Taxe sur les friches, foncières communales, IA… Le gouvernement dévoile son plan pour le commerce et les centres-villes

Deux jours après la remise d’un rapport sur l’avenir du commerce de proximité, le gouvernement a dévoilé neuf mesures destinées à soutenir les commerces et à revitaliser les centres-villes.

Plan redynamisation centre-ville
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L’exécutif veut accélérer sur la revitalisation commerciale. À la suite d’un rapport complet remis cette semaine au gouvernement sur l’avenir du commerce de proximité, le ministre du commerce, Serge Papin, a présenté à Saint-Quentin les premières mesures retenues pour soutenir les commerces et redynamiser les centres-villes. Objectif affiché : donner aux collectivités et aux commerçants les moyens d’agir concrètement sur le terrain, en combinant leviers fiscaux, outils immobiliers, accompagnement humain et innovation numérique.

Au total, neuf mesures ont été retenues sur les trente recommandations du rapport, dont quatre jugées prioritaires par le gouvernement. « Nous avons retenu des mesures qui peuvent être mises en œuvre rapidement, au cours du premier semestre 2026 si possible, et qui auront un impact concret sur le terrain », explique-t-on au cabinet de Serge Papin. Pour autant, le ministre du commerce l’a assuré, toutes les recommandations du rapport ont vocation a être adoptées à l’avenir.

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Une taxe sur les friches commerciales plus ciblée

Première mesure phare annoncée, l’exécutif souhaite faire évoluer la taxe sur les friches commerciales. Actuellement, ce dispositif s’applique seulement après deux années de vacance, un délai jugé trop long pour être véritablement dissuasif. Le rapport remis au gouvernement souligne d’ailleurs que sa mise en œuvre « ne rend pas cette pratique dissuasive pour les propriétaires, eu égard à son faible montant et à la facilité d’en obtenir l’exonération ».

Le gouvernement souhaite ainsi rendre cette taxe plus efficace, en permettant aux maires de cibler les zones les plus touchées : un centre-ville, une rue commerçante ou un périmètre d’opération de revitalisation du territoire (ORT). Un amendement en ce sens sera déposé dans le projet de loi de finances 2026. Cette nouvelle formule doit permettre aux élus d’agir avec précision et d’exercer une pression plus forte sur les propriétaires qui laissent leurs biens vacants.

Des managers de centre-ville pérennisés et formés

Deuxième priorité du plan, le financement et la pérennisation des managers de centre-ville. Ces experts de l’aménagement marchand accompagnent les élus dans la définition et la mise en œuvre de leur politique commerciale. Déployés à partir du plan de relance, environ 500 managers exercent aujourd’hui sur le territoire, et leur action est largement saluée par les collectivités.

Le gouvernement veut désormais consolider cette profession et permettre à davantage de territoires d’en bénéficier. Certains postes pourront être mutualisés entre plusieurs communes. La Banque des Territoires a annoncé son souhait de participer à ce projet à hauteur de 20 millions d’euros, afin de soutenir prioritairement les villes fragiles qui manquent de moyens pour recruter ou pérenniser un manager. L’objectif : offrir aux collectivités un appui humain durable pour redynamiser leur tissu commercial et renforcer la coordination locale entre acteurs publics et privés.

Un soutien renouvelé aux foncières de redynamisation

Autre mesure phare du plan, le renouvellement du programme « 100 foncières » porté par la Banque des Territoires. Lancé en 2021 avec une enveloppe de 300 millions d’euros, ce dispositif a déjà permis de financer plus de 90 foncières de redynamisation commerciale à travers le pays. Ces structures locales achètent, réhabilitent et relouent des locaux vacants, souvent dégradés, afin de relancer l’activité dans les centres-villes.

Le gouvernement souhaite prolonger cette dynamique, et la Banque des Territoires a là aussi annoncé son souhait de participer à ce projet à hauteur de 100 millions d’euros supplémentaires dès 2026. Cet appui doit permettre à de nouvelles communes de créer leur propre foncière et de financer des opérations de réhabilitation à fort effet levier. « Les foncières permettent de redonner de la main aux collectivités sur le foncier commercial, de réhabiliter les cellules dégradées et de choisir les activités qui s’y installent », souligne-t-on au cabinet du ministre.

