Comment expliquer la chute d’activité des commerçants ?
Une grande majorité des commerçants déplorent une chute de l’activité depuis le début du mois de décembre. Comment l’expliquer, et surtout quelles actions mettre en place pour contrer cette baisse ? La parole est donnée aux commerçants.
En pleine période des fêtes de fin d’année, l’activité des commerces tourne au ralenti. Les derniers résultats du sondage que nous avons mené du 7 au 14 décembre 2021 montrent que la quasi totalité des commerçants qui ont répondu à l’enquête enregistrent des baisses de chiffre d’affaires (voir plus bas). Et si l’évènementiel, et les activités liées au tourisme et à la restauration sont particulièrement impactés, ils ne sont pas les seuls. A l’heure actuelle, tous les secteurs du commerce font face à une baisse prononcée de l’activité. « Quand on se met à discuter autour de soi on se rend bien compte que la situation s’est dégradée pour presque tout le monde. Certes il y en a toujours pour qui les affaires continuent de tourner, mais dans l’ensemble la fréquentation en centre-ville n’est plus ce qu’elle était », relate par exemple Dominique, gérant d’une librairie à Mâcon.
Comment expliquer cette baisse d’activité ?
Première raison évidente pour bon nombre de commerçants, la résurgence de l’épidémie depuis ces dernières semaines. « A force d’en parler continuellement dans les médias, d’inciter les Français à rester chez eux au maximum, à télétravailler, à annuler les rassemblements de fin d’année, on en arrive au résultat actuel », constate Estelle, gérante d’un restaurant à Marseille. Une récente enquête menée par le Groupement National des Indépendants (GNI) vient justement de mesurer l’ampleur des dégâts dans le secteur de l’hôtellerie/restauration. 75% des cafés, bars, brasseries ont ainsi enregistré des annulations de leurs clients. Une proportion qui monte à 84 % pour les restaurants, 85 % pour les hôtels et même 96% des traiteurs organisateurs de réceptions !
A cela s’ajoute un second facteur externe, à savoir une poussée inflationniste qui n’était plus observée en Europe depuis de nombreuses années. Les prix à la consommation ont ainsi augmenté de 2,8 %, sur douze mois glissants en France. Avec un impact direct sur la consommation des ménages, qui ne cesse de reculer depuis la rentrée.
Reste que le Covid et le contexte actuel inflationniste n’explique pas tout. « Bien entendu que ça a un fort impact, car la restauration et la culture sont des moteurs de fréquentation des centres-villes, mais selon moi il y a aussi des raisons plus profondes à cette raréfaction de la clientèle, analyse Stéphane, à la tête d’une boutique de prêt-à-porter à Paris. Le changement des habitudes de consommation, déjà commencé avant la période Covid, n’a fait que s’accélérer. Le monde est en train de changer, et le numérique notamment prend de plus en plus de place. On commande à manger en ligne, on achète des articles de mode en ligne, on lit en ligne… Forcément l’impact sur le commerce est énorme ». Les chiffres sont là pour en attester. Les ventes sur internet ont progressé de +15% au cours du 3ème trimestre 2021, alors que le e-commerce s’apprête à franchir le cap des 130 milliards d’euros de chiffre d’affaires à la fin de l’année !
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« Il n’y a pas que le digital non plus, tempére Sarah, à la tête d’une épicerie fine à Angers. A nous aussi de nous remettre en question, travailler notre offre, peaufiner notre communication, soigner l’agencement de notre point de vente… Quand on propose quelque chose de différent, la clientèle est souvent au rendez-vous ». Dans son dernier baromètre du centre-ville et des commerces, l’association Centre-ville en Mouvement mettait justement en avant l’importance d’avoir accès à des produits en circuits courts, locaux, mais aussi que l’on ne retrouve pas facilement ailleurs, pour dynamiser la fréquentation des cœurs de ville.
Quid des prochains mois ?
A court terme, l’activité des commerces va de nouveau dépendre de l’évolution de l’épidémie, et des restrictions qui seront imposées, ou levées, à la population. « On nous dit qu’il faut vendre en ligne, communiquer davanatage sur les réseaux sociaux… C’est sûr qu’aujourd’hui on n’a plus le choix, il faut s’adapter, mais tant que l’on imposera des restrictions à cause du virus, l’activité ne pourra jamais complètement repartir, et nous on ne sait pas si l’on pourra continuer à tenir dans ce contexte… », désespère Francesca, gérante d’une boutique de décoration, à Mulhouse.
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D’autres, à l’image d’Antoine, caviste à Strasbourg, se veulent un peu plus optimistes. « Je pense que c’est un peu dans notre ADN d’indépendants de savoir encaisser les coups durs, et c’est certain que celui-ci est particulièrement difficile. Mais je suis convaincu que l’on saura se relever, et s’adapter à ce nouveau monde. Alors oui, on va très certainement essuyer une vague importante de faillites, mais c’est aussi le jeu lorsque l’on monte une entreprise. A nous de tout faire pour éviter cela », conclut-il. Les dés sont lancés.
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L’évolution du commerce numérique ne profite qu’aux grands acteurs du net, Amazon et autres. Nous en tant que petits commerçants, même en ayant 2 sites sur internet, nous ne récoltons pas les fruits du travail fournit. Dommage. Notre seule arme, en espérant un renversement de situation, c’est notre professionnalisme et notre conseil à la clientèle, là dessus Amazon et les autres géants ne nous arriveront jamais à la cheville !
Peut-on considérer que nous, commerçants traditionnels, sommes en concurrence LOYALE avec les sites internet ?
Nous participons à développer l’emploi, nous payons des taxes à n’en plus finir (taxe publicité extérieure, taxe surface commerciale, etc), nous maintenons une dynamique que les entrepôts en zones industrielles ne peuvent offrir.
Pour nous remercier ? RIEN. Ah, si, permettre aux géants de défiscaliser en trouvant des combines grâce à des cabinets d’avocats coûteux que nous ne pourrons jamais nous offrir.
Ce n’est pas une e baisse de 30 mais de 50 %
Évidemment nous perdons 30% de notre chiffre d affaire, et aucune compensations. Il a bon dos le covid 19, mais si nos dirigeants avaient fait les bons choix cela aurait pu être en partie évité. Nœud devrions nous mutualiser pour porter plainte contre l etat. C est eux qui nous ont mis dans cette situation. Avant covid mon entreprise était impeccable maintenant elle vaut 30% moins chère. Je veux que l etat paye la différence. Mobilisons nous et attaquons ces idiots du gouvernement en justice