Défaillances d’entreprises : les commerçants ont-ils mieux résisté au 3ème trimestre 2023 ?

Le nombre de défaillances a augmenté de 23% au 3ème trimestre 2023. Mais pour la première fois depuis janvier 2022, cette hausse générale ralentit. Certains secteurs du commerce sont en revanche particulièrement touchés, quand d’autres tirent mieux leur épingle du jeu. Explications.

faillites France
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Après deux années marquées par des baisses historiques de faillites en raison des nombreux dispositifs de soutien mis en place suite à la crise sanitaire, les défaillances d’entreprises retrouvent leur rythme d’avant 2020. C’est en tout cas ce qui découle des derniers chiffres publiés par le cabinet Altares. 10 979 entreprises sont ainsi tombées en défaillance entre le 1er juillet et le 30 septembre 2023, soit une hausse de 23% par rapport à la même période de 2022. Sur 12 mois glissés, le cap des 53 000 entreprises défaillantes est franchi, un nombre revenu à son niveau de l’automne 2019.

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« 72% des jugements prononcés sont des liquidations judiciaires, un taux très élevé qui confirme la grande faiblesse financière dans laquelle se trouvent ces entreprises, constate néanmoins Thierry Millon, directeur des études chez Altares. Ce taux de liquidation, inversement proportionnel à la taille de l’entreprise, grimpe à plus de 75% chez les plus petites structures et descend à 10% pour les plus grandes ».

Évolution du nombre de défaillances d’entreprises en France sur 10 ans (Données 12 mois glissants – octobre 2013 à octobre 2023

faillites d'entreprises 2023
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Une situation contrastée dans le commerce et l’hôtellerie/restauration

L’analyse détaillée par secteur d’activité permet de dégager certaines tendances, notamment dans la catégorie regroupant le commerce et l’hôtellerie/restauration. Le commerce de détail se situe dans la moyenne globale et reste proche de son niveau 2019, à la faveur des magasins d’habillement qui font preuve d’un certaine résistance (203 défaillances vs 230 en 2019) malgré les défauts de plusieurs enseignes renommées. L’équipement du foyer (203 défaillances également vs 218 en 2019) est aussi sous ses valeurs d’avant Covid, même si la situation apparait particulièrement tendue aujourd’hui pour l’activité meuble.

En revanche, le trimestre est resté compliqué pour certaines activités, notamment pour les épiceries, qui enregistrent 156 défaillances en ce 3ème trimestre 2023, soit un niveau plus atteint depuis au moins dix ans. Les activités de coiffure et instituts de beauté connaissent également une sinistralité au plus haut depuis 2013. Sur les 9 mois de 2023, on comptabilise près de 1090 défauts de coiffeurs, soit autant que sur l’ensemble de l’année 2015, qui détenait la triste place de « pire » année sur le front des défaillances pour le secteur.

Dans la restauration, 1207 établissements ont défailli au cours de ce 3ème trimestre, un nombre proche de celui de l’été 2018 (1242). Cette tendance est portée par la restauration rapide qui signe un « record » historique avec 532 défauts, tandis que la restauration à table (625) est à peine à son niveau de défaillance de l’été 2019 (634). Les débits de boisson enregistrent aussi une dégradation rapide (234 défaillances) mais demeurent sous le niveau de 2019 (242). En revanche, l’hébergement se distingue remarquablement avec un recul de 13% du nombre de défaillances par rapport au 3ème trimestre 2022, et donc également en très nette baisse par rapport à la période d’avant crise sanitaire.

Six régions sous la moyenne

Sur le plan territorial également, certaines disparités apparaissent entre les régions, avec notamment six d’entre elles qui sont sous la moyenne générale (23% de défaillances) pour ce 3ème trimestre 2023 (voir carte ci-dessous).

A noter la très bonne performance des Hauts-de-France, qui signaient la pire performance régionale il y a un an, avec +120% de défaillances, et ramènent pour ce 3ème trimestre 2023 la tendance sous la barre des 5%. La hausse est également contenue sous les 15% en Bretagne, avec notamment une belle résistance affichée par les entreprises du commerce et de la restauration. L’Ile-de-France, qui concentre une défaillance sur cinq sur le territoire, se montre également résiliente (+16%) à la faveur d’un bon mois de septembre (+5% sur le mois), alors que juillet accusait encore une hausse supérieure à 30%. « La restauration reste toutefois sévèrement fragilisée en IDF », nuance le cabinet Altares. La Normandie semble également infléchir la tendance (+18%) après plusieurs trimestres très difficiles, de même que pour la Provence-Alpes-Côte-d’Azur, qui est également sous la barre des 20%. Enfin, l’Occitanie a ramené la hausse des défauts sous 15% en août et septembre, lui permettant de conclure le trimestre juste sous la moyenne globale (+22,1%).

défaillances entreprises par région 2023
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Trois autres régions se situent sous la barre des 30%. C’est le cas de la Bourgogne-Franche-Comté (+30%) et du Centre-Val-de-Loire (+27%), légèrement en-dessous de leurs valeurs de l’été 2019. En revanche, la Nouvelle-Aquitaine (+27%) dépasse son niveau de défauts de l’été 2019 et approche désormais celui de 2018. Enfin, 4 régions dépasse la barre des 30%, à l’image de l’Auvergne-Rhône-Alpes, qui approche les 1400 défauts (+32,8%), un nombre au plus haut depuis sept ans ! Il en est de même pour les Pays-de-la-Loire (+34,4%), la région Grand Est (+36,3%) et enfin la Corse, qui dépasse même la barre symbolique des +50%.

Vers une stabilisation en fin d’année ?

Dans un contexte économique toujours tendu pour les entreprises françaises, notamment dans le secteur du commerce et de la restauration, le cabinet Altares se montre malgré tout assez peu alarmiste quant à l’évolution des défaillances d’entreprises d’ici la fin d’année. « Les prochains trimestres pourraient connaître des augmentations plus modérées », veut ainsi croire le cabinet. Mais la prudence reste tout de même de mise, notamment au regard de l’évolution de la situation macro économique.

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« Chaque mois, en moyenne, plus de 23 000 sociétés sont créées pour moins de 4 000 qui tombent en défaillance ; la dynamique entrepreneuriale reste donc solide. Néanmoins, l’accélération de la sinistralité des PME-ETI est à surveiller. En effet, du fait de leur taille, leurs difficultés font peser une menace plus forte sur l’emploi direct mais aussi indirect. Leurs cessations de paiement entrainent immanquablement un transfert du risque vers les fournisseurs les moins solides. Dans ce contexte de risque commercial et financier accru et de faible croissance, les directions financières vont devoir jouer les équilibristes pour parvenir à boucler un budget raisonnablement ambitieux », conclut Thierry Millon.

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