Axa affirme que les commerces ont fermé volontairement !

Le restaurateur Stéphane Manigold a assigné en référé son assureur AXA au titre de la non-application de sa perte d’exploitation. D’une évidente mauvaise foi, AXA joue sur les mots, pour tenter de s’exonérer de ses responsabilités.

Stéphane Manigold, invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV, le mardi 12 mai.

« Axa refuse d’indemniser les pertes d’exploitation consécutives à la fermeture administrative d’un de mes restaurants alors que ma police d’assurance prévoit expressément une extension pour les pertes d’exploitation en cas de fermeture administrative imposée par les services de police ou d’hygiène ou de sécurité ». Dès le 16 avril, Stéphane Manigold, président de Maison Rostang (Groupe Eclore), dénonçait la non-application des termes de son contrat d’assurance, et assignait son assureur AXA en référé. Une demande de prise en charge des pertes d’exploitation réclamée également par des milliers de commerçants auprès de leurs assureurs respectifs, essuyant eux aussi des refus catégoriques, avant que « le front des assureurs » se fissure et que certaines compagnies accordent des gestes commerciaux, voire des indemnités de quelques milliers d’euros.

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Mais la position du second groupe d’assureur mondial n’a pas bougé d’un iota. Sous couvert d’une interprétation juridique surprenante, pour ne pas dire méprisante : « Axa affirme que l’ensemble des établissements n’a pas fermé sous la contrainte mais volontairement ! Il n’aurait jamais été ordonné aux restaurants de fermer. Nous l’aurions fait par choix ! C’est tout simplement insupportable », s’est insurgé Stéphane Manigold ce mardi 12 mai lors de l’audience devant le tribunal de commerce de Paris. Et d’en appeler au soutien de l’Etat au micro de Jean-Jacques Bourdin sur RMC. « Nous ne pouvons pas être seul dans ce combat, Bruno Le Maire, s’il vous plaît donnez-nous la preuve qu’Axa ment. Axa essaye de nous prendre en otage ». Soulignant « la position scandaleuse d’un grand groupe français ». Et de fait, pour s’exonérer de ses responsabilités, AXA, invoque par l’intermédiaire de ses avocats, que l’arrêté du 14 mars pris par le gouvernement, s’il interdit au restaurateur d’accueillir du public, « n’a aucunement ordonné la fermeture des restaurants » et par conséquent la fermeture de son bistrot « résulte donc de sa seule décision volontaire et non contrainte ». Ce qui revient à dire que le restaurant pouvait rester ouvert, tout en étant fermé au public ! Oncle Picsou n’aurait pas trouvé mieux. Un trait d’humour qui ne fera pas sourire longtemps les restaurateurs, mais aussi tous les commerces fermés à cette date et qui n’ont pas obtenu la prise en charge de leurs préjudices à hauteur de leurs dommages. Verdict du Tribunal de commerce de Paris ce vendredi 22 mai.

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