Étude : Les commerçants enfin reconnus comme “Essentiels” à la vie sociale !

Outre son apport pour l’emploi et l’économie locale, le commerce de proximité génère également des externalités positives sur le plan social et environnemental. C’est en tout cas ce que démontre une récente étude qui s’est penchée spécifiquement sur les effets environnementaux et sociaux du commerce.

effets sociaux et environnementaux du commerce
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« L’idée selon laquelle le commerce est un acteur central des villes, dont le rôle dépasse le cadre marchand, est largement acceptée. Elle a pourtant été peu étayée par des travaux empiriques qui mesureraient son impact dans sa globalité ». Pour répondre à cette problématique et apporter justement cet éclairage empirique, Datactivist, cabinet de conseil coopératif sur l’open data, a mené une vaste enquête sur les externalités positives créées par les commerçants de proximité. Une étude réalisée en coopération avec la fondation Urbanis (pour l’amélioration de l’habitat), Altavia Foundation (qui soutient le micro-commerce), ainsi que la SEM Paris commerces et la Métropole Rouen Normandie.

« On a tous connu […] la boulangerie qui ne retrouve aucun repreneur, l’entrepreneur qui renonce à ouvrir une enseigne, le bar qui parfois ferme et qui d’une certaine façon tue la vie sociale dans une commune. C’est souvent une catastrophe dans la vie d’une commune et c’est souvent une catastrophe silencieuse, banale et quasi quotidienne ». Edouard Philippe, ancien Premier ministre.

Quelques 200 commerçants, micro commerçants et artisans ont été interrogés dans neuf territoires : Paris, Marseille, Nîmes, Aix-en-Provence, Saint Ouen, et quatre villes de la Métropole Rouen Normandie (Duclair, Elbeuf-Sur-Seine, Le Trait, Rouen). Le tout pour 11 catégories de commerces représentés : alimentaire, artisan, caviste, culture, esthétique, fleuriste, habillement, restauration, santé, vente de matériel, vente de services. L’analyse de ces entretiens a ainsi permis de dégager 18 effets sociaux et environnementaux du commerce, regroupés dans 6 catégories : lien social, environnement, espace public, santé et sécurité, solidarité, vie de quartier.

La roue des effets sociaux et environnementaux du commerce

roue des effets sociaux et environnementaux du commerce
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Lien social

Première externalité positive recensée, le lien social apporté par les commerçants de proximité, une catégorie qui regroupe 3 effets identifiés :

  • Socialiser et réduire l’isolement.
  • Partager des savoir-faire.
  • Construire une communauté locale.

« Le commerce participe à la consolidation et même à la production de liens sociaux entre des clients, mais également entre le commerçant et les clients », relate l’étude du cabinet Datactivist. Et de citer pour exemple le témoignage d’un restaurateur installé à Rouen : « le commerce, ce n’est pas uniquement la vente ou le service, il y a beaucoup plus que ça, dans le sens où les habitués, au bout d’un moment, ils deviennent des amis. Et donc on parle de tout et de rien avec notre clientèle habituelle. Voilà, ce n’est pas uniquement un service, c’est bien plus qu’un service. C’est partager, entretenir un lien. »

« Le commerce de proximité est le dispositif qui permet de recréer ces liens essentiels à la vie sociale ». Benoît Heilbrunn, philosophe.

Ou encore celui d’un épicier de quartier, qui cite de son côté le partage de savoir-faire qu’il effectue auprès de sa clientèle : « Ça m’arrive que des clients me demandent des conseils sur leurs machines [à café]. Je les aide, je leur donne de petites consignes […]. Et aussi, on a un lien avec une ancienne employée qui construit une école de français. Elle vient donner des cours ici, dans l’épicerie ».

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L’environnement

Créateur de lien social, les commerçants de proximité sont aussi engagés sur le plan environnemental. C’est en tout cas l’un des constats de cette étude. « Nous avons rencontré des petits commerçants engagés au niveau du traitement des déchets, de la réduction de la consommation d’électricité et de ressources naturelles. Certains nous ont aussi confié promouvoir des pratiques responsables auprès de leurs clients ». Dans cette catégorie, trois effets du commerce ont été identifiés :

  • Mettre en place des actions de réduction des déchets et de recyclage.
  • Sensibiliser les clients aux enjeux environnementaux.
  • Mettre en place des actions de réduction de la consommation d’eau et/ou d’électricité.

Et de citer pour exemple une coiffeuse de la commune du Trait, qui met en place des actions de recyclage des cheveux coupés dans son salon : « On donne tous les cheveux, il y a une association qui passe et qui récolte ça tous les mois […] Le cheveu gonfle avec l’eau. Donc, on s’en sert souvent pour les marées noires, pour faire des isolants ». Ou encore ce primeur de Rouen, dont l’activité implique l’utilisation de nombreux emballages: « On sensibilise la clientèle sur la récupération des emballages. […] La grande partie des gens qui viennent habituellement chez nous sont vraiment réceptifs. Souvent, ils nous ramènent beaucoup d’emballages, qu’on réutilise jusqu’à ce qu’ils soient vraiment usés ».

« Pour la consommation d’eau, je fais très attention. On a l’eau filtrée à disposition pour les gens et je fais attention à utiliser à chaque fois les bonnes quantités d’eau. Pour la machine à laver, c’est un bouchon qui bloque, donc on réutilise la même ou partiellement, on la change pas tous les jours… », témoigne un épicier parisien.

L’espace public

Troisième externalité positive recensée par l’étude, la préservation de l’espace public réalisée au quotidien par les commerçants de quartier. Une nouvelle fois, trois effets sont regroupés dans cette catégorie :

  • Assurer la propreté et l’entretien de la rue ou du quartier.
  • Prendre soin de l’espace public.
  • Préserver le patrimoine architectural.

