Commerce : Quels sont les secteurs qui défient la crise ?

Le chiffre d’affaires généré par les enseignes du commerce a été légèrement supérieur en 2022, par rapport à la période d’avant crise sanitaire. Une hausse en trompe l’œil, boostée artificiellement par l’inflation. Certains secteurs enregistrent tout de même des bonnes performances, quand d’autres continuent de dégringoler. Décryptage.

A l’instar des commerçants indépendants, les grandes enseignes aussi peinent à retrouver leur niveau d’activité d’avant crise sanitaire. C’est en tout cas ce que révèle Procos dans son bilan de l’année 2022. Le chiffre d’affaires réalisé en point de vente physique apparait ainsi en très légère hausse (+1,3%), mais cette amélioration est avant tout le résultat de la forte inflation observée ces derniers mois. Et notamment en fin d’année. « Pour le commerce spécialisé, le très faible accroissement des ventes magasins des enseignes en octobre et novembre (+1,5%) cache en fait une baisse des volumes vendus puisque dans le même temps, les prix des produits ont augmenté de 3 à 5% par rapport à la même période en 2022 », relate Procos. Un constat qui vaut plus généralement pour l’ensemble de l’année 2022.

La mode et la restauration en baisse, l’alimentaire et l’équipement de la maison toujours en hausse

Si la situation économique reste dans l’ensemble compliquée pour les enseignes, certains secteurs d’activité parviennent tout de même à tirer leur épingle du jeu, quand d’autres apparaissent toujours en difficulté. C’est le cas notamment de la restauration (-15,9% versus 2019), les cadeaux-jouet (-9,7%), la chaussure (-8,5%) ou encore l’habillement (-2,6%). Des chiffres d’autant plus mauvais que, rappelons le, ils ne sont pas corrigés des effets de l’inflation, qui gonfle mécaniquement le chiffre d’affaires des enseignes. A prix constant, la baisse d’activité est ainsi beaucoup plus importante.

A l’inverse, l’alimentaire spécialisé (boulangeries-pâtisseries, boucheries-charcuteries, poissonneries, primeurs…) et l’équipement de la maison enregistrent de bonnes performances (voir ci-dessus), une tendance qui n’a pas bougé depuis le début de la crise sanitaire. Une dynamique que connait également le secteur du sport (+10% vs 2019). A l’inverse, certaines activités qui avait connu un boom particulièrement important en 2020 et 2021 ont vu leur niveau d’activité revenir à la normale. C’est le cas par exemple du secteur du bricolage (-0,8% vs 2019), ou encore de l’électroménager et l’électronique. La jardinerie, qui a vu son activité baisser par rapport à 2021, reste en revanche toujours en croissance de +9% par rapport à 2019.

Autre tendance, les achats plaisirs tels que les bijoux ont retrouvé une dynamique forte, soutenue par le retour des cérémonies (mariages…) reportées à cause des confinements. Egalement, les activités numériques telles que la vidéo ou les jeux ont poursuivi leur croissance, malgré la fin des impacts du Covid et la mobilité retrouvée. « Le Covid a incontestablement généré une augmentation de la numérisation de la société avec des impacts sur l’augmentation des activités à domicile (loisir, travail…) », constate ainsi Procos.

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A noter également qu’au sein même de chaque secteur, les acteurs ne vivent pas la situation de la même façon et cette polarisation est fortement accélérée par l’inflation. « Le discount et le marché de l’occasion surperforment, de même que, dans les différents secteurs, ceux qui ont la meilleure image prix. A l’autre extrémité du spectre, le positionnement luxe est moins impacté car les consommateurs qui achètent ces biens sont beaucoup moins sensibles aux hausses de prix », décrypte Procos.

Quid de 2023 ?

Dans ce contexte, et alors que l’inflation devrait se maintenir à un niveau élevé au cours des six prochains mois, avant un possible ralentissement en fin d’année, Procos ne se montre pas véritablement optimiste concernant les perspectives d’activité pour les mois à venir. D’autant qu’à cette problématique inflationniste s’ajoute aujourd’hui celui du remboursement des PGE et autres dettes sociales contractées pendant la période du Covid. « Dans une telle situation, difficile de vendre plus ou d’augmenter suffisamment les prix, donc le volume de marge diminue. Dans des activités à faible marge telles que le commerce de détail, la trésorerie et le résultat des entreprises sont immédiatement impactés. La capacité de résilience de chaque enseigne dépend du niveau de cash et donc de la capacité pour investir et se transformer », analyse Laurence Paganini, présidente de Procos.

A découvrir, notre dernière enquête exclusive : Commerce : 10 secteurs en croissance et accessibles aux indépendants !

Face à cette conjoncture dégradée, seul élément de certitude, les ventes en ligne vont continuer à progresser dans les années à venir. En 2022, les commerçants physiques ont vu le chiffre d’affaires de leur site e-commerce progresser d’en moyenne 45% par rapport à 2019 ! Une dynamique qui incite de plus en plus de commerçants à franchir le pas de la vente en ligne, avec pour certains de véritables success story à la clé (voir notre enquête : Leur site marchand cartonne, ils révèlent leurs secrets). Tous les indicateurs le montrent, le commerce de demain sera, quoi qu’il en soit, de plus en plus connecté. Une piste à explorer, si ce n’est déjà fait, par les commerçants indépendants.

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