Les commerces indépendants en souffrance depuis la rentrée
Près des 3/4 des répondants à notre enquête estiment que le niveau d’activité s’inscrit à la baisse depuis le mois de septembre. Les grandes enseignes tirent quant à elles leurs épingle du jeu, bien aidées par leurs ventes web en plein boom.
Si Bruno Le Maire juge que « l’activité économique du pays tourne à 99% de ses capacités d’avant crise », pour les commerçants indépendants, il faudra encore patienter. C’est en tout cas ce que révèlent les données issues de notre sondage mené du 6 au 12 octobre, et auquel ont répondu plus de 1200 commerçants. 48% des votants estiment ainsi que le niveau d’activité est en baisse en comparaison à la même période l’an passé, et plus de 25 % jugent même qu’elle est en forte baisse. « Après le premier confinement de 2020, l’activité avait bien repris, les clients étaient revenus nombreux en centre-ville, mais là cette année c’est différent, on sent que la fréquentation n’est pas au rendez-vous », remarque ainsi Stéphane, restaurateur à Marseille. Un constat partagé par Elodie, à la tête d’une boutique de prêt-à-porter pour Femme à Orléans. « Les confinements à répétitions, le pass sanitaire, l’obligation du port du masque… Toutes ces contraintes mises bout à bout ont fait beaucoup de mal, les clients sont lassés et n’ont plus forcément l’envie de faire du shopping, en tout cas pas autant qu’avant », regrette-t-elle.
Si une grande majorité des commerçants qui ont répondu au sondage partagent ce ressenti, certains parviennent tout de même à tirer leur épingle du jeu. « Depuis la rentrée on n’a pas à se plaindre, la météo est plutôt clémente, les clients sont présents, on espère que ça va continuer dans ce sens, témoigne Cécile, à la tête d’une boutique de décoration/ameublement dans le centre-ville de Bordeaux, qui reconnaît néanmoins qu’elle fait partie des privilégiés. On a de la chance car notre secteur d’activité n’a pas été trop impacté par la crise, et puis aussi nous avons un très bon emplacement », poursuit-t-elle. La fédération Procos, qui mesure le niveau d’activité des grandes enseignes du commerce spécialisé, fait d’ailleurs état d’une forte hausse des ventes de l’équipement de la maison par rapport à 2019 (+9,4%). Il en est de même pour l’alimentaire spécialisé (+12%), et plus généralement des métiers de bouche. « Comme on était les seuls ouverts pendant les confinements, beaucoup de clients ont pris leurs habitudes chez nous, mais je ne suis pas dupe, je sais que ça s’est fait au détriment d’autres commerçants, et notamment des restaurateurs », reconnait par exemple Patrick, gérant d’une boulangerie à Soissons.
La fin des aides redoutée par les commerçants
Dans ce contexte, la fin annoncée du quoi qu’il en coûte, et notamment la disparition du fonds de solidarité, inquiète nombre de commerçants. Plus de la moitié des répondants du sondage affirment ainsi que cela va affecter la trésorerie de leur entreprise. « On s’y attendait, et c’est normal dans un sens, ça ne pouvait pas durer éternellement, même si je dois avouer que ça va représenter un vrai manque à gagner. Mais on va quand même s’en sortir », relatent Elisabeth et Jean-Paul, un couple de restaurateur dans le Val d’Oise.
D’autres en revanche craignent pour la survie de leur activité, notamment dans les secteurs liés au tourisme. « Dans l’hôtellerie c’est catastrophique ce que nous vivons, cet été nous avons pu un peu travailler, mais là depuis septembre c’est le néant, et pour en avoir parlé avec des collègues je sais que je ne suis pas un cas isolé », s’inquiète Mireille, gérante d’un hôtel/spa à Châteauroux. D’où l’importance de prolonger les mesures de soutien pour ces secteurs particulièrement impactés, comme cela a été décidé avec le dispositif de prise en charge des coûts fixes, qui remplacera le fonds de solidarité à partir du mois d’octobre.
Pour en savoir plus : Aides aux coûts fixes : Quelles seront les entreprises concernées
Les grandes enseignes tirent leur épingle du jeu
Si les indépendants, et certains secteurs d’activité spécifiques, sont donc toujours affectés par la crise, les grandes enseignes semblent de leur côté tirer mieux parti de la reprise. Le dernier bilan de la Fédération Procos fait ainsi état d’une hausse des ventes des acteurs du commerce spécialisé de +3,4 % en septembre 2021 par rapport à septembre 2020, et même à +1,3 % par rapport à septembre 2019. Des bons chiffres à mettre au crédit des bonnes performances des ventes en ligne des enseignes physiques. « Les ventes web des enseignes restent en forte croissance : + 37% en septembre et + 36% sur la période janvier-septembre par rapport à 2020 », confirme Procos dans son rapport. Les derniers chiffres publiés par la Fevad (Fédération de la vente à distance), confirment également ce dynamisme des ventes en ligne pour les gros acteurs du commerce physique.
Il en est de même pour les indépendants très présents sur le net, qui dans l’ensemble parviennent à mieux encaisser cette crise. A l’image d’Aline Tran, gérante d’un concept store dédié à la lingerie et l’érotisme, et qui témoignait récemment dans nos colonnes de l’impact des réseaux sociaux, et plus généralement du référencement web, sur la fréquentation au quotidien dans sa boutique.
Lire aussi : « Les commerçants doivent apprendre à mieux utiliser les réseaux sociaux »
Faut-il en conclure que le web serait le remède miracle aux difficultés des commerçants ? « On ne peut évidemment pas résumer aussi facilement, mais une chose est certaine, c’est qu’aujourd’hui il est indispensable de développer de nouveau canaux de vente et de communication, et notamment sur le web », conclut Olivier Benoît, consultant chez Solutions Boutiques, société spécialisée dans l’équipement informatique et les formations web/réseaux sociaux pour les commerçants indépendants. Le message est passé.
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Croire que le web va sauver la situation est évidemment totalement faux. Evidement, si vous posez la question à quelqu’un qui propose ce type de services, il ne va pas vous dire le contraire ! Il faut garder en tête que les outils numériques (réseaux sociaux, vente en ligne, fidélisation…) ne sont que “des outils”. Un outil n’a de sens que si vous avez des projets bien pensés et que vous savez vous en servir. Passer au e-commerce est très loin d’être une solution magique et beaucoup s’en mordent les doigts. Ils se sont laissés tenter car des aides financières… Lire la suite »
je voulais dire retrait en périphérie de ville
que la mairie se débrouille pour trouver une grande cellule commerciale en centre ville pour ikéa avec un retrait des marchandises et là vous aurez du monde
La fin des aides risque d’être une catastrophe mais il y a aussi l’urssaf des salariés qui n’a pas été payé pendant le covid, cela représente des sommes considérables.
De source très bien informé, les magasins physiques des grandes surfaces alimentaires souffrent, le prix et la qualité des fruits et légumes y sont pour beaucoup, leur fins de mois sont très difficiles. Je ne les plains pas mais l’ambiance est loin de l’optimisme de nos gouvernants. et quand les factures de gaz et d’électricité vont arriver plus l’essence ,l’explosion sociale est très proche.