La propreté et l’entretien de la rue font d’ailleurs souvent partie des obligations légales des commerçants, comme le rappelle la Mairie de Reims : « Les bénéficiaires d’autorisation d’occupation du domaine public doivent donc veiller au parfait état de propreté de leurs installations et des abords. Ainsi pour les terrasses : L’entretien comprend le débarrassage, la collecte de papiers, mégots, et détritus sur l’emprise de la terrasse et le lavage de toutes salissures consécutives à l’utilisation de la terrasse. N’oublions pas les chewing-gums ».

Même si pour les commerçants, assurer cet entretien au quotidien relève avant tout du bon sens. « Je suis obligé [de nettoyer] en tant que commerçant, il faut que ma boutique soit un minimum propre devant. Certaines fois, j’arrive le matin et je trouve des mégots de cigarettes, des canettes vides de bières et je suis obligé de nettoyer moi-même. La première image qu’on a de mon commerce, c’est de l’extérieur, donc il faut que ça soit un minimum propre devant, pour que les gens aient envie de rentrer », témoigne ainsi un restaurateur rouennais.

« Je sors mes fleurs, afin de décorer un peu la devanture. Et évidemment, j’ai pas mal de saletés, des mégots…, donc je viens balayer toute ma partie », relate un caviste installé à Duclair (Seine-Maritime).

La santé et la sécurité

Outre la préservation et l’entretien de l’espace public, les commerçants assurent aussi au quotidien des actions pour préserver la santé et la sécurité des citoyens. Trois effets sont regroupés dans cette catégorie :

  • Veiller sur la rue ou le quartier.
  • Aider en cas d’incident.
  • Intervenir en cas d’insécurité.

À Nîmes par exemple, plusieurs commerces participent aujourd’hui à l’initiative britannique “Angela”, qui consiste à proposer aux personnes qui se sentent dans une situation d’insécurité de se réfugier dans un endroit sûr. En l’occurrence ici les commerces de la ville.

En cas d’incidents également, les commerçants sont souvent en première ligne, et n’hésitent pas à prodiguer les gestes de premier secours, ou même à prendre en charge des blessures légères. « [Au niveau des voitures], clairement, on est au premier rang, on est les premiers à aller voir si tout va bien, à appeler les secours si besoin… Et cela une fois par mois, je dirais », témoigne un commerçant nîmois.

« Ce qui est déjà arrivé, c’est par exemple un vol dans la librairie qui a été vu par la personne qui tient la boutique d’en face. […] Donc j’ai ensuite prévenu d’autres [commerçants]. On se parle, et on intervient chez les uns ou les autres », partage un libraire parisien.

Solidarités

« Dans la catégorie “Solidarité”, nous mettons en évidence l’importance du commerce en tant qu’acteur de la solidarité et de l’entraide auprès des riverains, notamment auprès des personnes en situation de précarité », explique l’étude du cabinet Datactivist. Cette catégorie comprend là aussi trois effets du commerce :

  • Prendre soin des gens.
  • Aider les personnes dans la précarité.
  • Soutenir et réorienter le client vers une aide spécialisée

« On a un monsieur qui vit dans la rue et qui vient tous les deux, trois jours. On lui fait le café, on échange ses pièces contre des billets. Il est venu samedi soir, donc le samedi soir on lui donne à manger, il a déjà utilisé les toilettes… », prend ainsi pour exemple un commerçant parisien. Pour certains commerçants, créer cette liaison avec les riverains est à l’essence même du commerce de proximité. « Une fleuriste à Nîmes plaisantait à ce propos, estimant qu’il fallait apprécier cette proximité, “sinon on est vendeur de pois chiches” », relate l’étude.

« Il y a beaucoup de clients qui sont devenus plus que des clients. C’est quand même plus rare, mais certains sont devenus des amis, c’est-à-dire qu’on se voit en dehors du cadre de l’épicerie et il y en a beaucoup qui viennent juste pour discuter, prendre un café. C’est aussi devenu un petit peu un lieu de vie où ils viennent se confier sur leurs problèmes quand ils ont coup de mou », témoigne un épicier parisien.

Vie de quartier

Dernière externalité positive mise en avant par cette vaste étude, l’importance du commerce dans la construction et le renforcement d’une communauté locale (riverains et autres commerçants) et dans l’attractivité du quartier. La catégorie “Vie de quartier” regroupe trois effets :

  • Renforcer l’entraide entre commerçants.
  • Animer la rue ou le quartier.
  • Contribuer à l’attractivité du quartier (commercial et résidentiel).

« Tout d’abord, l’entraide entre commerçants consiste dans la collaboration et l’échange d’informations, de conseils et de services. Ensuite, animer la rue ou le quartier renvoie à l’organisation d’événements, d’animations ou d’ateliers pour dynamiser la vie de quartier. Cela est souvent mis en place via une association du quartier, qui peut être une association de commerçants locaux. Enfin, les commerçants ont également mentionné que via ces actions ils collaborent à l’attractivité du quartier, c’est-à-dire à encourager d’autres commerçants ou riverains à s’installer à proximité », détaille l’étude. Et de citer les nombreuses initiatives prises par les commerçants et associations de commerçants pour animer leur centre-ville et contribuer par là-même au rayonnement global de la ville.

Lire aussi : Combien gagnent les commerçants indépendants ? Les chiffres dévoilés !

Autant d’actions qui démontrent le caractère essentiel des commerçants de quartier, et principalement les indépendants, qui sont au cœur de ces interactions sociales et environnementales. D’où l’importance encore une fois de soutenir ces commerces indépendants, acteurs majeurs de nos centres-villes ! Et cela passe en premier lieu par leur rendre visite et faire régulièrement des achats dans leur établissement.

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