Hausse des faillites au troisième trimestre 2025, le commerce résiste plutôt bien
Les défaillances d’entreprises ont fortement progressé au 3eme trimestre 2025. Néanmoins, tous les secteurs ne sont pas impactés de la même manière. Les activités liées au commerce résistent plutôt bien dans l’ensemble, tandis que l’hôtellerie / restauration est toujours en difficulté. Explications et analyse détaillée par régions.

14 300. C’est le nombre de procédures collectives qui ont été ouvertes au deuxième trimestre 2025, en hausse de 5 % par rapport à la même période l’an passé. Un niveau record, avec un mois de septembre particulièrement difficile (+ 6%), et qui montre que la conjoncture actuelle pèse particulièrement sur les entreprises françaises. « Le mois de septembre, loin de confirmer les frémissements de début d’été, a refroidi les espoirs d’un retournement. L’économie française est plongée dans un épais brouillard. L’incertitude est encore montée d’un cran gelant les décisions d’investissement et d’embauche, même chez les dirigeants les plus aguerris », analyse Thierry Millon, directeur des études chez Altares.
Pour autant, toutes les structures, en fonction de leur taille et de leur secteur d’activité, ne sont pas impactées de la même manière. De même, des différences notables apparaissent au niveau territorial. D’où l’importance d’analyser les différents chiffres publiés par Altares dans le détail.
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Les petites entreprises en première ligne
Première tendance dégagée par le cabinet Altares, les microentreprises de moins de 3 salariés constituent toujours l’essentiel des défauts. Près de 10 500 ont ainsi fait défaut, un nombre en hausse de 6 % par rapport au T3 2024. Les TPE de 3 à 5 salariés résistent mieux, avec 1 819 défauts recensés en ce deuxième trimestre, soit une baisse de -3 %. En revanche, pour les petites entreprises de 6 à 19 salariés, la situation reste très tendue. « Les TPE de plus de 5 salariés (857) accusent une dégradation de + 9 %. Les PME de moins de 20 salariés dérapent de + 13 % (739) », détaille Altares dans son étude.
Au-delà de 20 salariés, la tendance s’aligne avec la moyenne du trimestre (+5 %) avec 460 structures en défaut. « Parmi elles, 46 comptent plus de 100 salariés, menaçant directement 10 000 emplois. Un chiffre fort mais néanmoins en recul par rapport à l’été 2024 », poursuit l’étude d’Altares.
Évolution du nombre de défaillances d’entreprises en France sur 10 ans

Le commerce de détail fait preuve de résilience
Déjà moins impactées par la vague de faillites de 2024, les entreprises du secteur du commerce continuent d’afficher une certaine solidité, avec des chiffres dans l’ensemble meilleurs que la moyenne nationale. Et ce malgré un contexte économique toujours défavorable depuis le début de l’année.
Les commerces de bouche notamment, en première ligne face à la flambée des prix des matières premières agricoles et de l’énergie, résistent particulièrement bien. Les défaillances sont ainsi en baisse de 6 % au deuxième trimestre 2025 dans le commerce de détail alimentaire (252 défaillances), et même de 20 % (202 défaillances) pour les magasins multi-rayons (épiceries, superettes, supermarchés). Le commerce du bricolage et équipement du foyer bascule également légèrement dans le vert (-5 % ; 235 défaillances) loin de l’envolée des défauts enregistrés un an plus tôt.
Du côté des secteurs davantage en difficulté, le secteur de la mode (+5 % ; 255 défaillances) est très contrasté, « sévèrement orienté dans le prêt-à-porter, mais en amélioration dans la chaussure », précise Altares dans son étude. Mais c’est dans le soin de la personne et l’optique que l’évolution est la plus lourde (+40 % ; 108 défaillances), qu’il s’agisse de la pharmacie, de l’optique ou de la parfumerie. La coiffure et l’esthétique restent également dans le rouge (+11 % ; 437 défaillances), et ne parviennent pas à inverser la mauvaise tendance qui s’observe depuis plusieurs années déjà.
L’hôtellerie / restauration toujours en difficulté
De même, les chiffres restent préoccupants dans la restauration, avec un chiffre d’affaires qui globalement ne cesse de reculer ces derniers mois. Dans le détail, les défaillances d’entreprises augmentent de 9 % dans la restauration traditionnelle (816 défaillances), tandis que la restauration rapide affiche de son côté de meilleurs chiffres (645 défaillances ; -5 %), après une année 2024 certes très en dedans. Les débits de boissons sont également mal orientés (+10 % ; 262 défaillances). Enfin, l’hébergement se stabilise, mais avec un niveau de défaillances qui reste élevé (72 défaillances ; 0 %).
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Des régions plus touchées que d’autres
Si des disparités importantes s’observent sur le plan sectoriel, il en est de même au niveau territorial, avec cinq régions qui connaissent une forte hausse des défaillances. Le Centre-Val-de-Loire accuse la dégradation la plus sévère (518 défaillances ; +33 %). « Si le Cher fait mieux que résister (-2 %), le Loir-et-Cher tente difficilement de s’accrocher (+7 %). Les autres départements dérapent fortement », détaille Altares. La région Pays-de-la-Loire est également inscrite sur une mauvaise trajectoire (660 défaillances ; +15 %). « Si le Maine-et-Loire sort du lot (-12%), la Loire-Atlantique, la Mayenne et la Vendée accusent des hausses supérieures, respectivement, à 20 %, 30 % et 40 % », précise Altares.
L’Auvergne-Rhône-Alpes compte plus de 1 800 défauts sur ce 3e trimestre, en hausse de 14 %. « Si la Vallée du Rhône passe au vert, ce n’est pas le cas des deux plus gros départements de la région, le Rhône et l’Isère, qui dérapent de plus de 20 % », explique Altares. La Nouvelle-Aquitaine (1 405 défaillances ; +12 %) affiche une augmentation sensible de ces défauts. « Les Landes (-23 %), la Charente (-17 %) et la Corrèze (-17 %) enregistrent un bon trimestre avec des défauts en baisse, contrairement à la Haute-Vienne (+15 %) et plus encore aux autres départements, qui sont au-delà de +20 % voire +30 % », constate Altares.

