Et si le Black Friday était un désastre pour lecommerce ?
Le Black Friday devrait de nouveau battre des records de chiffres d’affaires en 2019. Loin d’être une bonne nouvelle, ce succès commercial fragilise un secteur déjà en difficulté. Sans compter son impact environnemental.
Trop c’est trop. Alors que la sixième édition du Black Friday version française devrait une nouvelle fois battre des records de chiffre d’affaires (près de 6 milliards d’euros de CA anticipés, contre un peu moins de 5 milliards d’euros en 2018), la riposte s’organise pour lutter contre cette semaine entière de promotions. Un peu partout en France et dans le monde, des mouvements initiés par des entreprises et associations en tout genre se créent afin de porter un autre message que celui de la consommation sans limites.
« Réparer ou donner plutôt que de jeter, allonger les durées de vie, acheter local, choisir des produits labellisés, autant de bonnes pratiques qui font une vraie différence », revendique par exemple le mouvement Green Friday, qui regroupe un peu plus de 180 entreprises installées en France et en Belgique (Altermundi, Emmaüs France, Ethiquable…). Afin de sensibiliser les consommateurs sur l’importance de ces petits gestes, divers ateliers et animations sur la rénovation de produits utilisés au quotidien (vêtements, électroménagers, électronique…) seront mis en place par ces structures un peu partout en France ce vendredi 29 novembre 2019. Dans le même esprit, 450 marques de modes (Nature & Découverte, LePantalon, Bonne Gueule…) ce sont réunies dans un collectif initié par la griffe Fuego nommé « Make Friday Green Again ». Ces dernières encouragent également leurs clients à faire le tri dans leurs placards pour revendre ou recycler ce qui ne les intéressent plus. De plus, elles s’engagent à ne pas casser les prix en cette journée du 29 novembre, afin de sensibiliser les consommateurs sur la notion de prix juste.
Quand les marges réduites tuent le commerce
Si les considérations environnementales concentrent – à juste titre – l’essentielles des critiques vis-à-vis de cet événement commercial importé tout droit des Etats-Unis, il n’en faudrait pas pour autant oublier que le Black Friday est tout aussi désastreux pour les premiers concernés, à savoir les fabricants et commerçants qui participent à cette célébration des prix cassés. Et pour cause, qui dit promotions, dit forcément des niveaux de marges réduites, quand bien même il s’agit parfois de fausses remises (voir notre article : Quand Black Friday rime avec fausses promotions). Et c’est justement cela qui fait défaut aujourd’hui à bon nombre de commerçants : retrouver des niveaux de marges qui leur permettent de vivre décemment de leur activité ! La période des fêtes de fin d’année restaient encore l’un des rares moments de l’année pour vendre à des prix « normaux », autrement dit non barrés. Mais ça c’était avant le Black Friday, qui contrairement à ce qu’affirment ces promoteurs, ne permet en aucun cas de booster la consommation. Une étude de L’Obsoco (L’observatoire société et consommation) montre ainsi que « 77% des consommateurs qui envisagent de participer au Black Friday prévoient cette année d’en profiter pour acheter leurs cadeaux de Noël… des achats qui auraient donc probablement été réalisés, avec ou sans l’incitation du Black Friday ».
A qui profite donc cette course effrénée aux prix cassés ? A très peu de monde en fait, si ce n’est à quelques mastodontes du e-commerce et certaines grandes enseignes de la mode ou de l’électroménager qui peuvent se permettre de rogner continuellement sur leur marges. Et encore ! Conforama, Tati, La Halle, Pimkie, Virgin, Gap, C&A… La liste des enseignes en difficulté financières, quand elles ne doivent pas se résoudre à tirer définitivement le rideau, s’allongent d’année en année.
Lire aussi : Commerce : l’alimentaire et l’équipement de la maison cartonnent, la librairie et la mode en chute libre
Que dire alors de l’impact pour les commerçants indépendants, qui sont de facto les premières victimes de ce “modèle” économique au rabais. Et notamment dans le secteur de la mode, très friand des promotions. Alors même que leur trésorerie a été mise à rude épreuve par des mobilisations sociales sans fins ces derniers mois, nombre d’entre eux attendent avec impatience les achats de Noël pour relancer l’activité. A moins qu’ils ne se fassent couper l’herbe sous le pied par un nouvel événement commercial qui tombe opportunément à la fin du mois de novembre…
Comment sortir alors de ce cercle vicieux ? En résistant tout d’abord, encore et toujours, et cela passe notamment par sensibiliser le consommateur comme le font les entreprises réunies dans les collectif Green Friday ou « Make Friday Green Again ». Mais surtout en proposant une offre différenciante, qui ne pourra de facto pas se retrouver à prix barrés sur le premier site e-commerce venu. Là repose probablement l’avenir du commerce indépendant ! En attendant, vous pouvez aussi partager cet article, car l’information est le premier vecteur de la résistance et du changement.
