Temu – La Poste & Shein – BHV : « On est en train de se faire envahir, il faut qu’on résiste »

Le ministre des PME, du Commerce et de l’Artisanat, Serge Papin, met les grands moyens contre les plateformes de l’ultra-fast-fashion et s’attaque à deux dossiers emblématiques : l’accord entre La Poste et Temu, et l’arrivée annoncée de Shein au BHV. Une double menace à destination des commerçants indépendants, qui soulève des enjeux de concurrence, d’éthique et de territoire.

.

« On est en train de se faire envahir, je pèse mes mots, il faut qu’on résiste », a martelé le ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat ce matin sur TF1, avant de poursuivre . « Quand le matin, vous commandez sur Shein et Temu sur votre portable sur votre canapé, vous vous faites livrer, et puis l’après-midi, vous allez faire vos courses dans le centre-ville, et tiens, comment ça se fait qu’il y a autant de rideaux tirés ? ».

Dans un contexte de désertification croissante des centres-villes et d’essor fulgurant des plateformes de vente à bas prix, Serge Papin engage le combat sur la protection du commerce de proximité. Pour le ministre, la défense du tissu commercial local passe par une opposition frontale aux pratiques de dumping social et environnemental. Sur le plateau de TF1, il a ainsi remis en question la légitimité de l’accord récemment conclu entre La Poste et Temu, qualifié de « surprenant, étonnant et décevant », promettant de « ne pas le laisser faire ». Cet accord, perçu comme un soutien implicite d’une entreprise publique à un modèle de consommation extrêmement compétitif mais peu vertueux, est actuellement examiné par le ministère de l’Économie. Serge Papin entend, lui, le dénoncer publiquement.

L’implantation de Shein au BHV également dans le viseur

En parallèle, le ministre s’est exprimé sur l’implantation très controversée de Shein au BHV Marais. Annoncée pour novembre, cette ouverture d’un espace de vente physique au sixième étage du grand magasin parisien cristallise les tensions. Dénoncée par de nombreuses marques partenaires du BHV, qui ont depuis retiré leurs produits, l’opération est aussi sous le feu des critiques de la sphère politique. Serge Papin a affirmé qu’il n’était « pas sûr » que le projet aille à son terme, et a assuré continuer à « mettre la pression » pour l’empêcher. Une rencontre avec Frédéric Merlin, PDG de la Société des Grands Magasins et propriétaire du BHV, pourrait avoir lieu prochainement à Bercy.

Lire aussi : l’opinion se « dé-Shein » contre l’ultra fast fashion, mais les Français « en-Shein » les achats !

En filigrane, ce que dénonce Serge Papin, c’est une logique de concurrence biaisée, où les plateformes chinoises inondent le marché français de produits à très bas prix, sans respecter les normes sociales, environnementales ou de qualité exigées aux acteurs traditionnels. Le ministre alerte sur les conséquences visibles de ce « modèle », avec notamment une perte d’activité pour les commerces de centre-ville, ainsi qu’une fragilisation du lien social.

Les « petits colis » également dans le viseur du gouvernement

Parmi les autres pistes de régulation envisagées, une taxe de deux euros par article importé via ces plateformes est actuellement à l’étude dans le projet de loi de finances 2026. Cette mesure viserait à compenser l’avantage compétitif injuste dont bénéficient ces opérateurs, tout en contribuant à la relocalisation de la consommation. Elle s’inscrirait dans une volonté plus large d’éveiller les consciences sur l’impact de nos achats, en rappelant que derrière les prix cassés, des emplois, des savoir-faire et un modèle équilibré de commerce sont en jeu.

Déjà, le directeur de Bpifrance, appelait vendredi dernier à taxer très fortement les petits colis, soit 50€, et donc bien au-delà des deux euros prévus par le gouvernement dans le budget 2026. « Économiquement, on est en temps de guerre ! », justifie Nicolas Dufourcq, reprenant ainsi la proposition du député LR Philippe Juvin, et arguant qu’il faut « monter le niveau d’agressivité très fort ».

Les mots seront-ils suivis par les actes, alors que le parlement n’a jamais été aussi divisé ? Pourtant, quel parti pourrait s’opposer frontalement à des mesures qui visent à protéger l’économie française et qui touche aussi à son identité ? Le commerce est une composante essentielle de l’âme de nos centres-villes. La politique ne s’est pas montrée sous ses meilleurs jours ces derniers temps. En adoptant des mesures fortes, le parlement enverrait enfin un signal clair pour la défense du commerce local, mais aussi pour réaffirmer l’utilité d’une action politique aujourd’hui largement remise en question. Affaire à suivre.

Lire aussi : Ces villes qui ont su transformer l’attractivité commerciale de leur centre-ville

Restez informés de l’actu pour les commerçants et indépendants :

  Cet article vous a été offert !
Abonnez-vous et soutenez le média qui défend les commerçants indépendants.

Je m’abonne