le détail.
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Les PME-ETI de plus de 100 salariés en difficulté
Première tendance dégagée par le cabinet Altares, les microentreprises de moins de 3 salariés constituent toujours l’essentiel des défauts (73,40 %). Ce trimestre, elles sont ainsi 12 050 à être tombées en défaillance, un nombre en augmentation de 1 %. Les TPE de 3 à 5 salariés résistent mieux, avec 2 123 défauts recensés en ce deuxième trimestre, soit une baisse de -3,10 %. En revanche, la sinistralité est en hausse chez les entreprises de 6 à 9 salariés (+11 %) ainsi que pour les entreprises de 10 à 19 salariés (+7,9 %). La situation se stabilise pour les entreprises de 20 à 49 salariés (-0,5 %), alors qu’elle s’améliore pour les entreprises de 50 à 99 salariés (-5 %).
La dégradation la plus forte concerne les structures d’au moins 100 salariés (+29 %). « 58 d’entre-elles sont tombées en défaillance, soit quasiment une chaque jour ouvré. La tendance est donc lourde. Les deux tiers de ces défauts concernent des PME de moins de 200 salariés. Dans cette catégorie, il est important de noter qu’une procédure sur trois provient du secteur des services aux entreprises », détaille Altares dans son étude.
Évolution du nombre de défaillances d’entreprises en France sur 10 ans

Le commerce de détail fait preuve de résilience
Déjà moins impactées par la vague de faillites de 2024, les entreprises du secteur du commerce continuent d’afficher une certains solidité, avec des chiffres dans l’ensemble meilleurs que la moyenne nationale. Et ce malgré un contexte économique toujours défavorable depuis le début de l’année. Les commerces de bouche notamment, en première ligne face à la flambée des prix des matières premières agricoles et de l’énergie, résistent particulièrement bien. Les défaillances sont ainsi en baisse de 9,2 % au deuxième trimestre 2025 dans le commerce de détail alimentaire (287 défaillances), et même de 2,6 % (258 défaillances) pour les magasins multi-rayons (épiceries, superettes, supermarchés).
Longtemps en première ligne, l’habillement s’inscrit également sur une trajectoire favorable. Le nombre de magasins en défaut chute ainsi de 5,7 % (282 défaillances), soutenant l’activité des grossistes de textile-habillement (-13 % ; 47 défaillances). Le commerce du bricolage et équipement du foyer bascule également légèrement dans le vert (-11,1% ; 255 défaillances) loin de l’envolée des défauts enregistrés un an plus tôt.
La coiffure et l’esthétique poursuit aussi son long rétablissement, avec une baisse des défaillances de 1% au T2 2025, ce qui représente tout de même 496 défauts. Le secteur des sports et loisirs en revanche est lourdement touché (+22,2 % ; 121 défaillances), particulièrement dans la vente d’articles de sport. La tendance est également dans le rouge pour la vente hors magasin (+10,4 % ; 350 défaillances), qui est constituée principalement de petits acteurs de la vente en ligne.
La restauration toujours en difficulté, l’hôtellerie retrouve des couleurs
De même, les chiffres restent préoccupants dans la restauration, avec un chiffre d’affaires qui globalement ne cesse de reculer ces derniers mois. Dans le détail, les défaillances d’entreprises augmentent de 20,6% dans la restauration traditionnelle (937 défaillances), tandis que la restauration rapide affiche de son côté de meilleurs chiffres (797 défaillances ; -3,4%), après une année 2024 certes très en dedans. Les débits de boissons se stabilisent de leur côté (0% ; 296 défaillances). Enfin, l’hébergement résiste particulièrement bien (94 défaillances ; -19,70%), une tendance à saluer après là encore un deuxième trimestre 2024 qui avait été particulièrement difficile.
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Des régions plus touchées que d’autres
Si des disparités importantes s’observent sur le plan sectoriel, il en est de même au niveau territorial, avec quatre régions qui connaissent une forte hausse des défaillances. Les Pays de la Loire accusent l’évolution métropolitaine la plus sévère, avec 756 procédures qui ont été ouvertes, un nombre encore en forte hausse (+12 %). La région voisine de Centre-Val de Loire est également à la peine (+7 % ; 549 défaillances), tout comme la Nouvelle-Aquitaine (+7 % ; 1 625 défaillances) et l’Occitanie (+6 % ; 1 435 défaillances).
Quatre régions contiennent de leur côté la hausse du nombre de défauts sous les +5 %. Il s’agit de l’Auvergne-Rhône-Alpes (+4 % ; 1 967 défaillances), des Hauts-de-France (+4 % ; 1 149 défaillances), La Bretagne (+3 % ; 591 défaillances) et la Normandie (+1 % ; 649 défaillances).
Dans les autres régions le nombre de défauts recule. La Corse notamment affiche une nette baisse (-8 % ; 100), tout comme la Bourgogne-Franche-Comté (-6 % ; 513). La région Sud – Provence-Alpes-Côte-d’Azur (-4,7 % ; 1 540 défaillances), le Grand-Est (-3 % ; 1 070 défaillances) et l’Île-de-France (-2 % ; 4 108 défaillances) basculent également dans le vert.

L’Outre-mer en souffrance
La situation est en revanche plus délicate pour l’Outre-mer. C’est le cas dans les Antilles avec de lourdes évolutions en Martinique (+12% ; 115 défaillances) et en Guadeloupe (+9 % ; 96 défaillances). La Guyane affiche une évolution exceptionnelle (+264 %) mais pour une volumétrie relativement faible (51 défaillances). Enfin la Réunion se distingue très favorablement avec une baisse de 15 % du nombre de défauts (249 défaillances) après un deuxième trimestre 2024 qui avait été certes très difficile (+34 %).

Comment va évoluer la situation jusqu’à la fin d’année ?
A ce stade, difficile de faire des prévisions exactes, tant le niveau d’activité économique est soumis à de nombreux aléas conjoncturels (politique, social, international…). Pour autant une certaine tendance semble se dessiner selon les calculs faits par le cabinet Altares.
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« A mi-année, ce sont donc un peu plus de 35 000 entreprises qui ont poussé la porte des tribunaux. Ce nombre reste très élevé mais ne nous place toujours pas sur une trajectoire à 70 000 défauts. A la faveur d’un été traditionnellement moins lourd du fait des vacations judiciaires d’août, le second semestre nous projetterait sur un atterrissage annuel voisin de 67 000 défauts », estime Thierry Millon, directeur des études chez Altares. Rendez-vous est pris à l’issue du troisième trimestre pour observer comment évoluera cette trajectoire.
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Comme d’habitude, statistiques en trompe-l’œil. Beaucoup de commerces ferment avant d’être en faillite. Les faillites par méga régions ne veulent plus rien dire. Aucun rapport entre le Lot et le Gard par exemple. Aucun rapport entre le Bas-Rhin et les Ardennes…