Pénurie et inflation : les commerçants en première ligne
Les pénuries et les augmentations de prix qui touchent de nombreux secteurs d’activité impactent de plus en plus les commerçants. Et mettent en péril leur marge.
« Les retards de livraison deviennent de plus en plus fréquents ces dernières semaines. C’est très problématique notamment d’obtenir des réassorts, si ça continue en ce sens, il sera difficile de fournir la demande pour la période de Noël ». A l’instar d’Andy, gérant d’un magasin de jouet à Cahors, de plus en en plus de commerçants témoignent ces dernières semaines de difficultés d’approvisionnement.
« C’est vrai que dernièrement c’est difficile de pouvoir se faire livrer rapidement, confirme Sandra, à la tête d’une boutique de prêt-à-porter Femme, à Cannes. On est obligé de s’adapter, pour ma part j’essaie d’acheter différemment, en réduisant au maximum le nombre d’intermédiaires, de privilégier les articles issus d’une production européenne ou méditerranéenne, mais même avec ça les livraisons ont toujours un peu de retard ». Les résultats de notre dernière enquête sur la question montrent qu’il ne s’agit pas là de cas isolés, avec plus de 75% des répondants qui affirment rencontrer des problèmes d’approvisionnement plus ou moins important.
Une répercussion limitée sur les prix
Dans ce contexte, couplé à une hausse des prix des matières premières et de l’énergie qui renchérissent encore les coûts fixes des entreprises, les commerçants se retrouvent aujourd’hui pris entre deux feux. « La logique économique voudrait que l’on répercute cette hausse des coûts sur nos prix de vente, mais dans la réalité c’est bien plus compliqué que cela, parce que les budgets sont déjà serrés pour les consommateurs, et puis si on augmente nos prix et que le voisin lui ne bouge pas, on perd notre clientèle », analyse Martin, à la tête de trois boulangeries dans les Bouches-du-Rhône. Les chiffres issus de notre enquête montrent là aussi cette réticence des commerçants à répercuter concrètement la hausse des coûts.
Une augmentation des prix d’autant plus difficile à appliquer que les consommateurs ont tendance à toujours surestimer le niveau d’inflation. « L’enquête mensuelle d’octobre sur la confiance des ménages témoigne d’une perception de l’inflation très en hausse, qui dépasse du coup nettement les niveaux de 2018 », confirme Jean-Luc Tavernier, directeur général de l’Insee. Le niveau de l’inflation en France au mois d’octobre (+3,2%) est pourtant relativement contenu par rapport à nos voisins allemands (+4,6%), ou même espagnol (+5,5%), et reste en deçà de la moyenne dans la zone euro (+4,1%).
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Dans ce contexte, les économistes sont aujourd’hui plutôt pessimistes sur la capacité des ménages à dépenser le surplus d’épargne accumulé durant les périodes de confinements. Mais estiment tout de même que les risques macroéconomiques sont mesurés. Au cours du troisième trimestre, la reprise de l’économie a en effet été plus forte que prévue, à +3%, au lieu des +2,7% anticipés en premier lieu. Le léger ralentissement de la consommation observé depuis la rentrée ne devrait donc pas remettre en question la reprise de l’économie. En tout cas, pas dans l’immédiat…
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