L’utilisation des espèces se réduit considérablement dans les commerces de proximité
Pour la première fois dans l’histoire, les paiements effectués par carte bancaire ont été plus nombreux que ceux réalisés en espèces, dans les commerces physiques. Une tendance qui devrait s’accentuer dans les années à venir.

C’est une première dans l’Hexagone. D’après les données issues de la dernière étude de la Banque de France, les paiements effectués par carte bancaire ont été plus nombreux que ceux réalisés en espèces dans les commerces physiques. Dans le détail, en 2024, 48 % des paiements ont ainsi été effectués par carte bancaire, contre 43 % en espèces, 4 % par paiement mobile et 5 % par d’autres moyens de paiement (chèques, virements, etc.). L’usage des espèces en France se place ainsi sensiblement en dessous de la moyenne de la zone euro (52%).

Les espèces ne sont pas le seul moyen de paiement historique à perdre de l’attrait auprès des consommateurs français. Le chèque également, qui était encore dominant au début des années 2000 pour les paiements hors espèces en magasin, ne représente désormais que 2,4% du nombre total des transactions. A contrario, les paiements mobiles enregistrent la plus forte hausse entre 2022 et 2024, passant de 2% à 5%.
Les paiements en ligne gagnent des parts de marché : 25 % de l’ensemble des paiements réalisés en France sont désormais effectués en ligne. En 2019, cette proportion n’était que de 12%. A l’inverse, les paiements réalisés au sein des commerces physiques ne représentent plus que 73% des transactions, contre 84% en 2019. Preuve en est que les habitudes de consommation des Français évoluent très rapidement…
Les espèces restent attractives
Pour autant, la disparition des espèces n’est pas pour demain. Toujours d’après les données de la Banque de France, 60 % Français considèrent qu’il est important (ou très important) d’avoir la possibilité de payer en espèces. L’anonymat de la transaction, la simplicité d’utilisation, ou encore la perception des espèces comme permettant de mieux gérer son budget au quotidien, sont autant d’arguments mis en avant pour justifier l’importance des billets de banque.
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Les espèces toujours privilégiées pour les petits paiements
Autre tendance mise en avant par l’étude de la Banque de France, le type d’achat et son montant sont des éléments explicatifs du choix du consommateur de payer en espèces ou en monnaie scripturale (carte bancaire, chèque, paiement mobile). « Ainsi, la propension à régler ses achats en espèces est plus forte dans la catégorie des commerces de tous les jours, vendeurs de rue ou sur les marchés. À l’inverse, les achats dans la catégorie des magasins de biens durables, hôtels, services et autres sont moins souvent réalisés en espèces. Enfin, la propension à régler en espèces est d’autant plus élevée que le montant de la transaction est faible, et ce quel que soit le lieu de transaction », détaille la Banque de France.
« La probabilité d’utiliser des espèces croît avec l’âge, les plus de 55 ans utilisant davantage le paiement en liquide que les moins de 25 ans »
Certaines caractéristiques sociodémographiques entrent en considération pour déterminer le choix du moyen de paiement. Et notamment, la propension à régler un achat en espèces d’une personne âgée de 40 ans ou plus est significativement plus forte que pour une personne de 18 à 39 ans.
Les espèces, valeur refuge
Autre tendance remarquée depuis quelques années également, les espèces deviennent de plus en plus un instrument de thésaurisation. 26 % des Français déclarent ainsi conserver des espèces à leur domicile en tant que réserve de précaution ou d’épargne alternative. C’est 11 points de pourcentage de plus qu’en 2016. Parmi les Français déclarant thésauriser, près du tiers (30%) conserve moins de 100 euros et, à l’autre bout de l’échelle, près du quart (23%) déclare garder plus de 500 euros.
Parts des individus déclarant conserver des espèces à leur domicile, en France et en zone euro

Vers la fin progressive de l’utilisation des espèces ?
Dans ce contexte, il paraît encore trop tôt pour annoncer la disparition des espèces. Cependant, leur usage devrait continuer à reculer progressivement dans les années à venir. Cette tendance est accentuée par le développement constant des moyens de paiement numériques, avec en perspective l’arrivée prochaine de l’euro numérique. Cet euro numérique serait en quelque sorte une forme numérique d’espèces, « totalement dématérialisé, utilisable par tous facilement, et avec un haut niveau de confidentialité », assure la Banque Centrale Européenne (BCE), qui porte ce projet.
« Dans 10 ou 15 ans nous paierons peut-être essentiellement avec un portefeuille électronique, via une application sur notre téléphone »
Dans l’attente de l’arrivée de l’euro numérique, les banques européennes ont déjà mis en place leur propre service de paiement numérique, Wero, récemment lancé en France. Ce système permet d’effectuer des paiements et transferts d’argent instantanés via un smartphone, en utilisant un numéro de téléphone, un QR-code ou une adresse e-mail. Actuellement réservé aux transactions entre particuliers, Wero devrait s’étendre aux paiements en magasin dans le courant de l’année.
De nouveaux moyens de paiement qui pourraient révolutionner l’univers commercial ces prochaines années. « Même si nous continuons toujours à garantir l’accès au cash, dans dix ou quinze ans nous paierons peut-être essentiellement avec un portefeuille électronique, une application sur notre téléphone », explique ainsi Erick Lacourrège, directeur général des moyens de paiement de la Banque de France. Dans plusieurs pays d’Europe du Nord, notamment en Finlande et aux Pays-Bas, plus de 80 % des paiements sont déjà réalisés de manière dématérialisée, que ce soit par carte bancaire ou via son smartphone. Reste à savoir si la France adoptera cette même trajectoire. Une tendance à observer dans les années à venir.
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