A l’inverse, la situation est plus contrastée dans certaines régions, notamment dans les Hauts-de-France (1 037 défaillances ; +2 %), où l’amélioration se porte à l’ouest avec une baisse des défauts dans la Somme (-15 %) et l’Oise (-24 %). L’Ile-de-France (3 149 défaillances ; +3 %), qui concentre près d’un quart des défaillances d’entreprises en France, enregistre globalement un bon trimestre s’il n’y avait eu le mauvais chiffre parisien. « Paris compte un peu plus d’un millier de défauts, un nombre qui s’envole de 17 % par rapport au 3e trimestre 2024. Sans ce département, la région aurait affiché une amélioration de près de 3 %. En effet, à l’exception du Val-de-Marne (+31 %) et de l’Essonne proche de l’équilibre (+2 %), tous les autres départements sont favorablement orientés », nuance Altares.
L’Occitanie (1 309 défaillances ; +5 %) contient la hausse des défauts grâce à la résistance du département de l’Hérault (-14 %) sans lequel la région aurait accusé une dégradation deux fois plus forte. La Haute-Garonne limite quant à elle l’augmentation à +7 %. En Normandie (598 défaillances ; +6 %), la Seine-Maritime (+12 %) et le Calvados (+27 %), qui représentent à eux seuls les deux tiers des sinistres, enregistrent de fortes dégradations. Les trois autres départements sont dans le vert. Enfin, en Bourgogne-Franche-Comté (510 défaillances ; +8 %), la moitié des départements est bien orientée et tout particulièrement le Jura qui, avec un recul de 26 %, efface la hausse de 30 % subie un an plus tôt.
Trois régions dans le vert
A contrario, la situation tend à s’améliorer dans trois régions. La Bretagne se distingue très favorablement avec un recul de 10 % du nombre de défaillances (496 défaillances) sur ce 3e trimestre. Seul le Finistère peine un peu à contenir la sinistralité (+2 %) en dépit d’une belle résistance dans la construction. La Provence-Alpes-Côte-d’Azur est également bien orientée (1 385 défaillances ; -4 %), une performance tirée par les Alpes- Maritimes et les Bouches-du-Rhône (au-delà de -10 %). Pour conclure le Grand Est est très légèrement dans le vert, porté notamment par de gros départements tels que le Bas-Rhin (-8 %), la Meurthe-et-Moselle (-6 %) et le Haut-Rhin (-17 %). A l’inverse, la Marne et les Vosges dérapent de plus de 40 %.
Des écarts marqués en Outre-mer
En Outre-mer, les situations sont très variables. Si la Réunion (245 défaillances ; -7 %) et la Martinique (90 défaillances ; -12 %) enregistrent moins de défauts, la Guadeloupe (111 défaillances ; +26 %) et la Guyane (45 défaillances ; +125 %) sont sous tension.

Comment va évoluer la situation ?
A ce stade, difficile de faire des prévisions exactes, tant le niveau d’activité économique est soumis à de nombreux aléas conjoncturels (politique, social, international…). Cependant le cabinet Altares veut faire preuve d’un certain optimisme : « Derrière l’épais brouillard de cette rentrée, des opportunités ciblées se profilent déjà. Une stratégie prudente et sélective doit permettre aux entreprises de renouer avec une dynamique de conquête, momentanément mise en pause. La période des fêtes pourrait offrir un répit salutaire aux petites entreprises, les plus exposées aux risques de défaillance. Ce dernier trimestre pourrait alors, à défaut d’inverser la tendance, enrayer l’hémorragie et ouvrir la voie vers l’amélioration attendue pour 2026 », conclut estime Thierry Millon, directeur des études chez Altares.
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