40% des bars et restaurants ne demanderont pas le Pass sanitaire !

Un sondage mené auprès d’un peu plus de 500 gérants d’établissement de bars et de restauration montre une réticence assez vive face à la prochaine mise en place du Pass sanitaire.

Resto pass sanitaire

Alors que l’obligation de présenter le Pass sanitaire pour se rendre dans les bars et restaurants devrait entrer en vigueur au cours de la semaine prochaine, nombre de gérants d’établissements ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils n’imposeraient pas une telle règle à leurs clients. C’est en tout cas ce que révèle notre enquête exclusive, menée auprès d’un peu plus de 500 professionnels du secteur.

« Je n’ai pas les moyens de faire la police dans mon établissement »

40% des gérants affirment ainsi qu’ils ne refuseront pas l’accès à leur établissement aux personnes qui ne seraient pas en mesure de fournir le Pass sanitaire. Parmi les professionnels que nous avons pu interroger, sous couvert d’anonymat, ce refus d’appliquer la loi est justifié dans la grande majorité des cas par un manque de moyens humains. « Je ne sais pas si nos dirigeants se rendent compte à quel point on fonctionne déjà à flux tendus dans nos métiers. Si en plus on doit maintenant faire la police dans nos établissements, avec les tensions que cela va créer avec la clientèle, on ne s’en sort plus », témoigne par exemple Stéphane* (les prénoms cités ont été modifiés), gérant d’un bar à Lille. Une crainte de perdre une partie de la clientèle qui revient aussi assez régulièrement dans les témoignages. « Mon restaurant se situe dans une petite commune, où tout le monde se connait et s’apprécie. Je ne me vois pas refuser l’entrée à des clients de longue date sous prétexte qu’ils n’aient pas un Pass valable. Surtout que nous n’avons presque pas eu de cas de Covid dans notre village », relate ainsi Marie, à la tête d’un restaurant dans un petite ville du Limousin.

De son côté Matthieu, gérant d’un bar très fréquenté d’Aix-en-Provence, c’est le faible nombre de vaccinés parmi les jeunes qui le pousse à ne pas vouloir respecter cette obligation. « Ce n’est pas tellement que je n’ai pas envie d’appliquer le Pass, mais quand je regarde l’âge de mes clients, 90% ont moins de 30 ans… A un moment donné il faut se mettre à notre place, on a besoin de continuer à travailler, j’ai une famille à nourrir moi aussi », justifie-t-il. « Il y a également l’aspect politique derrière tout ça. Je ne souhaite pas développer ce genre de relation avec ma clientèle. Les gens viennent chez nous pour de la convivialité, partager un moment de détente… Je ne dis pas que ça sera plus possible avec le Pass, mais ça complique les choses. Imaginez un peu la scène, nos clients sont tranquillement installés en terrasse, et à tout moment la police peut intervenir en plein repas pour vérifier l’authenticité de leur Pass sanitaire… », se désole Patrick, lui aussi gérant d’un établissement à Aix-en-Provence.

« Chacun doit prendre ses responsabilités »

Si bon nombre de gérants d’établissements se montrent ainsi réticents à refuser de servir les “non vaccinés”, à l’inverse, d’autres se désolent de voir si peu d’entrain pour cette nouvelle mesure. « Quand je vois autour de moi certains de mes confrères refuser d’appliquer cette règle, je me dis qu’on marche sur la tête. Bien entendu que ce n’est pas l’idéal, mais on vient de sortir de plusieurs mois de fermeture, et à un moment donné on voit bien que le vaccin est la solution pour sortir de cette crise. Au-delà de la nécessite de rester ouvert, c’est aussi notre responsabilité en tant que citoyen qui est en jeu », s’exclame Patrice, à la tête d’une brasserie parisienne. « Je comprends que pour certains bars très fréquentés ça puisse être très difficile à faire respecter, mais dans bon nombre d’établissements ça reste tout de même réalisable, après tout ce n’est qu’un papier à présenter, et surtout on a pas à vérifier l’identité de la personne », poursuit-il. Même raisonnement pour Alice, installée du côté de Strasbourg. « Il faut que l’on soit solidaire, même si ce n’est pas facile j’en conviens, mais si seulement la moitié d’entre nous jouons le jeu, on s’exposera une nouvelle fois à une fermeture administrative, et cette fois-ci personnellement je n’y survivrais pas. »

« J’attends de voir ce qu’il en sera dans les faits »

Dans ce contexte, entre les opposants et les défenseurs du Pass, toujours bon nombre d’indécis, qui se réservent encore quelques jours, avant l’entrée en application de cette nouvelle mesure, pour prendre leur décision. A l’instar de Sophie, gérante d’un petit établissement à Nice. « J’attends de voir ce qu’il va se passer concrètement dans les faits, comment réagit ma clientèle, si des contrôles sont vraiment faits etc. et là j’aviserai en fonction ». Un peu plus de 12% des participants au sondage ont ainsi répondu qu’ils procéderaient au contrôle du Pass uniquement s’ils reçoivent un avertissement ou une sanction.

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Rappelons tout de même qu’en cas de manquement à l’obligation de contrôle du Pass sanitaire, la sanction pourra aller d’une mise en demeure dans un premier temps, à une fermeture administrative d’une durée de 15 jours, avant des sanctions pénales ! De quoi faire bouger les lignes ? « C’est certain, vu qu’aujourd’hui il n’y a pas d’obligation, c’est plus facile de dire qu’on ne la respectera pas. A mon avis certains changeront d’avis le Jour J, reste à savoir maintenant si nous serons une majorité à le demander ou non », conclut Patrice. Réponse d’ici quelques jours…

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