2022 : Nouvelle année de crise pour les commerçants ?
Une majorité de commerçants déclarent un chiffre d’affaires en baisse depuis le début de l’année. Et les prochains mois se présentent avec beaucoup d’incertitudes, notamment en raison du contexte inflationniste…
Tout juste sortis de la crise sanitaire, les commerçants vont-ils connaître à nouveau une année difficile en 2022 ? La question mérite d’être posée, au vu des mauvais chiffres enregistrés par les acteurs du commerce depuis le mois de janvier. Et notamment lors de ces dernières semaines, marquées par le conflit ukrainien, et le retour d’une forte inflation (+4,8% en avril, après +4,5% en mars). « La hausse du coût de la vie a un gros impact sur notre activité. On sent que les clients font plus attention dans leurs dépenses, les additions sont moins élevées, et à côté de ça, nos coûts augmentent… », témoigne ainsi Sandrine, restauratrice à Angers. Même son de cloche à Mulhouse pour Mélanie, détaillante en prêt-à-porter femme : « C’est vraiment en dent de scie. Certains jours on peut réaliser de belles ventes mais à l’inverse il m’est arrivé plusieurs fois depuis le début de l’année de me demander pourquoi j’ouvrais ma boutique, tant c’était désert », partage-t-elle.
Les résultats du sondage que nous avons mené du 29 avril au 10 mai montre ces difficultés éprouvées par une majorité de commerçants. Plus de 75% des répondants estiment ainsi que leur activité a diminué au cours de ces dernières semaines ! Et une minorité seulement déclarent à l’inverse un chiffre d’affaires en hausse.
L’alimentaire et l’équipement de la maison tirent leur épingle du jeu
Dans ce contexte délétère, seuls deux secteurs d’activité parviennent aujourd’hui a enregistré de bons chiffres : l’alimentaire spécialisé (épicerie fine, chocolat…), porté notamment par le week-end de Pâques (+26% au mois d’avril), et l’équipement de la maison (+ 8,1% en point de vente). Ce sont les chiffres relevés par la fédération du commerce spécialisé, Procos. « Une bonne nouvelle même s’il faut relativiser car l’impact calendaire (un samedi de plus) limite la comparabilité réelle », précise tout de même Procos. Qui note à l’inverse que « la beauté-santé (-7,8%), la chaussure (-4,2%), les jouets-jeux-cadeaux (-2,9%) et la restauration (-18%) sont encore sensiblement en dessous malgré les effets calendaires positifs ».
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En cumulé depuis le début de l’année, l’activité des magasins physiques s’inscrit ainsi à la baisse de -9% par rapport à 2019, tandis que la fréquentation en point de vente chute quant à elle de 20% ! « A l’exception de l’alimentaire spécialisé (+ 17,3% entre janvier-avril 2022 vs 2019), les ventes magasin de tous les autres secteurs restent en retrait par rapport à 2019, même l’équipement de la maison (-2,3%), textile (-12,2%), restauration (-14 %), chaussure (-12,5 %), beauté-santé (-12,5 %) », détaille Procos.
Quid des mois à venir ?
Face à cette situation, et alors même que l’inflation ne devrait pas ralentir au cours des prochains mois, les commerçants se montrent globalement inquiets pour l’avenir. 56% se déclarent ainsi pessimistes concernant les perspectives d’activités pour les semaines à venir. De mauvaises anticipations qui font réagir les fédérations du commerce. « Le nouveau gouvernement va devoir se préoccuper rapidement des risques que cette situation génère sur le secteur du commerce et l’ensemble de ses acteurs, en particulier non-alimentaires », alerte ainsi Procos.
Au-delà de l’action des pouvoirs publics, l’arrivée de la saison estivale pourrait-elle changer la donne ? Les acteurs du tourisme sont pour leur part optimistes sur la question. « On voit la reprise, y compris dans des territoires où elle se faisait attendre jusqu’ici : les grandes villes. Paris a ainsi enregistré un taux d’occupation de 91 % à Pâques, soit 3,7 % de plus qu’en 2019 à la même période. On voit le retour des touristes américains, canadiens… », se félicite le ministre délégué chargé du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne. L’hôtellerie de plein air fait elle aussi le plein pour cet été. Les réservations sont pour le moment en hausse de 24% par rapport à 2019, et le chiffre d’affaires prévisionnel est en hausse de 30% !
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Avec forcément des retombées attendus pour les acteurs du commerce, particulièrement dans les zones touristiques. « On espère que la saison estivale sera à la hauteur et rattrapera au moins en partie ce début de saison compliqué. Autrement, l’année va s’annoncer encore très longue », partage Mickael, gérant d’un concept store mode/beauté/coiffure à la Ciotat. Affaire à suivre donc…
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