Des députés LREM souhaitent élargir l’ouverture dominicale

Une vingtaine de députés de La République en marche ont cosigné une tribune afin d’élargir l’ouverture dominicale. Et avancent des arguments pour les moins discutables.

« La loi Pacte est une formidable opportunité pour revitaliser nos centres-villes, répondre aux attentes des Français et accroître l’attractivité de nos territoires en matière d’offre touristique. Alors, utilisons ce projet de loi pour offrir aux commerçants la liberté d’ouvrir ou non le dimanche ! » C’est en ces termes qu’une vingtaine de députés de la majorité parlementaire ont débuté leur tribune publiée dans les colonnes du Journal Du Dimanche, afin d’élargir l’ouverture dominicale. « L’ouverture dominicale est avant tout un enjeu sociétal qui correspond à l’aspiration des Français : être libre d’acheter, de se divertir, de travailler ou non le dimanche », peut-on lire par ailleurs.

Et de mettre en avant le succès des ZTI parisiennes afin d’étayer leur argumentation. « Au sein des zones touristiques internationales créées à l’époque, le chiffre d’affaires des magasins a augmenté de 15% et le dimanche est même devenu le deuxième meilleur score de la semaine pour certaines boutiques. Le nombre d’emplois a progressé d’environ 10% et 1.500 postes ont été créés dans les grands magasins parisiens », argumentent-ils.

L’ouverture dominicale loin de faire l’unanimité

En réponse aux arguments avancés par les députés de la majorité, treize élus de Paris et de la Métropole du Grand Paris ont à leur tour cosigné une tribune dans les colonnes du Journal Du Dimanche. Ces derniers se montrent à l’inverse beaucoup moins enthousiastes concernant l’extension de l’ouverture dominicale. « Les chiffres avancés (recettes des magasins, nombre ­d’emplois créés) ne reposent sur ­aucune donnée fiable, dénoncent-ils. À aucun moment les signataires ne posent les questions ­essentielles. Ils ne précisent pas combien d’emplois ont été supprimés dans les commerces situés en dehors des zones touristiques internationales (ZTI) depuis le vote de la loi Macron de 2015; ni quelle a été la progression globale du chiffre d’affaires dans les ZTI. » Et d’ajouter notamment que « si la loi Pacte exauce le vœu de ces 22 parlementaires, les petits commerçants qui font la vie de nos quartiers y perdront. »

L’Etat contourne le tribunal administratif

L’appel des députés LREM à aller plus loin sur l’ouverture dominicale n’intervient pas dans n’importe quel contexte. En effet, à peine moins d’une semaine plus tard, le gouvernement a décidé d’inaugurer deux nouvelles zones touristiques internationales : la zone « Palais des Congrès », dans le XVIIe arrondissement, et la « Champs-Elysées Montaigne », incluant l’avenue des Ternes, la partie de l’avenue de Wagram qui relie la place de l’Etoile à la place des Ternes et la rue du Faubourg-Saint-Honoré depuis la rue de la Boétie. A cela s’ajoute une troisième zone, « Bercy-Saint Emilion », dans le XIIe arrondissement, créée quant à elle via un arrêté préfectoral.

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Avec l’inauguration de ces nouvelles zones, l’État contourne ainsi les décisions rendues dernièrement par le tribunal administratif, qui avait annulé les arrêtés de création de trois ZTI : « Saint-Emilion-Bibliothèque », « Maillot-Ternes » et « Olympiades ». Le tribunal avait estimé que ces zones « ne disposent pas d’un rayonnement international et ne connaît pas d’affluence de touristes exceptionnelle ». Une décision saluée par les fédérations de commerçants indépendants, ces derniers se positionnant majoritairement contre l’ouverture accrue des commerces le dimanche (voir notre article : Les commerçants face à l’ouverture du dimanche). Pas de quoi convaincre pour autant les pouvoirs publics, apparemment plus à l’écoute des revendications des grands magasins parisiens…

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