Le centre commercial ne séduit plus

Fréquentation en chute libre, vacance commerciale qui explose, baisse du chiffre d’affaires… le centre commercial n’attire plus les foules. Malgré cela, les loyers ne cessent de progresser !

Le centre commercial est-il devenu un lieu de shopping has been ? Si la question – volontairement provocatrice – mérite naturellement plus de nuances, elle n’en reste pas moins légitime au vu des dernières évolutions des modes de consommation. Entre l’explosion du e-commerce, la volonté des consommateurs d’acheter autrement, ou encore les nouveaux arbitrages des ménages concernant l’utilisation de leur budget, le centre commercial n’apparaît plus comme le lieux privilégié pour faire ses achats.

Les centres commerciaux français ont vu leur fréquentation baisser de 5 % par an en moyenne depuis 5 ans, ce qui n’empêchent pas les promoteurs d’augmenter leurs superficies. Parfois même au mépris de zones environnementales sensibles, comme à Cap 3000, à Saint-Laurent-du-Var, où l’extension du centre commercial s’opère à même l’embouchure du Var.

La vacance progresse, alors que les loyers augmentent

Révélateur du manque d’attrait du centre commercial, la fréquentation marque le pas chaque année. C’est en tout cas les conclusion de l’observatoire Procos/Stackr, qui affirme dans un communiqué que « les magasins en centres commerciaux voient leur fréquentation baisser de 5 % par an en moyenne depuis 5 ans ». Dans son analyse, Procos ne manque d’ailleurs pas de pointer du doigt la politique de certains centres commerciaux vis-à-vis des enseignes. « Les chiffres d’affaires par m² se réduisent. Or, à l’exception des centres les plus en difficulté, les loyers continuent de croître tendanciellement, les charges et travaux refacturés aux commerçants, également : une dynamique destructrice à très court terme », peut-on notamment lire. Dans ce contexte, l’explosion de la vacance commerciale au sein des centres commerciaux, à près de 11% en 2017, n’a rien de surprenant.

Le centre commercial doit se réinventer

Ce cocktail explosif, qui associe hausse de la vacance, progression des loyers et baisse de la fréquentation, ne semble pas pour autant inquiéter plus que cela les gestionnaires de centres commerciaux. « Certaines foncières se félicitent encore de l’accroissement du taux d’effort* supporté par les enseignes de leurs centres », regrette ainsi Procos. Et pour cause, le marché de l’immobilier commercial ne cesse de prendre de la valeur. Les constructions de nouveaux centres se poursuivent aussi à un rythme effréné dans toute l’Europe. D’après un récent rapport du cabinet Cushman&Wakfield, 6,6 millions de m² devraient ainsi voir le jour d’ici les deux prochaines années.

Lire aussi : Les constructions de zones commerciales maintiennent leur rythme en 2018

Ce qui ne doit pas pour autant empêcher les centres commerciaux de se réinventer. Et notamment dans leur stratégie pour attirer du flux en magasin. « La solution ne peut être recherchée systématiquement dans les offres promotionnelles qui impactent le compte d’exploitation. L’organisation centralisée des foncières a coupé la relation avec les responsables des magasins, or les réponses adaptées aux attentes des consommateurs locaux dépendent de la qualité de cette relation et de ces échanges », explique Procos. Des recommandations qui semblent assez pertinentes, mais pourtant, à l’heure où la tendance est à une consommation plus authentique et responsable, le plus simple ne serait-il pas de rééquilibrer les achats vers les centres-villes ?

 

*En immobilier, le taux d’effort représente le rapport entre le montant total du loyer et le montant total des ressources du locataire.

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