Exclusif : L’activité des commerçants indépendants toujours à la baisse !
Dans un contexte économique et social toujours tendu, les commerçants indépendants enregistrent pour une majorité d’entre eux une nouvelle baisse d’activité en ce début d’année 2023.
Les mois se suivent et se ressemblent pour les commerçants indépendants. Après une fin d’année 2022 dans l’ensemble compliquée pour l’activité, en raison principalement du contexte inflationniste, l’activité est restée à un niveau assez bas ces deux premiers mois de 2023. C’est en tout cas ce qui ressort du sondage que la rédaction a mené du 24 au 28 février, et qui a récolté pas moins de 3457 réponses de commerçants indépendants, tous secteurs d’activités confondus (mode, CHR, alimentaire, déco, beauté, librairie…)
Un peu plus de 60% des répondants considèrent ainsi que le niveau d’activité s’est inscrit à la baisse aux mois de janvier et février, par rapport à la fin d’année 2022, contre 25,57% qui estiment qu’il s’est stabilisé, et seulement 12,24% qu’il a augmenté. Des résultats qui pouvaient être prévisibles dans une certaine mesure, les mois de novembre et décembre étant traditionnellement davantage porteurs pour l’activité en comparaison de janvier et février. Mais il n’en reste pas moins que cette répétition de mauvais mois porte de plus en plus préjudice à nombre de commerçants. « En mars cela fera 12 ans que j’ai ouvert mon restaurant, et je n’ai jamais aussi mal débuté l’année, hormis durant le Covid. Les clients sont absents, on travaille vraiment très peu, et autour de nous c’est pareil, la plupart sont en baisse, on sauve tout juste les meubles », constate quelque peu dépité Loïc, gérant d’un établissement de restauration à Orléans.
Une perte de clientèle observée dans la plupart des professions, à l’instar d’Estelle, détaillante en chaussures à Paris. « Les soldes n’ont pas attiré les foules une nouvelle fois cette année. Il y a la concurrence d’internet et des grandes enseignes qui tuent le marché à petit feu, mais selon moi le point noir qui affecte la consommation en ce moment c’est surtout l’inflation. Quand on voit les prix qui augmentent de partout, ça décourage les clients de se faire plaisir », analyse-t-elle.
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Les commerçants contraints d’augmenter les prix
La problématique inflationniste est en effet aujourd’hui au cœur de toutes les préoccupations, et notamment en ce début de mois de mars, qui devrait marquer un nouveau tournant dans la hausse des prix des produits alimentaires. Face à cette situation intenable, le gouvernement table en ce moment même sur la mise en place d’un « panier anti-inflation », mais la solution est loin de convaincre l’ensemble des acteurs de la grande distribution.
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Dans ce contexte, et alors même que les charges fixes continuent d’augmenter pour les entreprises, près de la moitié des commerçants ont déjà été contraints d’augmenter leurs prix de vente en janvier et février (voir graphique ci-dessous). Et pourraient continuer à en faire de même dans les mois à venir si la situation l’impose, malgré les réticences de nombre d’entre eux. « On est vraiment pris en étau : d’un côté on ressent bien au quotidien avec nos clients que l’on ne peut pas trop augmenter nos prix, mais de l’autre côté nos factures sont aussi de plus en plus élevées. C’est très difficile de placer le curseur au bon endroit », relate Mickaël, boulanger-pâtissier dans la banlieue lilloise.
Les commerces alimentaires ne sont pas les seuls impactés. La coiffure et l’esthétique aussi sont très touchés par cette hausse des coûts de production. « On parle très souvent à juste titre des boulangers ou des restaurateurs, mais nous aussi nous sommes très impactés par l’augmentation des factures d’énergie. Les salons de coiffures sont très énergivores, on utilise beaucoup de matériels électriques, des sèche-cheveux, des tondeuses, de la lumière…», partage ainsi Léonie, gérante d’un salon de coiffure à Nice. Après avoir augmenté ses tarifs de 10% en moyenne en 2022, elle rechigne pour le moment à procéder à une nouvelle hausse des prix, préférant rogner sur sa marge. « Notre problème en tant qu’indépendants, c’est que l’on a une véritable relation avec nos clients, et forcément c’est plus difficile d’augmenter ses tarifs alors que déjà l’inflation revient très souvent dans les discussions au quotidien. Je n’ai pas envie de perdre ma clientèle que j’ai mis des années à fidéliser », justifie-t-elle. Malgré ça, elle estime à 10% le chiffre d’affaires perdu en janvier et février 2023.
Son cas est loin d’être isolé. Selon une récente étude réalisée par Ipsos pour l’Observatoire E.Leclerc des Nouvelles Consommations, 32% des Français déclarent ainsi renoncer souvent ou très souvent à des dépenses en lien avec la beauté en raison d’un budget limité…
Quelles perspectives d’activités pour les mois à venir ?
Face à ces difficultés de rentabilité, et alors même que la consommation devrait de nouveau pâtir de l’inflation durant encore quelques temps, une majorité de commerçants se montrent sans surprise plutôt pessimistes (55,07%) sur les perspectives d’activité pour les semaines et mois à venir. Quand 35,81% se disent « juste confiants ».
Seuls 5,52% se montrent optimistes, sur les quelques 3457 réponses obtenues de commerçants. A l’instar d’Aurélie, gérante d’un concept store à Rouen, qui propose à la fois des produits de mode, de la beauté, de la librairie, mais aussi un service de snacking. « On traverse une passe très difficile ces dernières années, mais je pense que si l’on parvient à y résister, cela nous permettra de bâtir des fondations solides pour le futur. Le vent va forcément tourner à un moment donné, il faut garder la foi dans ce que nous faisons au quotidien », encourage-t-elle.
Lire aussi : Le gouvernement lance un programme de reconquête du commerce rural
Un message d’espoir qui fait du bien à entendre, dans ce contexte économique et social pour le moins morose pour la plupart des acteurs du commerce. En attendant des jours meilleurs, qui pourraient arriver plus vite que prévu, avec un niveau de chômage au plus bas depuis 40 ans, et un ralentissement de l’inflation attendu au mois de juin. A suivre…
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je crois que j’ai déjà écrit que les confiants vont vite déchanter
Ce que j’en conclus c’est que les Français ont de l’argent pour les loisirs ( vacances ski voyage etc…) mais pour le reste ils font des économies je n’ai jamais eu autant de clientes dans mon salon de coiffure avoir autant de clientes mendier argumenté pour ne pas payer la prestation sans ristourne… Au bout d’un moment stop!! je ne pense pas qu’elles mendies pour s’offrir un voyage aucune négociation d’un rabais
Chers clients on subit comme tous l’inflation !!
détrompez vous, même le loisir souffre, je suis hôtelier et nous n’avons plus aucun client les week end. nous sommes plusieurs sur la ville à fermer les week end, ce qui n’existait pas avant covid ! tout le monde était ouvert toute l’année. les Français qui ont de l’argent le place, les autres deviennent de plus en plus pauvres…
c’est effectivement compliqué pour tout le monde notre épicerie accuse sur février une recul de son activité de 20 % quand nous étions encore sur des bases de + 30 % à fin novembre, le gap est énorme… pas de visibilité sur la suite