« Une vague de cessations de paiements devrait intervenir au second semestre 2019 »

Un rapport de la Commission des Affaires économiques du Sénat prévoit une vague de cessations de paiements pour de nombreux commerces au second semestre 2019.

L’impact économique du mouvement des gilets jaunes sur le commerce, et notamment de centre-ville, n’en finit plus de s’aggraver. Dernière actualité en date, le rapport de la sénatrice Evelyne Renaud-Garabedian (Les Républicains) montre un manque à gagner énorme pour les commerçants au cours de la période s’étalant de novembre 2018 à mars 2019, là où la mobilisation des gilets jaunes a été la plus importante. Ce rapport, dévoilé en exclusivité par Le Parisien – Aujourd’hui-en-France, estime ainsi la perte de chiffre d’affaires des commerçants de l’ordre des 30 % les samedis ! Et le pire est à venir, puisque de nombreuses cessations de paiements devraient intervenir durant le second semestre…

Des dégradations qui ont coûté cher

Si on ne peut réduire le mouvement des gilets jaunes aux nombreuses scènes de destructions et pillages de commerces observées un peu partout en France, il faut quand même reconnaître que leur impact n’a pas été négligeable. A Paris, Bordeaux, Rouen, Saint-Etienne… Les grandes enseignes, mais également les petits commerçants, ont été la cible des casseurs. Au total, le rapport estime que les dégâts matériels chez les commerçants ainsi que sur les axes routiers ont déjà coûté 217 millions d’euros aux assureurs !

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A cela s’ajoute le manque à gagner énorme pour les commerçants suite à la forte baisse de fréquentation en centre-ville. Une perte d’exploitation qui n’est bien souvent pas prise en charge par les assurances. « Lorsque le Fouquet’s est vandalisé et qu’il doit fermer pour travaux, la perte de chiffre d’affaires est couverte. Mais dans la majorité des cas, lorsque les commerces ont subi la désertion des clients parce que les centres-villes étaient bloqués, la perte de chiffre d’affaires n’est pas prise en charge. Et cela coûte très cher aux commerçants », explique justement la sénatrice dans son rapport.

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Des cessations de paiements en vue

De la mise en place de périodes de chômage technique en passant par la baisse de leur propre salaire, jusqu’au licenciement de certains salariés en dernier recours, les commerçants ont tout fait pour maintenir à flot leur activité. « À Lyon, 20 % des entreprises auraient licencié ou effectué des démarches de chômage partiel, tandis que 500 CDD n’auraient pas été renouvelés à Rouen », peut-on par exemple lire dans le rapport du Sénat. Mais cela ne devrait pas être suffisant pour éviter la fermeture de nombreux commerces. « C‘est au second semestre 2019 qu’une vague de cessation et défaut de paiements devrait intervenir, de même qu’une augmentation critique du nombre de procédures de sauvegarde, de redressement judiciaire voire de liquidation judiciaire ».

Que peut-on faire ?

Face à l’urgence de la situation, la sénatrice juge que les différentes aides de l’Etat ne seront pas suffisantes pour endiguer la vague de fermetures annoncées. Cette dernière plaide notamment pour que « les commerçants qui ont obtenu des reports de paiements de la part de l’Etat soient complètement exonérés ». Une revendication qui fait écho à la récente demande d’Alain Griset, le président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), de procéder à une « exonération complète de charges fiscales et sociales sur le 1er trimestre 2019, pour les entreprises de moins de 50 salariés et attestant d’une perte d’au moins 30 % de chiffre d’affaires ». Le cri d’alarme est lancé, au gouvernement à présent d’en prendre la mesure.

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