A Paris, la zone à trafic limité va-t-elle pénaliser le commerce ?
La mairie de Paris a instauré une zone à trafic limité dans quatre arrondissements de la capitale depuis lundi 4 novembre. Une mesure qui restreint fortement la circulation des véhicules, et qui risque de pénaliser l’activité des commerces selon de nombreux professionnels. Un recours va d’ailleurs être déposé. Explications.
Les véhicules à moteur ont de moins en moins la côte dans les grandes agglomérations françaises, et la tendance devrait se durcir dans les années à venir. La mairie de Paris, en tête de ce combat depuis de nombreuses années, a même décidé de tout simplement interdire la traversée des véhicules motorisés dans le centre de la capitale. Depuis le lundi 4 novembre une zone à trafic limité (ZTL) a ainsi été instaurée dans les quatre premiers arrondissements de la capitale. Cette zone représente environ 5,5 kilomètres carrés, pour un passage estimé entre 350 000 à 550 000 véhicules par jour. De fait, la circulation va être fortement réduite.
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La ZTL, c’est quoi ?
La mise en place d’une ZTL répond à un double objectif de « libérer de l’espace public » occupé par les véhicules à moteur, tout en réduisant la pollution atmosphérique grâce à la baisse de circulation. De nombreuses capitales européennes ont d’ailleurs déjà pris des dispositions similaires ces dernières années dans leurs hypercentres (Madrid, Londres, Rome…).
Dans la ZTL de Paris, qui s’étend de la place de la Concorde à celle de la Bastille, il n’est ainsi plus possible de traverser la zone avec un véhicule motorisé, sauf dans certains cas. Seuls les transports en commun, ceux de secours, les taxis, les personnes à mobilité réduite, les résidents, ou encore les automobilistes résidant ou travaillant dans la zone, bénéficient d’une dérogation. En clair, le passage dit “de transit”, que ce soit en voiture ou à deux-roues, est dorénavant interdit, sous peine d’une amende de 135 euros. A noter que les vélos et trottinettes ne sont pas concernés par cette mesure.
« Les artisans et les commerçants seront dispensés d’un justificatif, même s’ils ne travaillent pas dans le cœur de la capitale ». Ariel Weil, maire de Paris Centre
« Les modalités de contrôle ainsi que la liste des justificatifs permettant d’établir le droit à circuler à l’intérieur de la zone à trafic limité seront définies par un arrêté conjoint de la maire de Paris et du préfet de police », a précisé la mairie de Paris. Ajoutant par ailleurs qu’il y aura « une première phase de pédagogie, avant une seconde phase de contrôle et de verbalisation ».
Quel impact sur le commerce ?
Si la mise en place de la ZTL est saluée par une partie de la population parisienne pour ses bienfaits sur la qualité de l’air, d’autres en revanche s’insurgent contre cette nouvelle restriction de la circulation, avec possiblement un impact négatif sur le commerce. C’est en tout cas la conviction de nombreux commerçants, qui s’apprêtent même à déposer un recours contre l’instauration de la ZTL. « Avec l’aide d’un groupe d’avocats, nous allons déposer un recours contre l’arrêté préfectoral », a ainsi annoncé Patrick Aboukrat, président du Comité Marais Paris et président de la délégation régionale Ile-de-France auprès de la Fédération Nationale de l’Habillement (FNH). « On change complètement le paysage ! Si la municipalité veut tuer le commerce de proximité, elle ne peut pas mieux s’y prendre », déplore-t-il.
De son côté, Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce, fait part de ses « inquiétudes quant à l’impact de cette mesure sur l’attractivité commerciale du centre de Paris, qui accueille près de 10% des établissements commerciaux de la ville et 17% des commerces d’équipement de la personne », tient-il à rappeler. Pour Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos, la fédération du commerce spécialisé, « la concertation et les mesures d’impacts doivent impérativement se poursuivre pour appréhender objectivement les conséquences et faire les correctifs indispensables ». Ce dernier pointant également le risque « de couper le centre de la capitale de sa périphérie ».
« On change complètement le paysage ! Si la municipalité veut tuer le commerce de proximité, elle ne peut pas mieux s’y prendre », déplore Patrick Aboukrat
A contre courant de ces inquiétudes, la mairie de Paris anticipe quant à elle une « probable hausse de la fréquentation commerciale » dans la ZTL, en se basant notamment sur une étude confiée au spécialiste de l’immobilier JLL. Les élus parisiens considèrent également que « les commerçants surestiment monstrueusement le nombre de clients qui viennent en voiture ». « Plus de 88 % des clients des commerces de Paris centre se déplacent à pied ou en transports en commun, selon l’étude Apur du premier semestre 2024 », indique ainsi la Ville de Paris. Des chiffres qui sont loin de convaincre les représentants des commerçants. Ces derniers pointent par exemple du doigt l’interdiction des véhicules motorisés le premier dimanche de chaque mois dans la capitale, qui affecte selon eux les ventes des professionnels à hauteur de 20 à 30%. « Si on exclut les clients qui veulent se balader ou ceux qui viennent de banlieue, ça revient à réserver le cœur de la capitale aux jeunes bobos à vélo en bonne santé », dénonce Patrick Aboukrat.
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Dans ce contexte, la mairie de Paris tente d’apaiser la situation avec les commerçants. « Les artisans et les commerçants seront dispensés d’un justificatif, même s’ils ne travaillent pas dans le cœur de la capitale », a ainsi annoncé le maire de Paris Centre, Ariel Weil. Ajoutant par ailleurs que « le seul fait de stationner ou de travailler dans la zone suffira à justifier son passage ». Mais pas pour autant question de remettre en cause la ZTL. En attendant qu’elle soit étendue à l’ensemble de la capitale ? Et même dans d’autres grandes agglomérations françaises ? Affaire à suivre…
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ça plus les ZFE, il est temps que les commercent désertent les centres ville et s’installent en périphérie…
Quelle bêtise, de la part des commerçants parisiens, c’en est risible ! Je veux bien que la personne se pose dans une bourgade de province, où les gens utilisent beaucoup leur voiture, mais là…
Apres la communication anxiogene des JO, le covid et tous ce que nous avons subis le mois de Novembre (le moins commercant de l année) est le mois idéalement choisis pour nous mener a la faillite A Bruxelles il a fallu 3 ans pour que les commerces se relevent de ce changement. SI j ‘etais complotiste je me dirait que la Mairie de Paris met tous en place pour couler les petits commerces.