Absentéisme au travail : Quelles sont les entreprises les plus impactées et quelles solutions pour les employeurs ?

42% des salariés se sont vu prescrire un arrêt maladie en 2024, un niveau équivalent à celui observé en 2023. Mais toutes les entreprises ne sont pas impactées de la même manière. Explications.

hausse des arrêts de travail
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C’est une tendance que tous les chefs d’entreprises ont pu constater ces dernières années : le taux d’absentéisme au travail en raison d’arrêt maladie ne cesse de progresser. Les chiffres sont d’ailleurs là pour en attester. Le montant total des indemnités journalières (IJ) pour maladie a ainsi augmenté de 28,9 % entre 2010 et 2019 puis de 27,9 % entre 2019 et 2023, selon le dernier rapport publiée par la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam).

« Pour les entreprises françaises, le manque à gagner lié à l’absentéisme pour cause maladie est estimé à 100 milliards d’euros par an ! »

Une problématique qui fait courir des risques importants sur la pérennité de notre système de santé, en témoigne les comptes très fortement dégradés de l’Assurance Maladie (voir graphique ci-dessous). Sans compter que les entreprises en paient aussi le prix fort. L’absentéisme au travail représente aujourd’hui 1,3 million d’emplois perdus et un manque à gagner pour les acteurs du privé estimé à 100 milliards d’euros par an ! Une baisse conséquente de recettes qui impacte en premieu lieu les grandes entreprises, mais également de plus en plus de TPE et PME, comme le relève le dernier baromètre annuel du groupe mutualiste Malakoff Humanis. Récapitulatif.

Déficit de l’Assurance Maladie depuis 2020 et prévisions de la Commission des Comptes de la Sécurité Sociale

Déficit de l’Assurance Maladie depuis 2020 et prévisions de la Commission des Comptes de la Sécurité Sociale de juin
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De plus en plus d’arrêts maladies au sein des TPE et PME

C’est l’un des principaux enseignements de ce baromètre. Le taux d’absentéisme pour cause maladie a fortement progressé dans les entreprises de moins de 50 salariés depuis 2020 (voir graphique ci-dessous). Les entreprises comptant entre 10 et 49 salariés sont les plus impactés, avec un taux d’absentéisme passant de 37 % en 2020 à 50 % en 2024 ! Pour les TPE de moins de 10 salariés, la tendance est également haussière, mais dans de moins grande proportion, passant de 24 % en 2020 à 28 % en 2024.

Taux de prescription d’arrêt de travail en fonction de la taille de l’entreprise

Taux de prescription d'arrêt de travail en fonction de la taille de l'entreprise
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A noter tout de même que le taux d’absentéisme pour maladie a baissé depuis 2020 dans les entreprises de plus de 1000 salariés, passant de 43 % à 38 %. Il s’agit ainsi de la seule catégorie d’entreprises qui voient son taux d’absentéisme diminuer.

Les arrêts maladies explosent chez les moins de 30 ans

Autre tendance remarquable mise en avant dans le baromètre, les 18-30 ans affichent un taux de prescription d’arrêts maladie supérieur à la moyenne des salariés. 49 % des actifs de moins de 30 ans se sont ainsi fait prescrire au moins un arrêt maladie en 2024, soit 7 points au-dessus de la moyenne des salariés et 12 points au-dessus de celle des 50 ans et plus ! La maladie ordinaire reste le premier motif d’arrêt de travail, devant les motifs relevant des troubles psychologiques, qui ont fortement progressé ces dernières années.

A noter que le taux d’arrêt maladie diminue au fur et à mesure que l’âge avance, puisqu’il s’établit donc à 49 % pour les 18-30 ans, à 45 % pour les 30-39 ans, à 41 % pour les 40-49 ans, à 34 % pour les 50-59 ans, et enfin à seulement 26 % pour les 60 ans et plus ! Preuve en est, à contre courant des idées reçues, que les séniors ont toujours leur place sur le marché du travail. Même s’il convient tout de même de souligner que le taux d’arrêts longue durée, qui représentent l’essentiel des dépenses de l’assurance maladie, sont plus importants au fur et à mesure que l’âge des salariés progressent.

