Échec des marketplaces locales : Plus de 5 millions d’euros engloutis !

La Cour des Comptes a examiné l’évolution de la politique de l’Etat en faveur du commerce de proximité au cours des cinq dernières années. Et s’est notamment penchée sur les dispositifs d’aide à la digitalisation mis en place durant la période de crise sanitaire. Verdict.

Echec des marketplaces locales
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Les dispositifs mis en place par le gouvernement durant la crise sanitaire afin d’aider les commerçants à digitaliser leur activité se sont avérés peu efficaces et relativement couteux pour les finances publiques. C’est en tout cas ce qui ressort globalement de ce long rapport publié récemment par les magistrats de la Cour des comptes, intitulé « La politique de l’État en faveur du commerce de proximité ». Ces derniers pointent notamment le peu d’efficacité de deux dispositifs phares, à savoir le chèque numérique d’un montant de 500€ mis en place en novembre 2020, mais surtout les subventions accordées pour la création de marketplaces locales.

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Le chèque numérique, un dispositif peu cadré ni adapté aux besoins

Première aide dans le viseur de la Cour des comptes, le chèque numérique de 500€ instauré au cours du second confinement de l’automne 2020. Selon le décompte effectué par les magistrats, 37 705 chèques numériques ont bénéficié aux commerces de proximité, pour un montant payé de 18,5 M€. Parmi les secteurs qui ont le plus bénéficié de ce chèque numérique, on peut noter une représentation importante des agences immobilières (15,1% des bénéficiaires) ou encore des photographes (6,2%), compte tenu du faible nombre d’établissement dans ce dernier secteur, par rapport à l’ensemble du tissu commercial. Les instituts de beauté (11,7%), ainsi que les salons de coiffure (10,4%), font également partie des professions qui ont le plus sollicité ce dispositif.

Commerces de proximité bénéficiaires du chèque numérique

commerces bénéficiaires chèque numérique
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Pour vérifier l’efficacité de ce dispositif, la Cour des comptes a vérifié un échantillon de 50 demandes d’aides émanant d’entreprises du commerce de proximité en sélectionnant des dossiers présentant un montant de dépenses éligibles de 450€ (assiette minimale) ou 500€. L’analyse de ces 50 dossiers, dont 62% présentaient une justification de la dépense de moins de 500€, montre que :

  • 8% des demandes n’étaient pas éligibles, s’agissant d’achat de matériel informatique, avec une des factures adressée intuitu personae et non à la dénomination du commerce.
  • 4% des chèques numériques ont été justifiés par un devis à la place d’une facture.
  • 4% des justifications font apparaître un taux de TVA à taux réduit de 10%, qui ne devrait pas concerner les services de numérisation d’un commerce.
  • Enfin, lors du contrôle réalisé par la Cour début 2023, l’objet de la dépense n’a pas pu être vérifié pour 26% des dossiers (absence de site vitrine, de référencement google, de site internet dédié), dont 15% concernent des établissements fermés en 2023.

Des résultats peu satisfaisants dans l’ensemble, même s’il convient également de noter que selon deux enquêtes publiées par l’Agence de Service et de Paiement (ASP), en mai puis en décembre 2021, auprès de 800 entreprises, « 22% estiment que le chèque leur a permis de débuter la numérisation de leur activité et 47% d’aller plus loin dans cette démarche. Mais 29% des bénéficiaires indiquent que ce sont des dépenses courantes qui ont été financées ».

Le soutien aux plateformes locales de ventes en ligne : un échec

Concernant les subventions accordées par l’Etat pour la création de marketplaces locales, vitrines numériques, ou autre solutions de fidélisation, la Cour des comptes se montre encore plus sévère dans son jugement. Au total, 604 collectivités ont sollicité une subvention étatique, pour un total de 5,3 M€. « La très grande majorité des solutions financées (presque huit sur dix) ont été des places de marché locales, loin devant les vitrines numériques (10%) et les bons d’achat (10%) », détaille la Cour des comptes. Avec des résultats globalement décevants.

Selon l’évaluation approfondie de la Banque des Territoires, ces solutions, mises en place rapidement, n’ont pas eu l’impact attendu, tant au niveau de l’adhésion des commerçants que de la fréquentation du public et des ventes générées. Ainsi, seuls 22% des commerçants considèrent que la plateforme a eu un impact dans le temps sur leur chiffre d’affaires, 37% qu’elle n’a pas eu d’impact, et 29% qu’elle n’a eu un impact que pendant la période de fermeture des commerces. La majorité des collectivités considèrent pour leur part que la mise en place de la plateforme n’a pas eu d’impact sur la fréquentation du centre-ville (54%), un quart estime qu’elle a eu un impact ponctuel (27%). Seules 8% des collectivités font état d’un impact durable.

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« À l’issue des deux années de subventionnement, la plupart des plateformes locales ont fait face à un constat d’échec. Plusieurs acteurs rencontrés par la Cour ont manifesté leur volonté de mettre fin au dispositif (villes de Rambouillet et de Châteauroux) ou de faire évoluer le modèle (cas de la plateforme « Ma Ville, Mon Shopping » qui fonctionne depuis novembre 2021 comme une place de marché nationale). La mesure a pu encourager une prise de conscience des enjeux de la digitalisation et favoriser la coopération entre les commerçants. Mais son impact apparaît peu significatif par rapport à son coût », conclut la Cour des Comptes. Rappelons que dès le mois de juin 2020, Dominique Moraux, consultante et formatrice depuis plus de 20 ans dans le commerce, publiait une tribune sur lechommerces.fr, afin d’alerter sur le peu de garantie qu’offraient ces marketplaces locales aux commerçants. A raison donc…

Quelles solutions digitales pour les commerçants ?

La difficulté pour ces marketplaces de se faire connaître auprès du grand public explique en grande partie l’échec de ces solutions locales, d’autant que les commerçants disposent de peu de temps et de ressource pour la digitalisation de leur activité. Pourtant, et le rapport de la Cour des comptes le souligne à plusieurs reprises, cette digitalisation, que ce soit à travers un site e-commerce, ou ne serait-ce que les réseaux sociaux ou un meilleur référencement sur les moteurs de recherche, devient de plus en plus indispensable.

Les commerçants qui s’impliquent réellement dans ce processus de digitalisation obtiennent des résultats concrets (voir notre enquête : Leur site marchand cartonne, ils révèlent leurs secrets). Pour cela en amont, il convient de définir une véritable stratégie digitale et de maitriser un minimum ces outils digitaux, d’où la nécessité de se former. D’autant qu’en tant que chef d’entreprise, les indépendants disposent d’un budget dédié à la formation professionnelle.


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