Les paiements en espèces vont-ils bientôt disparaître ?

L’utilisation des espèces comme moyen de paiement a fortement décliné ces dernières années. Mais le cash reste encore plébiscité par de nombreux Français. Pour combien de temps ?

le paiement en cash va disparaitre
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Vit-on actuellement les dernières années des paiements en cash ? La question mérite aujourd’hui d’être posée, même si pour le moment les pièces et billets de banque ont toujours la côte auprès des Français. D’après les dernières données de la Banque de France, en date de 2022, 50% du total des achats effectués en France se font ainsi en espèces. Mais la trajectoire est à la baisse, après 57% en 2019 et surtout 68% en 2016. A l’inverse, les volumes de transaction par carte sont passés de 27% en 2016 à 35% en 2019, puis 43% en 2022. Le chèque poursuit de son côté sa décrue (4%), talonné désormais pas les applications mobiles (2%).

« 50% des transactions se font en espèces, contre 68% en 2016 »

De moins en moins de distributeurs de billets

Cette baisse d’utilisation des espèces se perçoit également par la réduction du nombre de distributeurs automatiques de billets (DAB) sur le territoire français. On en dénombrait 46 200 en France à la fin de l’année 2022. Fin 2023, il n’en restait que 44 100, révèle la Banque de France, soit une baisse de 4,6% du nombre de DAB sur la période. Néanmoins, la Banque de France assure que 99% des Français vivent toujours à moins de quinze minutes en voiture d’un DAB. En moyenne, les Français ne retirent que 73 euros par mois au distributeur, alors que les dépenses réglées en carte bancaire atteignent 543 euros.

Les espèces toujours privilégié pour les petits paiements

Malgré une utilisation en net recul, les espèces conservent tout de même un certain attrait auprès de la population française. « La propension à régler ses achats en espèces est plus forte pour les achats du quotidien, auprès des vendeurs de rue ou sur un marché, dans les cafés et restaurants que ceux effectués en supermarché. À l’inverse, les achats de biens durables, en station essence, les réservations d’hôtels et les services hors du domicile sont moins souvent réalisés en espèces. Par ailleurs, plus le montant de la transaction est bas, plus cette transaction est réglée en espèces », détaille la Banque de France.

« La probabilité d’utiliser des espèces croît avec l’âge, les plus de 55 ans utilisant davantage le paiement en liquide que les moins de 25 ans »

A noter également que certaines caractéristiques sociodémographiques entrent en considération pour déterminer le choix du moyen de paiement. Les hommes sont ainsi plus susceptibles d’utiliser en majorité des espèces que les femmes. De même, la probabilité d’utiliser des espèces croît avec l’âge, les plus de 55 ans utilisant davantage le paiement en liquide que les moins de 25 ans. Enfin, la « fragilité budgétaire » joue aussi sur les habitudes de paiement, les personnes en situation de précarité ayant ainsi tendance à recourir plus souvent aux espèces.

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Les espèces, valeur refuge

Autre tendance remarquée depuis quelques années également, les espèces deviennent de plus en plus un instrument de thésaurisation. « On estime que seuls deux billets sur dix émis dans la zone euro servent à payer », abonde Christophe Baud-Berthier, directeur des activités fiduciaires à la Banque de France. Les billets restants, soit 80% du total, sont ainsi épargnés. Le montant de pièces et de billets en circulation en France est d’ailleurs en augmentation : +5,9% en décembre 2023 par rapport à l’année précédente. Il atteint aujourd’hui la somme de 210 milliards d’euros.

« Le cash reste un moyen privilégié pour se constituer une épargne de précaution »

L’euro numérique va-t-il faire disparaître les espèces ?

Dans ce contexte, parler de la fin des espèces apparait pour le moment prématuré. Mais la tendance à une diminution progressive de l’utilisation des espèces devrait tout de même se renforcer dans les années à venir. D’autant que les moyens de paiement numérique ne cessent de se développer, avec en ligne de mire la création prochaine d’un euro numérique. Cet euro numérique serait en quelque sorte une forme numérique d’espèces, « totalement dématérialisé, utilisable par tous facilement, et avec un haut niveau de confidentialité », assure la Banque Centrale Européenne (BCE), qui porte ce projet.

En attendant la création de cet euro numérique, les banques européennes ont déjà lancé leur propre service de paiement numérique, Wero, qui vient tout juste d’être activé en France. Wero permet de faire des paiements ou des transferts d’argent à l’aide d’un téléphone portable, via des virements instantanés, en utilisant un numéro de téléphone, un QR-code ou encore une adresse mail. Le service, pour le moment réservé aux transactions entre particuliers, devrait permettre de régler des achats directement dans des boutiques physiques ou sur internet d’ici la fin de l’année prochaine.

« Dans 10 ou 15 ans nous paierons peut-être essentiellement avec un portefeuille électronique, une application sur notre téléphone »

De nouveaux moyens de paiement qui pourraient révolutionner l’univers commercial ces prochaines années. « Même si nous continuons toujours à garantir l’accès au cash, dans dix ou quinze ans nous paierons peut-être essentiellement avec un portefeuille électronique, une application sur notre téléphone », explique ainsi Erick Lacourrège, directeur général des moyens de paiement de la Banque de France. Dans certains pays d’Europe du nord, en Finlande et aux Pays-Bas notamment, plus de 80% des paiements se font déjà de manière dématérialisée, via carte bancaire ou même un smartphone, un moyen de paiement qui lui aussi est en pleine expansion. Reste à savoir si la France suivra ce chemin ? Réponses dans les années à venir.

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