L’activité des commerces indépendants de nouveau en baisse au mois de mai 2023

Le contexte économique difficile pénalise toujours l’activité des commerçants, notamment ceux installés en centre-ville. A cela s’ajoute un bouleversement des habitudes de consommation, qui se fait là encore au détriment des indépendants.

activité des commerçants en fin d'année 2022
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Les mois se suivent, et malheureusement se ressemblent pour les commerçants. Alors que la consommation tourne déjà au ralenti depuis plusieurs mois, la multiplication des longs week-ends au mois de mai pouvait laisser entrevoir un possible sursaut d’activité. Il n’en fut rien, en tout cas pour une majorité de professionnels. C’est ce qui ressort de la grande consultation que la rédaction de lechommerces.fr a menée du 2 au 6 juin 2023, et à laquelle pas moins de 4 365 commerçants indépendants ont répondu, tous secteurs d’activité confondus (mode, CHR, alimentaire, coiffure/esthétique, librairie…)

activité commerce mai 2023
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Ainsi seulement 15,55% des répondants estiment que leur niveau d’activité s’est amélioré au mois de mai 2023, par rapport à la même période l’an passé. Quand 21,71% considèrent qu’elle s’est stabilisée, et 61,91% qu’elle s’est inscrite à la baisse ! « On reste dans la même dynamique que les mois précédents pour ma part. Le pouvoir d’achat s’étiole, et du coup les clients attendent encore plus qu’auparavant les promotions. Et c’est pareil pour tout le monde ! Dans ce contexte, c’est de plus en plus difficile de travailler », partage ainsi Sandrine, détaillant en prêt-à-porter femme, à Lille.

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Un témoignage qui fait écho pour de nombreux commerçants du secteur de la mode, qui subissent depuis déjà de nombreuses années l’anarchie qui règne autour de la fixation des prix de vente, et pénalise particulièrement les indépendants. Sans aucune intervention des pouvoirs publics…

La hausse des prix et des coûts de production n’épargne personne

Les commerçants du secteur de la mode ne sont pas les seuls à souffrir du contexte économique actuel. De la restauration, à la coiffure, en passant par l’alimentation, ou encore l’ameublement/décoration, tous les secteurs sont impactés. A l’image de Stéphane, gérant d’un bar/restaurant à Marseille. « D’habitude on marche assez fort à cette période de l’année, et avec la succession de jours fériés accolés à des week-ends je pensais que ça nous avantagerait davantage, mais non. Alors certes cela n’a pas été catastrophique, et il faut aussi parler de la météo plutôt mauvaise dans l’ensemble qui n’a pas aidée, mais si l’on prend en considération que nos charges fixes ont largement augmenté depuis l’année dernière, on est perdant », partage-t-il.

Ou encore Léonie, gérante d’un salon d’esthétique près de Bordeaux. « Les clientes viennent moins souvent, et quand elles sont là elles dépensent moins qu’auparavant, ou parfois même demandent s’il y a des rabais. C’est dur pour tout le monde », ajoute-t-elle. Plus de 80% des commerçants participants à l’enquête affirment ainsi ressentir les effets de l’inflation sur le panier moyen de leurs clients. « Même dans mon cas, et bien que j’ai fait un mois plutôt correct, je constate que les clients dépensent moins. Heureusement que j’ai pu compter sur une nouvelle clientèle grâce à la construction d’un lotissement juste à côté de mon établissement, sinon je pense que je serais également en perte », reconnait ainsi Mehdi, dirigeant d’une épicerie, dans la banlieue de Reims.

Inflation mai 2023
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Aménagement du territoire et nouvelles habitudes de consommation

Si l’inflation toujours persistante au mois de mai (+5,1% en mai 2023 vs 2022, dont +14,1% sur les produits alimentaires) pose problème à de nombreux commerçants, elle n’est pas la seule pointée du doigt pour expliquer les baisses d’activité. « A Strasbourg, nous subissons depuis plusieurs années une politique de restrictions de stationnement des voitures qui devient de plus en plus pénalisante pour notre activité. Je ne suis pas contre la piétonnisation et les transports en commun, mais n’oublions pas aussi que la voiture reste un moyen de déplacement privilégié. A force de la bannir, on favorise l’activité des zones périphériques plutôt que de nos centres-villes », regrette ainsi Mélanie, détaillante en prêt-à-porter. Des plaintes sur l’aménagement du territoire au détriment de la voiture qui reviennent régulièrement dans les discours des commerçants, notamment dans les grandes agglomérations.

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Nombre de professionnels mettent aussi en avant de profonds changements dans les habitudes de vie et de consommation des Français, qui expliqueraient cette baisse prolongée de l’activité. « J’ai de plus en plus l’impression que les Français sont de moins en moins intéressés à dépenser leur argent dans les commerces de proximité. A l’inverse, j’en entends beaucoup me dire qu’ils font attention à leurs dépenses au quotidien pour profiter d’un voyage à l’étranger », partage ainsi Sarah, gérante d’une boutique de décoration à Toulouse. Pour Patricia, coiffeuse à Nanterre, c’est la démocratisation du télétravail qui est à l’origine de la baisse de fréquentation dans son établissement. « Historiquement j’avais une assez grosse clientèle de femmes qui travaillaient dans les bureaux aux alentours, à cause du télétravail j’en ai perdu au moins la moitié », déplore-t-elle.

Tous pour autant ne sont pas perdants. A l’image d’Eugénie et Sylvain, qui tiennent un concept store mode/beauté/alimentaire, à Vannes. « Pour notre part le télétravail nous a beaucoup profité. Une grande partie de nos clients sont salariés en Ile-de-France, mais comme aujourd’hui ils ont la possibilité de travailler à leur domicile, nous récupérons de nouveaux clients. Pour le moment, nous réalisons un très bon début d’année, malgré la hausse des charges fixes qui reste tout de même difficile à supporter », admet la gérante.

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La saison estivale sera-t-elle salvatrice ?

Dans ce contexte pour le moins difficile, une majorité de commerçants se montrent sans surprise plutôt pessimistes (53,64%) sur les perspectives d’activité pour les semaines et mois à venir. Quand 36,33% se disent « juste confiants ».

perspective mai 2023
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Seuls 5,68% se montrent optimistes, sur les quelques 4 365 réponses obtenues de commerçants. A l’instar de Yohann, gérant d’un bar/restaurant, à Bordeaux. « Pour ma part, je suis convaincu que la saison estivale sera bonne pour les commerçants. Les Français vont vouloir partir en vacances, et vu le prix des billets d’avion, à mon avis beaucoup vont faire le choix de découvrir ou redécouvrir notre beau pays. Et même sans ça, avec l’arrivée des jours longs et du beau temps, on ressent quand même un peu moins cette ambiance négative qui plombe le moral des Français, et donc forcément la consommation. A nous de leur redonner le sourire pour remplir nos centres-villes ! », lance-t-il.

Un message d’espoir qui fait du bien à entendre. Reste à savoir si cela sera suffisant… A suivre.

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