Une reprise en demi-teinte pour les commerces et restaurants
Deux semaines après, le bilan de la réouverture des commerces et des restaurants reste mitigé, entre les grandes enseignes et centres commerciaux qui semblent avoir fait carton plein, et les indépendants de centres-villes, plus à la peine.
« Réouverture en fanfare », « Les restaurants ne désemplissent pas depuis le 19 mai », « Les magasins enregistrent des croissances à deux chiffres »… Les commerces et établissements de bar et de restauration ont-ils réellement fait carton plein, comme le laissent supposer les titres enthousiastes d’une partie de la presse nationale ces derniers jours ? La réalité semble néanmoins un peu plus contrastée, entre d’un côté les grandes enseignes installées dans les centres commerciaux et/ou dans les artères principales des grandes centres-villes, qui ont en effet enregistré un boom de fréquentation, et les indépendants, plus à la peine.
Les grandes enseignes et centres commerciaux à la fête
Comme on pouvait s’y attendre, car moins impactés par la réouverture seulement partielle des cafés, bars et restaurants, les grandes enseignes et centres commerciaux affichent aujourd’hui des bons chiffres depuis le 19 mai. L’Alliance du commerce, qui regroupe les grandes enseignes, note ainsi une croissance de 88% des ventes pour les cinq premiers jours de la réouverture. Un net rebond observé également par le Conseil national des centres commerciaux, qui annonce une hausse de la fréquentation de 27 % par rapport à la même période en 2020. Même son de cloche du côté des grands magasins parisiens, aux Galeries Lafayette du Boulevard Hausmann, on parle également de croissance à deux chiffres, et ce malgré la clientèle étrangère qui manque toujours à l’appel.
Lire aussi : Un QR code obligatoire pour accéder à certains commerces dès le 9 juin ?
Reprise plus mitigée pour les indépendants
Du côté des indépendants en revanche, les retours sont plus mitigés, et nombre d’entre eux témoignent aujourd’hui d’une reprise en demi-teinte depuis le 19 mai. Les établissements de bar et de restauration, en première ligne, ne sont pas tous à la fête, notamment ceux qui n’avaient pas pour habitude d’accueillir des clients en nombre en terrasse. « Certes c’est plaisant de retrouver le service, et on voit que les clients sont enthousiastes et nombreux, mais accueillir seulement en terrasse c’est assez limité, d’autant que la météo n’a pas joué en notre faveur », regrette ainsi Thierry, à la tête d’un restaurant à Nancy. Dans le sud de la France, si la météo a été un peu plus clémente, ce sont surtout les restrictions de jauge et le couvre-feu à 21 heures qui ont posé problème aux gérants de bars et de restaurants. « 50% de la capacité d’accueil en terrasse, c’est vraiment peu pour espérer dégager une rentabilité, d’autant que l’on ne peut pas véritablement travailler le soir », regrette ainsi Martine, gérante d’un café/bar à Martigues. Une problématique d’ailleurs pointée du doigt par nombre de commerçants, et pas uniquement de la restauration, comme le relate les résultats de notre sondage.
Pour les autres secteurs qui ont réouvert au 19 mai après plus d’un mois de fermeture, là encore les retours sont assez mitigés. Notamment dans la mode, où nombre de professionnels constatent une activité en berne depuis la reprise. « On nous montre certaines terrasses de restaurants pleines, et l’on en déduit que cette fois-ci c’est la bonne et que la consommation va repartir, il y a peut-être une part de vérité, mais pour le moment cela ne se traduit pas par des ventes massives en boutique, analyse à juste titre Nina, gérante d’une lingerie dans les Yvelines (78). Quand les terrasses sont pleines, il ne faut pas oublier non plus que les salles, elles, sont vides, et malgré tout, les habitudes développées ces derniers mois avec le télétravail impactent forcément la fréquentation en centre-ville : nous dans les boutiques de mode, on continue de souffrir ! »
Dans ce contexte, la fin des aides à la trésorerie à partir du mois de juin est redoutée par nombre de commerçants. « Depuis le début de l’année, on n’a pas eu l’occasion de véritablement travailler, et pourtant on devait faire face à des charges assez élevées, témoigne Maxine, gérante d’une boutique de décoration à Bayonne. Et aujourd’hui l’activité démarre tout juste, que l’on voudrait déjà nous retirer les aides, je trouve ça assez injuste, d’autant que certains secteurs seront eux toujours aidés ». Pour les pertes de juin 2021 et des mois suivant, le fonds de solidarité ne devrait en effet être accessible qu’aux entreprises des secteurs HCR, de la culture, du sport et de l’événementiel. A moins que le gouvernement décide de prendre en considération les difficultés de l’ensemble des commerçants, qui pour nombre d’entre eux ont toujours besoin de ce soutien à la trésorerie.
Lire aussi : Fonds de solidarité, charges, chômage partiel… Comment vont évoluer les aides de l’Etat ?
Quoi qu’il en soit, la véritable reprise de l’activité ne pourra passer que par une décrue réelle de l’épidémie, et sur le long terme ! La levée au plus vite des différentes mesures de restriction des libertés revêt également un enjeu crucial pour redonner confiance et l’envie aux consommateurs de fréquenter les centres-villes. En attendant, les commerçants doivent continuer à faire ce qu’ils ont désormais l’habitude de faire depuis plusieurs mois, voire années pour certains d’entre eux, à savoir : tenir, en attendant des jours meilleurs…
Restez informés de l’actu Covid pour les commerçants et indépendants :
Cet article vous a été offert !
Abonnez-vous et soutenez le média qui défend les commerçants indépendants.
Je m’abonne