Faut-il passer un savon à Castex ?

Alors que la prévention des risques contre le virus préconise l’usage régulier du savon pour le lavage des mains, les savonneries artisanales se retrouvent une nouvelle fois dans la situation ubuesque de ne pas pouvoir ouvrir leurs boutiques décrétées comme… non essentielles !

Si le port du masque ne fait désormais plus débat pour la prévention de l’épidémie, un geste simple de prévention fait lui aussi l’unanimité, le lavage des mains. Un geste vieux comme le monde civilisé et qui nécessite juste de prendre un savon. Un produit simple et plus efficace que le gel hydroalcoolique contre les maladies selon l’OMS, autant dire un produit… essentiel.

Mais si le produit est essentiel, les commerces qui le vendent ne sont pas tous jugés, en France comme en Belgique, comme essentiels. Lorsqu’un commerce vend des produits alimentaires par exemple, le savon fera partie des produits essentiels libre à la vente. Mais si le commerce ne vend que du savon, telles les savonneries artisanales, il est considéré comme « non essentiel » alors qu’il ne propose que des produits essentiels ! Raymond Devos en aurait fait ses choux gras, à moins qu’une thèse de philosophie ou de mathématique nous démontre qu’un local rempli de produits essentiels est forcément non essentiel !

Lire aussi : La vente en ligne, rempart contre la baisse d’activité des commerçants

Si le côté absurde prête à sourire, l’ambiance n’est pas à la fête pour les gérants de savonneries artisanales. Déjà lors du second confinement Alexandra, jeune créatrice de La Fabrique Savona, témoignait ainsi dans le groupe d’entraide des commerçants indépendants « Mes produits sont prêts et je comptais sur les marchés de Noël pour enfin commencer à vendre ». Une troisième fermeture administrative qui passe mal auprès d’une profession qui a déjà subi des pertes substantielles l’année dernière « pendant le premier confinement, on a beaucoup souffert de la fermeture des instituts de beauté. Sur la dizaine de foires annuelles, on en a fait qu’une », déploraient ainsi sur France 3 région, Robin Van Haaren, producteur de savons au lait d’ânesse en Moselle. Et s’il continue de vendre ses savons sur internet et dans les épiceries restées ouvertes, il n’en accuse pas moins une perte de 50% de son chiffre d’affaire.

Malgré tous ces déboires, les savonniers ont décidé de ne pas se plaindre, mais juste de “Passer un savon à l’épidémie de COVID”. C’est le slogan choisi par les fabricants de savon artisanal pour leur campagne lancée sur les réseaux sociaux et dont le but est de mettre en avant la qualité de leurs produits.

Collectif #savonniersmobilisés

Alors faut-il passer un savon à Castex ? Avouons que la tentation est grande, même s’il faut le reconnaître, « l’enfer de Matignon » ne doit pas être simple à vivre en cette période de tensions Covid. Dans les hôpitaux, mais aussi avec les accumulations de colères des commerçants, restaurateurs, artistes et autres professions maladroitement nommées non essentielles. De quoi donner des sueurs froides à notre premier ministre et de là à justifier le besoin d’un savon ! Et, si faute de lui passer un savon, chaque savonniers français envoyait son savon artisanal à Jean Castex ?

Si vous êtes savonnier artisanal, emballez votre savon dans un colis adressé à Jean Castex, Hôtel Matignon, 57 rue de Varenne, 75007 Paris. Et, prenez vous en photo avec votre savon et le colis destiné au premier ministre, nous partagerons ensuite votre photo sur nos réseaux sociaux afin de mettre en avant votre production et votre savoir-faire.

  Cet article vous a été offert !
Abonnez-vous et soutenez le média qui défend les commerçants indépendants.

Je m’abonne