Dans l’ombre des cabines, le dur métier d’esthéticienne
Elles sont jeunes, passionnées, dévouées à leur métier. Tous les jours, des milliers d’esthéticiennes prennent soin de leurs clientes avec patience, discrétion et savoir-faire. Mais dans une enquête réalisée par « Le Monde » on découvre que derrière les cabines de soins apaisantes et les sourires professionnels, se cache une réalité bien plus dure : celle d’un métier physiquement exigeant, mentalement éprouvant, et trop souvent sous-payé.

Camille, 20 ans, et Frédérique, 27 ans, travaillent dans un institut du 9e arrondissement de Paris. Pour elles, comme pour beaucoup d’autres, le lien avec les clientes est au cœur de leur motivation. Elles écoutent, rassurent, dialoguent, rient parfois, se confient même. Ce lien humain, sincère, donne du sens à leur travail. Mais il a aussi ses limites. Car ces instants d’échanges s’accompagnent d’une posture permanente de bienveillance et de maîtrise de soi, même quand la fatigue, la douleur ou le dégoût sont présents. Saleté, mauvaises odeurs, clients impudiques : autant de situations gênantes que les esthéticiennes gèrent en silence, sans froisser, sans juger, pour ne pas perdre une cliente.
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Un métier peu reconnu et mal rémunéré
Avec un salaire moyen de 1 700 euros brut par mois, les esthéticiennes font partie des professions les moins bien rémunérées. Frédérique, devenue responsable de son institut, touche 1 800 euros. Elle se sent pourtant toujours « sous-payée » au vu de l’implication physique et émotionnelle que demande ce travail. Le secteur est très féminisé (95,5 %), et les horaires sont souvent étendus, avec peu de pauses et de longs trajets. Certaines salariées cumulent jusqu’à 4 heures de transport par jour. Et bien souvent, le travail continue après les horaires, pour gérer les réservations en ligne ou les messages de dernière minute.
Un corps mis à rude épreuve
Le métier d’esthéticienne n’est pas de tout repos et impose souvent des postures contraignantes, des gestes répétitifs, le port de charges lourdes (serviettes, produits, cartons…). Les douleurs aux pieds, au dos, aux poignets sont fréquentes. En 2010, l’enquête Sumer plaçait les esthéticiennes parmi les salariés les plus exposés aux contraintes physiques. S’y ajoutent des expositions régulières à des produits chimiques irritants, sans que leur dangerosité soit toujours bien identifiée. Les affections de la peau ou des voies respiratoires sont courantes, mais peu documentées.
Les cadences infernales des grandes enseignes
Dans les instituts à bas prix, comme Body Minute, les esthéticiennes sont soumises à une pression permanente : enchaîner les clientes, respecter des protocoles chronométrés (parfois 5 minutes pour une zone), vendre des produits pour espérer une prime. La qualité de la relation est souvent sacrifiée sur l’autel de la rentabilité. Ainsi et malgré son amour du métier, Sarah, 19 ans, a quitté son alternance chez Body Minute après quelques mois, la pression et la déshumanisation l’ont poussée à partir : « On est censées embellir les femmes, mais on n’a pas le temps de s’occuper d’elles vraiment. »
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L’indépendance : une liberté à double tranchant
Beaucoup d’esthéticiennes rêvent d’ouvrir leur propre institut. Salomé, 28 ans, a franchi le pas. Mais l’indépendance a un coût : un emprunt, des charges fixes, des revenus fluctuants. Certains mois, elle ne se verse que 400 euros. Maman solo, elle voit peu ses enfants en semaine, avec l’impression de subir une double peine. Et même en tant que cheffe d’entreprise, la charge mentale reste élevée. Les clientes se confient, demandent et parfois exigent ! La frontière entre vie professionnelle et personnelle devient floue. Et pourtant, comme beaucoup, Salomé ne regrette pas : « Je suis libre. Même si c’est dur, c’est moi qui choisis. »
Un métier de passion, mais qui mérite mieux
Ce que révèle l’enquête publiée par Le Monde, c’est l’amour du métier. Celui de prendre soin, de valoriser, de créer du lien. Mais aussi le décalage entre cet engagement et la reconnaissance (sociale, financière, médicale) qu’en reçoivent les professionnelles. Les esthéticiennes ne demandent pas la lune. Mais que leur savoir-faire soit reconnu à sa juste valeur. Que leur santé soit préservée. Et que leur engagement quotidien soit respecté, au-delà des cabines parfumées.
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Et vous, en tant qu’esthéticienne êtes-vous confrontée à ce type de situation ? Et, si vous exercez dans un autre secteur, êtes-vous confronté vous aussi à des conditions difficiles à supporter ? Partagez votre expérience en commentaire.
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Merci pour cet article C’est exactement ma situation (J’ai mon propre institut) certes, j’ai mon indépendance Mais comme vous le dites, à quel prix ? Charges de plus en plus conséquente Salaire fluctuant selon les mois rien de fixe… je suis libre et j’aime mon métier, plus que tout. Mais ma plus grande Interrogation est ….Vais-je pouvoir continuer car la charge mentale ainsi que le physique est mis à lourde épreuve. je souhaite que ce métier soit un peu plus reconnu Je reste positive. Ps : un grand merci à mes clientes (Sans oublier mes clients masculins) qui sont conscients… Lire la suite »