Exclusif : le coronavirus impacte fortement le commerce de proximité

75 % des commerçants enregistrent une baisse d’activité d’au moins 10 % depuis le début de la propagation de l’épidémie de Covid-19 en France.

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Si le bilan sanitaire de l’épidémie de Covid-19 ne cesse de s’alourdir chaque jour en France et dans le monde, son impact sur l’économie fait également de plus en plus de dégâts. La banque de France vient ainsi de revoir ses prévisions de croissance à la baisse pour le premier trimestre 2020, de 0,3 % à 0,1 %. Et sans surprise, le commerce fait aujourd’hui partie des secteurs les plus impactés. Les résultats du sondage mené du 8 au 10 mars 2020, et qui a recueilli plus de 1200 réponses de commerçants à travers la France, attestent de cette chute d’activité. 87 % affirment ainsi avoir enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires depuis le début de la propagation de l’épidémie de Covid-19 en France. Et plus de la moitié d’entre eux estiment que celle-ci est supérieure à -20 % ! « Le flux de clientèle a drastiquement diminué ces derniers jours, et pourtant nous ne sommes pas dans une région particulièrement touchée par le virus, je suis assez inquiète de ce qui peut se passer par la suite », témoigne ainsi Christelle Servel, détaillante en chaussure à Saint-Malo.

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Un témoignage qui reflète assez bien l’état d’esprit des commerçants, alors que les mesures de restrictions de rassemblements et de déplacements se multiplient ces derniers jours. 75 % déclarent être pessimistes concernant la suite des événements. Et seulement 18 % se montrent juste confiants, quant 2 % à peine des commerçants font preuve d’optimisme. « C’est de pire en pire ces derniers jours, tous les clients qui viennent en magasin nous en parlent, ça devient pesant », témoigne Hélène Tual, gérante d’une bijouterie à Saint-Brieuc.

« La barrière de la psychose a été franchie »

Au-delà du risque sanitaire bien réel, les commerçants s’inquiètent surtout aujourd’hui de l’impact psychologique du virus sur le comportement des clients. « La responsabilité des médias est très grande. Ils en font beaucoup trop en rabâchant toute la journée les mêmes infos, et créent de ce fait un climat de psychose », s’insurge à ce propos Elizabeth Chemin-Normand, à la tête d’une boutique de décoration, à Auray (Morbihan). Un ressenti qui semble être partagé presque unanimement chez les commerçants. « Il ne faut surtout pas franchir la frontière de la psychose, ce qui est le cas actuellement. Connaitre minute par minute le nombre de morts, est-ce vraiment nécessaire ? », s’interroge d’ailleurs à juste titre Francis Palombi, Président de la Confédération des Commerçants de France, qui appelle à plus de modération.

Commerce coronavirus

Et ce d’autant plus qu’une majorité de commerçants applique déjà des précautions pour limiter la propagation du virus. 36 % d’entre eux ont même spontanément décidé de placer un distributeur de gel hydroalcoolique dans leur commerce. A l’image par exemple de Grégory Turpault, gérant d’un salon de coiffure à Paris. « Nous avons installé une pompe doseuse de gel hydroalcoolique à l’entrée du salon pour les clients. Les employés respectent également les règles d’hygiène de base, et les postes de travail ainsi que les outils sont nettoyés entre chaque client », explique-t-il.

« Pour une exonération des charges sociales et fiscales »

Dans ce contexte très défavorable au maintien d’une activité économique normale, et alors même que la situation s’empire de jour en jour, les représentants du commerce se mobilisent aujourd’hui pour réclamer la mise en place de mesures exceptionnelles pour soutenir le commerce. De nombreux commerçants témoignent en effet de la difficulté à maintenir leur activité à flots, et certains envisagent déjà de réduire leur masse salariale.

Signez la pétition : Pour la suppression des charges sociales et fiscales des commerçants

Dans ce contexte, la CDF demande ainsi « une exonération des charges sociales et fiscales pour les mois de février et mars 2020, voire avril si la crise et l’épidémie perdurent ». Une mesure forte qui n’a toutefois que très peu de chances d’être adoptée. « Toutes les entreprises confrontées à des difficultés pourront demander le report des charges sociales par mail », s’est contenté d’annoncer Bruno Le Maire, et ce avant le 15 mars prochain, soit lors de la prochaine échéance de paiement des cotisations. Des dégrèvements d’impôts directs, pour les entreprises menacées de disparition, ont également été annoncés. En attendant de nouvelles mesures d’ici les prochains jours ? Au rythme actuel où la situation évolue, difficile de faire des prévisions. Seule chose tangible à cette heure : les semaines à venir vont être difficiles pour les acteurs du commerce…

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