L’intelligence artificielle au service des commerçants

Plus inattendue, la quatrième mesure phare concerne l’intelligence artificielle. Serge Papin souhaite adapter au commerce de proximité le plan « Osez l’IA » lancé en 2025 par la direction générale des entreprises. L’objectif est d’aider les commerçants à mieux gérer leur activité et gagner du temps au quotidien grâce à l’intelligence artificielle : assistance à la gestion des avis clients, automatisation de certaines tâches administratives, optimisation des stocks ou encore amélioration de la visibilité en ligne. Cette mesure s’appuie sur une recommandation du rapport appelant à « promouvoir un plan de formation à l’intelligence artificielle et aux outils numériques pour renforcer l’habileté numérique des commerçants ».

Cinq autres mesures pour compléter le dispositif

Au-delà de ces quatre priorités annoncées par le ministre Serge Papin, cinq autres mesures viennent compléter la feuille de route gouvernementale pour soutenir le commerce de proximité.

La première consiste à renforcer les programmes existants tels qu’Action Cœur de Ville, Petites Villes de Demain et Villages d’Avenir, en y intégrant un axe commerce plus affirmé. Lancés entre 2018 et 2023, ces dispositifs soutiennent les collectivités dans la revitalisation de leurs centres urbains, en agissant sur le logement, la mobilité, les services et la qualité de vie. L’objectif est désormais d’y donner une place centrale au développement économique local.

Deuxième mesure, la création d’une plateforme numérique baptisée « Diagnostiquer ma vacance commerciale », portée par la direction générale des entreprises. Disponible dès le début de l’année 2026, ce guide “pas à pas” permettra d’accompagner les élus dans la gestion de la vacance commerciale de leur commune. L’outil regroupera « l’ensemble des solutions portées par les acteurs concernés (entrepreneur, bailleur privé, collectivité, etc.) dans un même outil, afin d’accélérer la remobilisation des locaux vacants », précise le dossier de presse.

Troisième mesure, le déploiement d’une charte nationale “Ville commerçante”, élaborée en partenariat avec les chambres consulaires et les associations d’élus. Ce document d’engagement commun doit encourager un dialogue structuré entre commerçants et collectivités autour de sept grands principes : attractivité, diversité, transition écologique, sécurité, accessibilité, foncier et animation.

Le gouvernement souhaite également amplifier le programme Entrepreneuriat Quartier 2030, destiné à soutenir la création d’entreprises dans les quartiers prioritaires. Ce dispositif vise à renforcer l’accompagnement des porteurs de projets locaux et à consolider les liens entre les opérateurs du programme, les collectivités et les bailleurs sociaux, afin de favoriser la création d’activité dans les territoires fragiles.

Enfin, une expérimentation baptisée « Made in Local » sera lancée dès 2026. Ce dispositif permettra la mise à disposition temporaire de locaux vacants pour des artisans, producteurs ou commerçants souhaitant tester une implantation. Inspirée d’initiatives locales déjà menées, notamment à Vesoul, cette expérimentation doit favoriser la réutilisation des cellules commerciales et soutenir les projets ancrés dans les territoires.

Des mesures utiles, mais seront-elles suffisantes ?

Ces annonces gouvernementales ont été globalement bien accueillies par les représentants des commerçants, qui réclament depuis des années un plan d’envergure pour redynamiser les centres-villes et soutenir l’activité économique locale. Pour autant, dans un contexte de hausse constante des coûts fixes, la principale attente des professionnels reste avant tout la réduction du poids des charges et des impôts qui pèsent sur leur activité.

Et pour cause, dans un marché de plus en plus concurrentiel, la compétitivité des commerçants français passe d’abord par un allègement de la fiscalité. Une revendication qui semble, hélas, relever de l’illusion, dans un contexte budgétaire davantage propice aux hausses d’impôts qu’à leur réduction…

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