Conseils d’experts : Analyse d’une vitrine de mode
Agencer une vitrine est un travail de longue haleine, qui requiert des compétences que ne possèdent pas forcément tout commerçant. D’où l’intérêt de faire appel à un professionnel du merchandising. Ici, Nelly Sitbon, directrice de l’agence chasseurs d’influences, donne son avis sur une vitrine de mode.
Maison Billa, installée depuis un peu plus de vingt ans à Semur-en-Auxois (Côte-d’Or), propose des chaussures (70% de l’offre) et des vêtements pour homme et femme, en milieu/haut de gamme. La boutique jouit d’une bonne notoriété dans cette ville de 4 100 habitants mais, l’hiver dernier, Sylvie et David Billat ont souhaité séduire de nouveaux clients. L’idée : louer une vitrine dans le centre historique, à quelques minutes à pied de leur magasin. « Cela a coûté 600 € pour deux mois, une petite fortune pour nous, explique Sylvie Billat. Mais l’opération nous a ramené beaucoup de clients. »
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Pour cette vitrine de mode, Sylvie a utilisé ses bustes Stockman, faits sur-mesure pour qu’ils « taillent gros, avec de la poitrine pour la femme ». On y trouve également « une grosse pierre prise sur la plage », et quelques accessoires chinés : « les vrais objets mettent les clients en confiance. » Quel message pour cette vitrine ? « On ne voulait pas la surcharger, mais il fallait montrer qu’on est chausseur, avec différents niveaux de gamme, qu’on fait aussi des vêtements et de la randonnée. » La boutique propose également des chaussures adaptées à différentes largeurs ou pathologies du pied, mais Sylvie « n’a pas trouvé le moyen de le dire. »
L’analyse de cette vitrine de mode par Nelly Sitbon, directrice de l’agence chasseurs d’influences
« Techniquement, cette vitrine de mode est plutôt réussie. On retrouve une présentation en pyramide : au sommet, le buste masculin et, à la base, des chaussures et accessoires. Les couleurs sont bien assorties, avec notamment une diagonale de cuir qui inclue le sac et les chaussures. L’espace est structuré : à gauche, la cordonnerie, à droite la randonnée et, au centre, le prêt-à-porter. Cette vitrine de mode étant vaste, il serait possible d’y ajouter un mannequin, qui pourrait porter le chemisier accroché sur la doudoune et le jean plié, dont on ne distingue rien. Un mannequin plutôt qu’un buste, car sans un corps complet, il est difficile de mettre en valeur certaines pièces et de faire de la mise en scène. Mais la principale recommandation est de moderniser le concept de cette vitrine, de faire moins d’étalage et plus de scénographie. Elle présente trop de produits, trop d’informations.
Quand on veut tout dire, on ne dit rien ! Les chalands se déplacent très vite, les yeux rivés sur leur téléphone portable, leur attention est limitée. La vitrine doit être conçue comme une opération commerciale précise : un certain type de produits est mis en valeur et joue le rôle d’accroche, durant un temps limité. Ensuite, on change en fonction d’un planning basé sur les saisons, les fêtes, les évènements locaux… Sur cette base, il devient possible de raconter une histoire, compréhensible immédiatement. Par exemple, pour des articles de randonnée, le décor comprendra des buches, des feuilles au sol… »
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