20 mai 2025

Commerce spécialisé : un rebond d’activité au mois d’avril en trompe-l’œil

Avec une hausse de 4,5 % des ventes en magasin, le mois d’avril semble marquer un rebond pour les enseignes du commerce spécialisé. Mais derrière ce chiffre encourageant se cachent des effets calendaires et une activité encore atone sur le début de l’année.

Le commerce spécialisé a terminé le mois d’avril sur une note positive, avec une progression moyenne de 4,5 % des ventes en magasin à surface égale, par rapport à avril 2024. C’est en tout cas ce qui ressort du dernier bilan publié par la fédération Procos, qui représente 35% du commerce de détail en France. Un résultat qui, s’il mérite d’être salué, doit néanmoins être interprété avec prudence.

En effet, cette hausse s’explique en grande partie par un effet calendaire, puisque cette année les fêtes de Pâques ont eu lieu en avril, alors qu’elles s’étaient tenues en mars en 2024. Un décalage qui a mécaniquement dopé l’activité dans certains secteurs, comme les chocolateries ou l’alimentaire spécialisé. À cela s’ajoute une base de comparaison favorable, puisqu’en avril 2024 la baisse d’activité des commerçants avait été prononcée, chiffrée à – 3,8 %.

Des performances contrastées selon les secteurs

A noter également, tous les secteurs ne profitent pas de cette embellie. L’équipement de la maison reste en net recul (- 3,5 %), tout comme la beauté-parfumerie (- 1,5 %), ou encore dans une moindre mesure la restauration (- 0,9 %). À l’inverse, les magasins de cadeaux-culture-jouets (+ 6,1 %) ou encore les enseignes de sport (+ 1,9 %) tirent leur épingle du jeu. L’habillement affiche également une progression très intéressante de son chiffre d’affaires, estimée à + 4,5 %.

Autre indicateur notable, la fréquentation des magasins reste globalement stable, quoi qu’en légère baisse (- 0,5 %). Un signal qui confirme que la hausse d’activité s’explique davantage par une augmentation du taux de conversion et du panier moyen, plutôt que par un regain de trafic en point de vente.

En cumul sur les quatre premiers mois de l’année, la progression reste timide, chiffré à +1,4 % à surface égale. Un chiffre qui suit de près l’évolution de l’inflation, ce qui signifie qu’en termes de volumes vendus, l’activité stagne.

Les commerçants réclament des mesures pour stopper la concurrence déloyale… En vain !

Au-delà des chiffres, les préoccupations des enseignes se concentrent sur un sujet récurrent : la concurrence des plateformes extra-européennes, Shein et Temu en tête. Procos alerte une nouvelle fois sur les risques liés à l’absence de contrôles et de normes équivalentes, qui permettent à de nombreux produits non conformes d’entrer sur le marché français. Et appelle les pouvoirs publics français à prendre acte du problème, et même à sanctionner ! « Comment constater les défauts de respect de normes majoritaires et ne pas sanctionner immédiatement ? Un magasin qui agirait ainsi serait immédiatement fermé. Il ne peut y avoir deux poids deux mesures », revendique à juste titre la fédération du commerce spécialisé.

Parmi les mesures urgentes réclamées par la fédération, la suppression de l’exonération de droits de douane pour les colis de moins de 150 euros, et un renforcement drastique des contrôles qualité sur les produits importés. « L’absence de telles mesures ou leur caractère tardif feraient porter de très grands risques sur la fragilisation du tissu commercial et industriel européen avec des impacts sociétaux et sociaux majeurs », avertit Procos.

Face à la déferlante de colis chinois, Véronique Louwagie, la ministre déléguée au Commerce et à l’Artisanat, souhaite agir « de manière très forte, très rapide et organisée en mobilisant tous les moyens », notamment en triplant les contrôle sur les références chinoises telles que Shein et Temu et « en levant le pied sur les commerces physiques », qui réalisent généralement « des erreurs de bonne foi ».

Dans le viseur de l’exécutif également, la publicité qui pourrait aller « jusqu’à une interdiction complète » pour les plateformes chinoises. Pas sûr pour autant que ces mesures suffisent, d’autant que, la suppression de la franchise douanière sur les colis de moins de 150 euros ne devrait pas intervenir avant 2028. Et encore rien n’est acté ! En attendant, les commerçants vont donc devoir continuer à faire le dos rond. Encore une fois…