Manifestations anti Pass sanitaire : la double peine pour les commerçants

De nombreux commerçants sont très impactés par les manifestations contre le Pass sanitaire, qui se répètent chaque samedi depuis le 17 juillet. Reportage.

Pass sanitaire

Pour Martine* (le prénom a été modifié), commerçante ambulante à Aix-en-Provence, c’est la même rengaine chaque samedi. « On les entend arriver vers 10 heures sur le cours Mirabeau, et pendant au moins 30 minutes on ne peut pas travailler, ça commence à devenir fatiguant, surtout que c’est tous les samedis ! ». “Ils”, ce sont les manifestants contre la mise en place du Pass sanitaire, qui entameront dans quelques jours leur dixième samedi consécutif de mobilisation à travers la France. Des manifestations qui se déroulent en plein centre-ville, pénalisant de facto les commerçants installés dans ces rues passantes. « C’est la double peine pour nous qui subissons déjà la perte d’activité à cause du Pass sanitaire, et maintenant la seule clientèle qui nous restait évite le centre-ville le samedi », s’insurge Robert, un restaurateur nantais. Le blocage des trois lignes de tramway a un impact considérable, alors même que l’association de commerçants nantaise Plein Centre estime que « 38% de la clientèle du centre-ville se déplace en tramway ».

« On ne peut pas se permettre de ne pas travailler le samedi ! »

Partout en France, à Lyon, Paris, Metz, mais aussi dans de plus petites villes comme Pau ou Cahors, c’est le même son de cloche qui se fait entendre. « En soi je n’ai rien contre le fait de manifester, mais il faut aussi se mettre à notre place, c’est simple, le samedi après-midi on a presque plus personne en magasin, pour nous c’est dramatique, surtout après les longs mois difficiles que nous venons de traverser », dénonce Sylvain, gérant d’une boutique de prêt-à-porter homme à Pau. D’autant que si pour le moment l’immense majorité des manifestations se sont déroulées sans accrocs, de plus en plus de commerçants craignent de voir le mouvement dégénérer. Les images des violents affrontements entre manifestants lors du rassemblement à Toulouse samedi dernier attestent de cette crainte. « Ça commence à bien faire, qu’ils manifestent ok, par contre si c’est un prétexte pour se battre il faut arrêter. Nous c’est notre gagne pain qui est en jeu », s’énerve Jean* (le prénom a été modifié), fleuriste à Toulouse.

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La nécessité de mieux encadrer les manifestations

Si les derniers chiffres montrent un léger essoufflement du mouvement, sauf à Paris où la mobilisation reste forte, un noyau dur de manifestants semble s’être forgé, ce qui pourrait permettre au mouvement de se prolonger encore de longues semaines. Un scénario à la “gilets jaunes”, qui n’est pas du goût des commerçants. « Ils n’ont qu’à exprimer leur mécontentement en dehors des rues commerçantes, ce n’est pas à nous à chaque fois de payer les pots cassés, les pouvoirs publics doivent prendre leur responsabilité ». La préfecture de Meurthe-et-Moselle a ouvert la voie samedi dernier, en définissant un périmètre élargi d’interdiction de manifester à Nancy. « Si le droit de manifester est un principe constitutionnel, il doit être concilié avec d’autres droits, tels que la sécurité des personnes et des biens et la liberté du commerce et de l’industrie », a justifié le préfet, Arnaud Cochet.

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Une décision qui pourrait conduire d’autres préfecture à prendre la même initiative, alors même que de plus en plus de commerçants se mobilisent eux-aussi ces derniers jours afin de faire entendre leur mécontentement. En attendant, les manifestants se sont déjà donnés rendez-vous le 18 septembre pour un dixième samedi consécutif…

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