Des milliers de commerçants tirent le rideau dans l’indifférence générale !

Des députés s’affichent en soutien des salariés visés par des plans sociaux, chez Auchan, ou encore tout récemment chez Michelin. Mais quid des milliers de commerçants qui disparaissent chaque année dans l’indifférence générale !

Illustration Michel Szlazak

Les difficultés économiques n’épargnent personne et depuis quelques mois nombre de grandes entreprises font face à un retournement de situation. Les milliards de bénéfices se sont envolés, et dès lors on voit poindre les réductions de coûts, avec leur cortège de licenciements. Par conviction, ou par calcul, les politiques ne manquent pas d’exprimer leur indignation dans les médias et leur soutien au salariés concernés. Vendredi dernier des députés LFI-NFP se sont affiché en soutien aux salariés Michelin en difficulté, mais aucun groupe parlementaire ne s’intéresse vraiment aux commerçants indépendants.

« Chaque année des milliers de commerçants mettent la clé sous la porte dans l’indifférence générale »

Et les commerçants indépendants ?

Les commerçants indépendants font face eux aussi à de grandes difficultés économique et ne sont pourtant pas les mieux lotis… La moyenne de leur salaire est bien inférieure à celle des salariés, pour un nombre d’heures de travail bien supérieur. Et après des années de luttes, sans parler des moments d’angoisses pour simplement “faire tenir leur commerce”, les retraites des indépendants sont inférieures à celles des salariés. Il ne s’agit pas d’opposer les salariés aux indépendants, mais juste de rappeler que chaque année des milliers de commerçants mettent la clé sous la porte dans l’indifférence générale. Des commerçants qui n’ont droit ni à un plan social, ni au chômage, mais qui une fois sans emploi, se retrouvent en revanche à assumer une partie des dettes de leur activité, notamment les cautions bancaires.

Et s’il est vrai que les politiques de tous bords se targuent de vouloir aider les indépendants, lorsqu’il s’agit de passer de la parole aux actes il n’y a plus personne… Il y a tout juste deux ans, des milliers de commerçants indépendants ont envoyé un message à leur député afin qu’un texte de loi interdise enfin le paiement de la taxe foncière par les commerçants qui ne sont que locataires. En effet, au nom de quel principe d’équité fiscale le propriétaire d’un local commercial peut-il faire supporter le paiement de l’impôt foncier par son locataire commerçant ?

« Il ne s’agit pas d’opposer les salariés aux indépendants, mais juste de rappeler que chaque année des milliers de commerçants mettent la clé sous la porte dans l’indifférence générale »

Des revendications tombées aux oubliettes

Depuis des années la rédaction de l’echommerces a interpellé nombre de députés de tout bord, des ministres également, à chaque fois on nous confirme oralement que ce n’est pas normal et que le dossier sera suivi, mais dans les faits rien ne bouge. Et les syndicats professionnels ne sont pas en reste, feu Francis Palombi, alors président de la CDF (Confédération des commerçants de France) a porté nombre de fois le sujet auprès des politiques. Résultat : aucune proposition de loi en vue et donc aucun débat à l’assemblée prévu. Du reste, d’autres revendications logiques et légitimes sont portées par les commerçants indépendants, telles que les dates de soldes inappropriés. Là encore, malgré la mobilisation de milliers de commerçants et de leurs fédérations, FNH, FDCF… depuis des dizaines d’années, rien ne bouge. Désormais plurielle, l’Assemblée nationale a toute légitimité pour présenter un texte de loi visant à interdire le paiement de la taxe foncière par des commerçants qui ne sont que locataires. Quel parti politique ou groupe de députés va enfin s’emparer du sujet ?

« Après des années de lutte infructueuse, que faut-il faire pour que les commerçants soient enfin entendus ? »

Que des députés soutiennent des salariés en difficultés c’est bien, mais il est inacceptable qu’après des années de lutte, les revendications légitimes des commerçants ne soient toujours pas prises en compte par les représentants du peuple ! Comme on le sait, il est impossible pour les commerçants de faire grève, au risque de se tirer une balle dans le pied, ou d’attirer l’attention médiatique en bloquant le trafic TGV… Alors que faut-il faire ? Déverser des tonnes de fumier devant les préfectures, occuper les ronds-points ou encore brûler des pneus sur les péages ? Si les commerçants sont parfois forts en gueule, ils ne vont pas semer le désordre. De par leur métier, ils sont au cœur des échanges humains et de par leur responsabilité de chefs d’entreprises, respectueux des règles de vie en société. Ce ne sont pas eux bien évidemment qui vont casser des vitrines, ni du mobilier urbain. Des infrastructures urbaines qui sont du reste en partie financées par les diverses taxes auxquelles ils sont soumis…

Les politiques doivent garder à l’esprit une règle bien connue des secouristes. Lors d’accident ou de catastrophe, la plupart du temps ce ne sont pas ceux qui crient le plus fort qui sont au plus mal, mais ceux qui souffrent en silence !

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