Entre manifestations et retrouvailles avec les clients : une réouverture mouvementée pour les commerçants
Malgré une journée de samedi marquée par des mobilisations sociales dans certaines grandes villes, la dynamique de reprise a semble-t-il été au rendez-vous pour les commerçants. Etes-vous d’accord ?
C’était la grande inconnue de cette réouverture, à savoir la clientèle allait-elle revenir en nombre dans les commerces de proximité, ou assisterait-on plutôt à une « reprise tranquille », compte tenu de la situation sanitaire actuelle toujours dégradée ? De ce que l’on a pu observer un peu partout en France depuis samedi, il semble difficile de dégager un scénario net de reprise, même si les premiers retours laissent à penser que les clients ont été au rendez-vous. « Honnêtement je ne partais pas très optimiste, je pensais que les gens allaient se concentrer dans la zone commerciale. Heureusement que je n’ai pas fait de pari, puisque ce samedi j’ai fait mieux que ma meilleure journée de 2019 », témoigne par exemple Christelle, gérante d’une boutique d’ustensiles de cuisine à Saint-Dizier (Grand Est). Même son de cloche du côté de Nice où Sarah, à la tête d’un commerce de prêt-à-porter pour femme, se félicite du retour en force de la clientèle. « Nous avons très bien travaillé samedi, et même ce lundi, alors que c’est d’habitude un peu calme, la journée fut bien remplie », se félicite-t-elle.
Dans l’habillement, les premiers retours au niveau national font d’ailleurs état d’une reprise assez bonne sur le plan de la fréquentation, avec un panier moyen qui serait légèrement au-dessus de la moyenne. Certaines grandes chaînes ayant même été prises d’assaut, à l’image du géant de la vente à bas prix Primark, des files d’attentes interminables se sont formées devant ses boutiques aux quatre coins de la France, faisant vivement réagir sur les réseaux sociaux.
Un respect du protocole sanitaire plus facile à appliquer dans les petits commerces que dans les enseignes « mass market ». Même si la question pose problème dans le secteur de l’esthétique et de la coiffure, ainsi Patricia, gérante d’un salon de coiffure à Pau, assure « avoir fait le maximum », même si elle reconnait qu’il n’est pas « pas toujours facile de faire respecter la règle des 8 m2 ». Le secteur de la coiffure, qui constate globalement que les clients ont répondu présent, de même que dans le secteur du jouet (l’enseigne JouéClub annonce un CA en hausse de +10% par rapport au même week-end l’an dernier). Reste à savoir si cette dynamique se poursuivra au cours des prochaines semaines ?
Les commerçants plombés par les manifestations à Paris, Marseille, Bordeaux ou encore Rennes
Dans les grandes agglomérations, la reprise fut semble-t-il plus mitigée, notamment en raison des manifestations contre le projet de loi “sécurité globale”, qui ont stoppé la dynamique dès le milieu de journée. « A Paris, Bordeaux ou encore Rennes, les commerces de centre-ville affichent une baisse de chiffre d’affaires de 30 à 50% par rapport au même week-end l’an dernier », rapportent nos confères d’Europe 1. Même son de cloche à Marseille, où Thierry, à la tête d’une boutique de prêt-à-porter dans le centre-ville, nous explique n’avoir enregistré « aucune activité entre 14 heures et 17 heures 30 ». Gageons donc que la situation puisse s’apaiser au cours des prochains jours…
Confusion autour de la règle des 20 km
Au-delà des mobilisations sociales, certains commerçants ont déclaré avoir été pénalisés par la règle des vingt kilomètres. C’est le cas notamment à Bordeaux, où comme le rapporte l’association de commerçants La Ronde des Quartiers, une part non négligeable de la clientèle des villes aux alentours n’aurait pas fait le déplacement à cause de cette restriction. C’est oublier que cette limitation ne s’applique pas aux commerçants. Et pour cause, la règle des sorties dans un rayon de 20 kilomètres autour de chez soi pendant 3 heures ne s’applique que pour les « sorties individuelles quotidiennes, pour se balader, faire une activité physique ou promener son animal de compagnie ». Les commerces ne sont donc pas concernés par cette restriction de déplacement, ni même cette limite de temps !
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En revanche, pour les commerçants installés au sein des zones touristiques, l’activité devrait tourner au ralenti pour encore quelques semaines… « La journée de samedi fut catastrophique, avec en tout seulement 3 clients dans la journée pour un chiffre d’affaires de 28 €. Et le début de semaine n’est pas mieux pour le moment », se désole ainsi Maxime, propriétaire d’une boutique de souvenir à Honfleur.
L’ouverture du dimanche fait toujours débat
Paris, Toulouse, Strasbourg, Bordeaux… Un peu partout en France, les arrêtés municipaux et préfectoraux se multiplient afin d’autoriser l’ouverture des commerces pour l’ensemble des dimanches du mois de décembre. Une généralisation de travail dominical qui ne fait pas l’unanimité chez les indépendants (voir sondage ci-dessous), avec un peu moins de 55 % des répondants à notre enquête qui s’y montrent favorable, pour le moment. « Ce n’est pas parce que nous n’avons pas pu travailler ces dernières semaines que l’on doit se tuer à la tâche pour les mois à venir, d’autant que nous avons nous aussi une vie de famille à assumer derrière », défend par exemple Stéphanie, gérante d’un salon de coiffure à Besançon. Quand d’autres, à l’image de David, à la tête d’une boutique de jouet à Quimper, entend lui au contraire « travailler au maximum tant que la situation le permet, aujourd’hui on ne peut plus être sûr de rien… ».
Et pour cause, malgré des désaccords sur certains sujets, un point fait aujourd’hui l’unanimité chez les commerçants : la nécessité de rester ouvert ! Un acquis qui ne pourra être conservé qu’avec une amélioration de la situation sanitaire d’ici les prochaines semaines. Avec en ligne de mire l’échéance du 20 janvier 2021, date à laquelle les restaurants, gros vecteurs de trafic en centre-ville, pourront de nouveau ouvrir leurs établissements, là encore sous réserve d’une amélioration de la situation sanitaire… Affaire à suivre.
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