Cet article vous a été offert !
Abonnez-vous et soutenez le média qui défend les commerçants indépendants.
Je m’abonne
Envoyez tous ces commentaires à Bruno Le Maire !! Et aussi , que font les associations de défense des commerçants ? Pourquoi ne sont ils pas entendus ?
Macron est à fond pour internet et les sites de vente en ligne qui détruisent tout le tissu économique et social.
Pardi ! Ce sont ses amis, ils sont côtés en bourse !
il y en a marre de toutes ces périodes de promotion, si ça continue beaucoup de commerces indépendants vont cesser leur activité et là ce sera encore plus de chômeurs, les clients ne regardent même plus les vitrines des boutiques dans les villages , ils vont sur Sarenza, Spartoo… et aprés ils me disent ” oh zut la même paire de chaussures on l’a payé plus cher sur internet” ou aprés ils se plaignent qu’il n’y a plus de commerces à la campagne et qu’il faut aller courir en ville pour acheter une bobine de fil, à qui la faute… Lire la suite »
Je confirme que toute ces opérations sont une catastrophe pour toute les boutiques et tout les commerçants .
Il est urgent de réglementer ou de supprimer ces promotions , ces opérations a longueur d’année .
Cela fait 29 ans que j exerce mon métier de vente , j’ai 50 ans aujourd’hui .
Arretons ce carnages .
Les periodes de soldes deux fois par an suffise ..
Voila réagissons ,il est URGENT URGENT URGENT
Le ministre des finance estime lui même que le black friday est une bonne opération pour les commerçants . Je regarde en vain le site des impôts ,des organismes sociaux mais je ne vois pas de black friday alors pourquoi ne pas l’inventer pour nos impôts, nos charges sociales , cela redonnerait de la marge à nos commerces et du pouvoir d’achat à nos clients.
En effet, dans ma boutique, un couple voulait du black friday pour avoir une réduction sur un article. C’était samedi dernier. J’ai d’abord dit qu’ici, c’était la France et que ma boutique n’était pas au Minessota. Ensuite, j’ai dit que sur le loyer, les paiements de charges sociales, les régulations de TVA, il n’y a pas de black Friday. Je me suis un peu énervé et ils ont acheté le produit au tarif auquel je le vendais. On se fait bouffer par les grosses enseignes, il nous faut maintenant supporter l’internet, ses merdes chinoises et ses prix délirants avec tous… Lire la suite »
ce genre d’événement ,fera à terme monter les prix de bases afin de pouvoir garder quelques marges. Mais pourquoi en France le black friday ne se limite pas à un seul jour comme aux USA . Cela a déjà commencé depuis plus de quinze jours et quelles sont les vraies remises . Si n augmente les prix pour les diminuer après ,pour faire plaisir au consommateur !. Arrêtons -tout ! Promotions,soldes et black friday. Les dates doivent êtres respectées pour tout ,et non ,chacun fait sa sauce ! et le client arrive et vous demande ou vous impose la remise… Lire la suite »
Les gros Mastodon ne savent plus travailler qu en enchaînant promotion sur promotion opération sur opération mais ils sont en train de s’essouffler Ils ont tué les soldes et ont le culot de se plaindre par ce qu’ils baissent leur chiffre d’affaires sur cette période Les élus commencent à revitaliser les centre-ville Le vent risque de tourner très vite les consommateurs vont finir par se lasser et fuir ce type de commercialisation
Comment voulez vous convaincre un député alors que le ministre des finance estime lui même que c’est une bonne opération pour les commerçants
N’oubliez pas que beaucoup vont démarrer la semaine qui suit les ventes privées
Donc on travaille désormais 4 mois dans l’année avec des marges normales
Résister on veut bien !! Quand la trésorerie peut elle même résister…. le consommateur mène la danse !… on ne peut pas continuellement jouer à l’irréductible petit gaulois sans conséquences.
encore une catastrophe de plus des soldes d été le 22 juin !!!!! d hiver le 8 janvier !!!! les mastodontes du e commerce avaient besoin de nous pourrir le marché de noel le seul qui nous permet de conforter nos marges y en a marre
Merci pour cet article , encore une vision très juste de l’actualité commerciale .
Complètement d’accord : dans la distribution chaussure , notre marge va encore effondrée.
Nous contactons les Députés afin d’interdire cette désastreuse opération.
La FDCF