Budget 2026 : les entreprises vont-elles passer à la caisse ?
Alors que la France vient de voir sa note souveraine dégradée par l’agence Fitch, le gouvernement cherche des marges de manœuvre budgétaires. Mais du côté du patronat, la ligne rouge est claire : pas question que les entreprises fassent les frais du redressement des finances publiques.

Les années se suivent et se ressemblent. Après avoir fait tomber le gouvernement de Michel Barnier l’an passé, les nombreux désaccords autour de l’adoption du budget de l’Etat ont cette fois-ci eu raison du gouvernement mené par François Bayrou, qui a été contraint de remettre sa démission la semaine passée. Tout juste arrivé à Matignon, Sébastien Lecornu se retrouve aujourd’hui face à la même équation insoluble : faire adopter un budget qui rassemble une majorité à l’Assemblée nationale. Le tout dans un contexte social tendu, à l’aube d’une nouvelle journée de grève prévue le jeudi 18 septembre.
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Le patronat fait entendre sa voix
Face à cette mobilisation qui prend de l’ampleur et axe ses revendications sur la nécessité de taxer plus lourdement les grandes fortunes et les entreprises, les représentants du patronat montent eux aussi au créneau. Le Medef notamment a mis en garde l’exécutif, promettant qu’une « grande mobilisation patronale » sera organisée si les impôts des entreprises sont augmentés dans le cadre du budget 2026. « C’est presque une provocation pour les patrons de voir que l’État imagine augmenter la fiscalité sans chercher à baisser ses dépenses », s’est indigné le président de l’organisation patronale Patrick Martin dans les colonnes du Parisien. Ajoutant par ailleurs que les entreprises françaises sont « les plus imposées parmi les pays de l’OCDE, déduction faite des aides qu’elles reçoivent », avec « 13 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires en 2025 ». Les chiffres sont là pour en attester, le poids des prélèvements obligatoires en France atteint 45,6 % du PIB, soit le niveau le plus élevé de l’UE, bien au-delà de la moyenne européenne située à 40 %.
La taxe Zucman, censée rapporter 15 milliards d’euros par an en taxant à 2 % les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, cristallise également les tensions. Pour le Medef, elle ne frapperait pas seulement les grandes fortunes, mais aussi des entreprises innovantes à forte valorisation mais peu rentables. Patrick Martin y voit une véritable « spoliation du capital productif », un signal désastreux pour l’attractivité du pays.
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Qui va payer la note ?
C’est dans ce contexte on ne peut plus tendu que le gouvernement va devoir trouver des marges de manœuvre, afin d’adopter un budget pour l’Etat et les administrations sociales d’ici la fin de l’année. Avec une question qui reste encore en suspens : comment résorber le déficit public dans les années à venir ? Une problématique cruciale, alors même que la dégradation de la note souveraine par Fitch a agi comme un électrochoc. En passant de AA à A+, la France rejoint ainsi le peloton des pays de la zone euro les plus scrutés par les investisseurs.
Concrètement, cela signifie que l’État se finance aujourd’hui à des taux plus élevés que ses voisins : 3,44 % pour les obligations françaises à dix ans, contre 2,65 % pour l’Allemagne ou 3,23 % pour l’Espagne. Un écart qui pèse lourdement sur le service de la dette, qui pourrait devenir très rapidement le premier poste de dépense de l’Etat. Une perspective qui conduira forcément l’exécutif à trouver de nouvelles sources de recettes dans les années à venir. Gageons que les petites entreprises, et notamment dans le commerce et l’artisanat, soit le plus épargnées possible. Rien n’est moins sûr.
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