Du Cap au Polygone, en passant par l’Hexagone !

Avec le Corso, CAP 3000 va ouvrir entre Cannes et Monaco un espace inédit dédié au luxe et enterre définitivement les espoirs d’un pôle luxe au sein de son concurrent Polygone Riviera.

L’extension de CAP 3000 va replacer le centre commercial emblématique de la Côte d’Azur au cœur de l’offre commerciale régionale. Après une extension de 135 000 m2 chiffrée à 450 millions d’euros, ce ne sont pas moins de 150 nouvelles boutiques qui verront le jour en 2019, l’année du 50ème anniversaire. Cinquante ans après Altarea, Cogedim pourrait ainsi redonner un sens au célèbre slogan “le centre commercial que toute la France nous envie », avec un positionnement tant géographique – au centre du département – que de l’offre – middle/haut de gamme – assorti d’un nouvel espace dédié au luxe, le « Corso ». L’ambition étant de créer un centre commercial premium à l’intérieur du centre, dans lequel seront ainsi regroupées quarante à cinquante enseignes de luxe. En plus d’un service de conciergerie et « d’attentions personnalisées », le Corso accueillerait des galeries d’art ainsi que « des espaces éphémères créateurs », le tout à 5 minutes du 3ème aéroport français et relié directement à la mer par un ponton privé ! De quoi indiquer un « Cap » au plus de 3000 yachts qui sillonnent la Côte d’Azur, et créer l’envie à la clientèle aisée et internationale qui fréquente la French Riviera.

Polygone Riviera dans une impasse

Qui dit French Riviera ne dit pas forcément Polygone Riviera, c’est le moins que l’on puisse en dire. De par son positionnement mal défini, avec d’un côté Le Printemps qui peine à attirer une clientèle ne serait-ce que moyenne gamme, et Primark qui surfe sur l’ultra discount, le centre commercial qui ambitionnait de se positionner sur le secteur du luxe se retrouve actuellement dans une impasse. Une impasse géographique déjà, car enclavé dans un secteur à l’écart du grand axe de circulation Est-Ouest du département, doublé d’une impasse écologique avec une zone humide – accueillant des espèces protégées – une fois de plus sacrifiées au profit de l’extension continue des centres commerciaux. Sans surprise donc, la fréquentation du site ne décolle pas. Selon une information de Nice Matin, « une vingtaine de procédures sont en cours au tribunal de grande instance de Grasse entre le centre shopping et certains commerçants de la zone haute du centre commercial pour des loyers impayés. » Sur place, les commerçants concernés nous confirment cette impression de « s’être fait avoir », comme le dénonce un commerçant de la zone Nord. « Il y a eu l’euphorie des débuts, qui s’est suivi d’une accalmie, au début ça ne nous a pas trop inquiété, témoigne une autre commerçante de la même zone. Mais aujourd’hui ça fait déjà plus de deux ans que le centre est ouvert, on ne peut plus tenir, surtout compte tenu du prix du loyer. »

Lire aussi : « Cap 3000 s’affirme comme une véritable destination internationale »

Alors si le match semble joué entre Cap 3000 et Polygone Riviera, il reste à se poser des questions sur les nouveaux projets de centre commerciaux dans les Alpes Maritimes, comme sur tout le territoire français. Car en plus de l’impact écologique et de l’aberration économique, ce sont des vies humaines qui sont touchées, avec la disparition de commerces indépendants de proximité et la désertification des centres-villes. Si « la redéfinition d’un Cap » est nécessaire à la pérennisation de certains centres commerciaux qui ont démontré leur utilité, l’engagement à tenir un cap de revitalisation est primordial pour les centres-villes. Quid de ces emplacements commerciaux emmurés de béton dans un siècle ou deux ? N’oublions pas que le cœur de cité est et restera attaché à l’identité de nos territoires, théâtres de nos aventures humaines, et ce même en l’an 3000 !

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