Sondage exclusif : les attentes des commerçants indépendants en 2020
Plus d’un commerçant sur deux a accusé un repli de son chiffre d’affaires en 2019. Et si seulement 7 % se déclarent optimistes pour 2020, ils ne sont pas pour autant abattus.
L’année 2019 ne fut pas de tout repos pour les commerçants indépendants. Et notamment pour ceux installés dans les centres-villes des grandes agglomérations, particulièrement exposés aux mobilisations sociales qui se sont succédé tout au long de l’année. Résultats, alors même que l’année 2018 s’était déjà soldée par une baisse de l’activité, plus de la moitié des répondants à notre sondage exclusif* affirment avoir enregistré une perte de chiffre d’affaires en 2019. Pire encore, 30 % jugent celle-ci « très forte ». « Entre les manifestations sans fin en centre-ville, le développement du e-commerce, et les tarifs prohibitifs du stationnement, l’année a été une nouvelle fois très compliquée pour nous, les indépendants », résume Olivier Fargetton, président du Groupement d’entente du commerce de Maine-et-Loire. Un témoignage qui reflète assez bien le ressenti des commerçants à l’heure actuelle, au vu des quelques 400 retours écrits que nous avons reçus à la rédaction, sur près de 2500 participants.
Les commerçants indépendants prudents en 2020…
Dans ce contexte, c’est sans surprise qu’une grande partie des commerçants indépendants se déclarent « pessimistes » pour l’année à venir. A l’inverse, seuls 7 % se montrent optimistes, et 42 % « juste confiants ». Et l’échéance des élections municipales, où la thématique de la revitalisation du cœur de ville devrait occuper une place particulièrement importante, ne semble pas en mesure de changer la donne. Interrogés à ce sujet, une grande partie des commerçants affirment ainsi « ne plus rien attendre » de leurs élus locaux, trop souvent déçus des politiques d’aménagement du territoire qui ont été menées ces dernières années dans nombre de communes, et qui ont eu pour effet de rendre toujours moins attractifs les cœurs de ville. « Je n’attends plus rien de nos dirigeants, qui ne s’intéressent à nous que pendant les périodes d’élections et ne connaissent rien de nos problématiques au quotidien », témoigne par exemple Stéphane Meunier, gérant d’un salon de coiffure, à Veigné (Indre-et-Loire).
Reste que tous n’affichent pas le même fatalisme, et certains espèrent bien que les choses puissent évoluer dans le bons sens à l’avenir. Parmi les revendications qui reviennent le plus souvent dans les témoignages de commerçants, la question du stationnement occupe une position centrale. « Ces dernières années tout a été mis en place pour décourager les automobilistes à se rendre en centre-ville, avec notamment des tarifs de stationnement prohibitifs, alors que dans le même temps on autorise l’implantation de zones commerciales avec des parkings géants gratuits, il faut que ça cesse », s’insurge ainsi Serge Nicolaidis, à la tête d’une boutique de prêt-à-porter homme, à Roanne (Loire). Arrêter le plus rapidement possible le développement de la périphérie est une revendication qui revient d’ailleurs très souvent dans les témoignages. « Il est grand temps de stopper les créations de supers centres commerciaux en périphérie de nos petites communes. Et ce d’autant plus que les grandes enseignes ont leur place en centre-ville, elles restent malgré tout de bonnes locomotives, et pourraient donc participer à la dynamique du commerce de proximité », témoigne Céline Rauscent, gérante d’une boutique de mode pour femme, à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne).
A l’heure où il devient en effet urgent de trouver des solutions pour redonner vie à nos centres-villes, nombre de commerçants veulent aujourd’hui tendre la main à leurs élus locaux. « Il est indispensable de mettre en œuvre une relation de proximité entre les élus et les commerçants, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui dans la plupart des villes. Plan de circulation, animations en centre-ville et projets de développement urbain devraient être discutés au préalable, en concertation avec les commerçants », propose ainsi David De Sousa, gérant d’un café à Saint-Astier (Dordogne).
…. Mais toujours entreprenants
Si les commerçants ne sont pas vraiment optimistes sur le climat général des affaires pour l’année 2020, ils ne comptent pas pour autant rester les bras croisés. 10 % aspirent ainsi à ouvrir ou développer un nouveau commerce, et ils sont de plus en plus nombreux à vouloir s’approprier les outils digitaux pour booster leur activité (voir graphique ci-dessus). Reste que 16 % envisagent tout de même de tirer définitivement le rideau. « Les commerçants encore en activité sont en souffrance, livrés à eux-mêmes et écrasés par les charges. Nous ne pouvons pas non plus rémunérer nos employés correctement. Nous tenons nos sociétés à bout de bras mais pour combien de temps ? », s’interroge ainsi Djilali Zaoui, gérante d’une boutique de lingerie, à La Trinité (Alpes-Maritimes). C’est justement pour rompre avec cette solitude que 9 % comptent rejoindre les rangs d’une association de commerçants. L’occasion par la même de peser davantage dans le débat public et de montrer que le commerce indépendant a encore son mot à dire ! Et si justement la décennie 2020 sonnait le retour en force du commerce de proximité ?
* Sondage réalisé du 01/12/2019 au 10/01/2020 auprès de 2 473 commerçants indépendants, tous secteurs d’activité confondus.
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Tout à fait d’accord. En France, travailler devient un acte illégal, tout comme la prostitution. C’est pourquoi tout travailleur (idem pour un employeur) paye une amende sous forme d’impôts très élevé, de taxes en tout genre, d’une hausse du coût de la vie…. Et pour faire passer la pilule le gouvernement joue à l’état providence en débloquant des milliards d’euros (ce que personne n’a jamais demandé) en disant avoir entendu les français. Au final, le problème s’aggrave. Il faudrait que les politiques, tout comme les médias, les syndicats, aillent sur le terrain de la réalité. Vaste utopie !
Le problème franco français c’est que nous sommes le seul pays au monde qui déteste autant le peuple travailleur et encore plus les chefs d’entreprises nous n’intéressons plus personne sauf pour payer nos charges sociales (car en France faire travailler des gens s’apparente à de la prostitution )qui sont de plus en plus élevés et nous venons encore de le voir avec ces irresponsable syndicalistes qui pour boucler le problème des retraites proposent d’augmenter les charges patronales.. À force de laisser la parole qu’a des bons à riens qui n’ ont jamais rien prouver et encore moins travailler voilà ou… Lire la suite »
Philippe à bien résumé. Je rajouterais, qu’autant voir si ce n’est plus que le prix, ce qui attire le clients, c’est la facilité et la gratuité d’accès (centre commerciaux) et peut être encore plus la quasi immédiateté de livraison et l’hyper facilité de commande du net. Il faut être un peu réaliste ; les centres villes et les petits commerces c’est de l’histoire ancienne. Nous sommes allez trop loin dans la “massacre à la tronçonneuse” ; les clients ont changés d’habitude, et nous ne les intéressons plus, comme nous n’intéressons plus les élus. Nous sommes un modèle économique dépassé et… Lire la suite »
Cela fait longtemps que le centre-ville est malmené. Il fut un temps où il y avait des entreprises (autres que les commerces de détails) qu’on a fait partir dans des zones industrielles sous des faux prétextes d’amélioration comme la fluidité de la circulation etc… alors qu’en fait il ne s’agissait que de vendre les terrains à des promoteurs immobiliers pour construire des immeubles puis des logements sociaux. En parallèle les centres commerciaux se sont développés (et cela n’est pas fini) en proposant des produits et des services à coûts réduits, avec des accès faciles et un stationnement entièrement gratuit. Vient… Lire la suite »