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Les arrêts courts en augmentation, les arrêts multiples se stabilisent

A l’inverse, les jeunes actifs sont davantage représentés dans ce que l’on appelle les arrêts courts (moins de 3 jours), et sont plus nombreux à avoir demandé un arrêt maladie à leur médecin (27 % contre 20 % pour l’ensemble des salariés). « Cette tendance est en hausse de 11 points par rapport à 2019 », souligne Malakoff Humanis dans son baromètre. Au total, toute catégorie d’âge confondus, les arrêts courts représentent 30 % de l’ensemble des arrêts maladies, les arrêts moyens (4 à 30 jours) représentant 60 % des arrêts, et les arrêts long (plus de 30 jours), 10 % des arrêts.

En revanche, la poly-absence – qui concerne les salariés ayant connu 2 absences ou plus dans l’année – se stabilise à 42 % du total de l’absentéisme. Mais là encore, ce taux reste supérieur à la période pré Covid, et pèse de plus en plus sur la vie quotidienne des entreprises, alors même qu’elles font face ces dernières années à des difficultés accrues de recrutement. A l’image de ce que constate Stéphane, gérant d’un bar/restaurant à Marseille, et qui emploie jusqu’à 20 personnes au plus fort de la saison estivale. « Même si je suis de plus en plus vigilant sur mon recrutement, il y a toujours un ou deux salariés qui vont régulièrement se mettre en arrêt maladie pour une raison ou une autre. Ca va commencer par un mal à la tête, puis un autre jour ce sera une douleur dans le bras, et ce n’est pas rare que ça finisse en burn out au bout de même pas deux mois… Le problème c’est qu’en tant que chef d’entreprise ça nous contraint à devoir trouver une solution de dernière minute, au détriment de notre vie personnelle très souvent, et mentalement ça devient de plus en plus usant à gérer », partage-t-il.

Un témoignage qui fait écho chez les commerçants, qui sont de plus en plus nombreux à faire face à ce problème. « J’ai l’impression que ça s’est aggravé ces dernières années, à tel point que certains ne prennent même plus la peine de justifier leurs absences », regrette Elodie, gérante d’un salon de coiffure à Calais.

Constatez-vous également dans votre entreprise une augmentation de l'absentéisme ces dernières années ?

Quelles solutions pour les chefs d’entreprises ?

Dans ce contexte, certaines entreprises, et notamment parmi les commerçants, ont décidé de prendre des mesures proactives ces dernières années afin de limiter ce surcout lié à l’absentéisme au travail. C’est le cas par exemple de Léonie, qui emploie 12 personnes dans sa franchise de prêt-à-porter féminin, à Toulouse, et a réussi à faire baisser l’absentéisme en récompensant la présence au travail. « Il y a 3 ans, j’ai décidé de mettre en place une prime d’intéressement basée sur le présentiel, et rapidement j’ai pu constater que ceux qui avaient tendance à s’absenter pour les petits soucis de la vie que nous avons tous (enfants malades, rendez-vous personnels…) se sont mis à trouver des solutions », explique-t-elle.

En parallèle, elle a aussi décidé d’être proactive lors de chaque absence injustifiée. « C’est quelque chose que je ne laisse plus du tout passer. Si il ou elle n’a pas de justificatif, je n’hésite pas à prendre des sanctions en fonction de la situation. L’année dernière, j’ai même décidé de licencier pour faute grave une de mes salariées qui s’absentait régulièrement sans justificatif. Cela n’a pas été simple, il a fallu respecter une procédure assez longue pour être sûre que je sois bien dans mon droit, mais l’avantage c’est que cela a mis un coup de pression à l’ensemble de mon équipe », poursuit elle.

« En tant qu’employeur, nous avons la possibilité de contrôler le bien fondé d’un arrêt maladie. Quand on a un doute, il ne faut pas hésiter à demander une visite de contrôle, c’est notre droit »

Avant de sanctionner, Sarah, consultante en ressource humaine, recommande de son côté de parvenir à trouver une issue par le dialogue. « Un salarié qui s’absente régulièrement est souvent une personne qui a perdu de la motivation, il faut réussir à la remobiliser, chercher à comprendre pourquoi elle s’absente aussi souvent et tenter de trouver une solution par le dialogue, c’est aussi ça le rôle d’un chef d’entreprise. Après, bien entendu, si la personne fait preuve de mauvaise foi, il faut rapidement prendre les devants et sanctionner », conclut-elle.

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Le cas échéant, il est vivement recommandé de vous faire accompagner par un professionnel, que ce soit un avocat spécialisé dans le droit du travail, votre cabinet comptable ou vous pouvez également vous rapprocher de votre syndicat professionnel.

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